Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Éclairage

Cheikh Jarrah bouillonne, Israël veille au grain

Nouvel accès de fièvre dans le quartier de Jérusalem-Est. Suite à l’incendie d’une maison juive, des colons israéliens ont installé une permanence au pied du domicile de la famille Salem, célébrant son expulsion qui doit avoir lieu entre le 1er mars et le 1er avril.

Cheikh Jarrah bouillonne, Israël veille au grain

Des manifestants palestiniens et des colons juifs s’affrontent dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, le 13 février 2022. Ammar Awad/Reuters

Elles voltigent dans l’air sous le ciel bleu de Jérusalem. Dimanche matin, dans le quartier de Cheikh Jarrah, au nord-est de la ville : colons juifs et résidents palestiniens se jettent au visage insultes et chaises en plastique. Sous l’œil fébrile des passants, le quartier s’enflamme à nouveau, neuf mois après l’escalade de mai dernier qui avait fait trembler l’exécutif israélien, alors dirigé par l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu. Deux jours plus tôt, un incident avait mis le feu aux poudres dans ce quartier hautement symbolique de la Ville sainte, devenu l’épicentre de la lutte palestinienne contre la colonisation. Vendredi, un incendie s’était déclaré dans la maison de Tal Yushuvayev, un colon juif. Les Palestiniens maintiennent qu’il s’agit d’un accident. Les militants sionistes, qui accusent un incendie d’origine criminelle, investissent les lieux dès le lendemain. Itamar Ben-Gvir, député et représentant de Pouvoir juif (Otzma Yehudit, parti anti-arabe d’extrême droite) installe sa permanence dans ce quartier convoité par les nationalistes israéliens, comme il l’avait fait en mai dernier. Depuis plusieurs années, les résidents juifs et leurs soutiens militent pour « judaïser » toute la partie est de la ville, où habitent actuellement 300 000 Palestiniens, pour 210 000 colons israéliens.

Lire aussi

Jérusalem-Est : heurts après la visite d'un député israélien, 31 blessés

Au fil de la journée de dimanche, la situation s’envenime. L’arrivée des militants sionistes est vécue comme une énième provocation, entre autres parce que leur tente a été plantée devant la maison de la famille Salem. Ces Palestiniens réfugiés de 1948 viennent de perdre leur bataille juridique pour conserver le logement qu’ils occupent depuis 1951. Cette expulsion, prévue entre mars et avril prochains, les colons la célèbrent en dansant et en chantant. Face aux agressions et aux actes de provocation des colons, la police israélienne tente de faire reculer les Palestiniens à coup de canons à eaux, de balles en caoutchouc et d’arrestations. « Les colons s’autorisent de plus en plus à être violents parce qu’ils savent que l’État israélien les protègera », explique Jalal Aboukhater, un habitant de Jérusalem de 27 ans qui vit dans le voisinage. Lundi au petit matin, 31 blessés sont recensés côté palestinien, tandis que 12 activistes (palestiniens et juifs) sont arrêtés.

Les nouvelles en provenance de Cheikh Jarrah ont déclenché une série de condamnations de la part des dirigeants palestiniens et des chancelleries étrangères. Sur son compte Twitter, le bureau de représentation de l’Union européenne dans les territoires palestiniens dénonçait des « provocations irresponsables ». Côté israélien, le gouvernement tire la sonnette d’alarme face à ce qui ressemble à une escalade violente aux airs de déjà-vu. Hier matin, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid dénonçait l’action du député d’extrême droite, un « triste provocateur » qu’il accuse de vouloir « mettre le feu aux poudres ». Mais alors qu’Itamar Ben-Gvir recevait lundi la visite de cadres du Likoud, l’opposition pourrait tenter d’exploiter la séquence afin de fragiliser la coalition au pouvoir depuis juin dernier, qui avait mis fin aux 12 années de règne de M. Netanyahu.

« Un été de revanche »

Le souvenir encore frais des événements du printemps dernier est dans tous les esprits. Début mai 2021, une vague de protestations en soutien aux habitants menacés d’expulsion avait débuté à Cheikh Jarrah, replaçant Jérusalem-Est au centre des revendications du mouvement national palestinien. « Aujourd’hui, les gens sont de nouveau en colère, il y a une répétition de ce sentiment que nous avons vu émerger l’année dernière », note Jalal Aboukhater.

Mais en 2021, l’indignation des habitants de Jérusalem-Est s’était rapidement propagée à l’ensemble des Palestiniens. Les affrontements avec la police, qui font des centaines de blessés, s’étendent à la Vieille ville, puis aux villes arabes du Jourdain à la Méditerranée – Ramallah, Lod, Ramleh, Nazareth, Jaffa … –, avant que le Hamas ne s’invite dans le jeu, le 10 mai, lançant une salve de roquettes inaugurant un conflit de onze jours avec l’armée israélienne.

Pour mémoire

Cheikh Jarrah ou l’histoire d’une interminable dépossession

Aujourd’hui, le mouvement de contestation, les affrontements et les violences sont pour l’instant limités à Cheikh Jarrah. Depuis plusieurs semaines, des militants de la gauche israélienne et des Palestiniens se retrouvent chaque vendredi après-midi devant la maison de la famille Salem, appelant les autorités à mettre fin aux évictions. La police israélienne, qui relève depuis juin dernier d’un ministère de la Sécurité publique dirigé par un travailliste, a pour l’instant fait preuve d’une relative retenue par rapport à l’année dernière. Mais la tension pourrait monter d’un cran lors de la prière du vendredi, si des restrictions étaient imposées à l’esplanade des Mosquées ou à la porte de Damas. Là-bas, aux alentours de la Vieille ville de Jérusalem, la tension ne retombe jamais complètement, même en période d’accalmie. Les forces de police y sont en permanence déployées, prêtes à quadriller la zone à tout moment.

À cela s’ajoute la détermination des autorités à éviter à tout prix une répétition du scénario de 2021. « La situation s’est beaucoup détériorée : après les événements du printemps dernier, nous avons eu le droit à un été de la revanche », déplore Jalal Aboukhater, pour qui la hausse des violences en vue d’enrayer un possible nouveau soulèvement a créé une « certaine apathie » au sein de la population. « La seule chose qui me donne encore de l’espoir, de manière assez cynique, c’est la brutalité croissante de l’État qui pousse le monde à reconnaître l’apartheid dans lequel nous vivons », poursuit ce dernier.

Des prisons israéliennes aux villes de Cisjordanie, les autorités ont d’autant plus de raisons de redouter que la situation leur échappe que le climat est devenu électrique au cours des derniers jours. Le week-end dernier, des détenus palestiniens ont décrété plusieurs « jours de colère », pour protester contre leurs conditions d’incarcération. Près de Jennine, un adolescent de 17 ans est mort dimanche dans des affrontements avec les forces de sécurité israéliennes. La semaine dernière, trois membres du Fateh avaient également été assassinés par l’armée israélienne, en pleine journée dans la ville de Naplouse.

À Gaza, où un porte-parole du Hamas a déclaré qu’Israël « jouait avec le feu », les événements de Cisjordanie et de Jérusalem sont suivis de près. Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis juin 2007, a mis en garde contre « les conséquences des attaques répétées contre le quartier de Cheikh Jarrah ». Mais le contexte d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier. Alors que Gaza est toujours en reconstruction suite aux bombardements de mai 2021 et que sa légitimité est contestée, le Hamas a plus à perdre qu’à gagner d’un nouveau cycle d’affrontements avec l’État hébreu.

Elles voltigent dans l’air sous le ciel bleu de Jérusalem. Dimanche matin, dans le quartier de Cheikh Jarrah, au nord-est de la ville : colons juifs et résidents palestiniens se jettent au visage insultes et chaises en plastique. Sous l’œil fébrile des passants, le quartier s’enflamme à nouveau, neuf mois après l’escalade de mai dernier qui avait fait trembler l’exécutif...

commentaires (2)

Judeland, Judeland über alles, über alles in der Welt, Wenn es stets zu Schutz und Trutze brüderlich zusammen hält, Von dem Nil bis an dem Euphrat, Von die Mittelmeer bis an der Persischen Golf Judeland, Judeland über alles, über alles in der Welt!

Gros Gnon

14 h 46, le 16 février 2022

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Judeland, Judeland über alles, über alles in der Welt, Wenn es stets zu Schutz und Trutze brüderlich zusammen hält, Von dem Nil bis an dem Euphrat, Von die Mittelmeer bis an der Persischen Golf Judeland, Judeland über alles, über alles in der Welt!

    Gros Gnon

    14 h 46, le 16 février 2022

  • L,APARTHEID A SON SUMMUM...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 18, le 16 février 2022

Retour en haut