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Moyen-Orient - Défense

Les drones armés artisanaux des houthis, une vraie menace pour les Émirats

Les drones armés artisanaux des houthis, une vraie menace pour les Émirats

Une capture d'écran d'une vidéo publiée le 7 juillet 2019 par les rebelles houthis, montrant leur arsenal de drones. Photo Al-Houthi Group Media Office/HO/AFP

Des drones armés confectionnés de manière artisanale mais capables de parcourir des centaines de kilomètres : les Émirats arabes unis font face à une menace inédite après avoir été frappés par des attaques des rebelles houthis du Yémen.

Ces armes rudimentaires, utilisant des pièces en vente libre, ont été utilisées lors de deux attaques, dont l’une meurtrière, contre le riche État du Golfe, membre d’une coalition militaire dirigée par Riyad.

Cette dernière intervient depuis 2015 au Yémen, pays ravagé par la guerre et par une grave crise humanitaire, pour appuyer le gouvernement yéménite contre les rebelles, proches eux de l’Iran.

Une attaque de drones et de missiles contre Abou Dhabi avait fait trois morts le 17 janvier, suivie lundi par deux tirs de missiles balistiques, interceptés par les forces américaines basées dans la capitale émiratie.

Les rebelles, qui ont récemment connu une série de revers au Yémen où ils ont perdu du terrain face à une force formée par les Émirats, ont affirmé avoir aussi utilisé des drones dans l’attaque de lundi.

Facilement accessibles

Leurs armes, fabriquées sur place avec peu de moyens, font pâle figure face aux systèmes de défense antimissile de plusieurs milliards de dollars d’Abou Dhabi, les Émirats figurant parmi les premiers importateurs de matériel militaire au monde.

Selon les rebelles et les analystes, leurs drones Samad-3 ont une portée d’environ 1 500 kilomètres, soit la distance entre Abou Dhabi et Sanaa, la capitale du Yémen contrôlée depuis 2014 par les houthis.

Jusqu’à récemment, ces derniers prenaient pour cible l’Arabie saoudite, pays frontalier du Yémen, faisant des victimes parmi les civils et endommageant des infrastructures, notamment des installations pétrolières et des aéroports.

« Les Émiratis et les Saoudiens ont du mal à repousser ces attaques », observe James Rogers, spécialiste des questions de défense et chercheur associé à la London School of Economics. « Les attaques de drones et de missiles sont connues pour être difficiles à contrer, en particulier lorsque plusieurs armes sont envoyées en même temps », explique-t-il. Les houthis utilisent des drones et des missiles de moyenne portée volant « à basse altitude et à faible vitesse, difficiles à détecter pour les radars conventionnels », ajoute-t-il.

Cette stratégie efficace et peu coûteuse est également adoptée par le mouvement palestinien Hamas, qui tire depuis la bande de Gaza sur Israël, ainsi que par des combattants chiites visant les forces américaines en Irak.

Des drones sont aussi utilisés par les armées conventionnelles, notamment par les Américains lors de l’assassinat du général Kassem Soleimani, haut commandant iranien, en Irak en 2020.

L’Arabie saoudite et les États-Unis accusent l’Iran de fournir des drones, des missiles et d’autres armes aux houthis, ce que Téhéran dément. Les rebelles yéménites, eux, assurent qu’ils fabriquent les drones localement, mais les composants sont iraniens, affirment les analystes.

Selon James Rogers, qui a inspecté des drones rebelles saisis, « beaucoup d’entre eux étaient des reproductions locales de systèmes militaires étatiques, similaires à ceux fabriqués par l’Iran ». Ce matériel est complété par des moteurs, des câbles, des caméras et des systèmes de contrôle « facilement accessibles », ce qui rend les rebelles plus autonomes, a ajouté le chercheur.

Systèmes anciens

Le Samad-3, le drone le plus avancé des houthis, peut être équipé de 18 kilogrammes d’explosifs, selon des analystes ainsi que des médias tenus par les rebelles. Ces drones utilisent un GPS et « volent de manière autonome le long de points de repère préprogrammés », expliquent les experts du centre de réflexion Center for Strategic and International Studies (CSIS), basé à Washington, dans un rapport publié en 2020.

Les Émirats ont signé en 2011 un contrat de plusieurs milliards de dollars pour le système de protection antimissile Thaad (Theater High Altitude Area Defense) fourni par la société américaine Lockheed Martin.

La semaine dernière, Abou Dhabi a également signé un contrat de défense antimissile de 3,5 milliards de dollars avec une entreprise sud-coréenne.

Quant à l’Arabie saoudite, son système de défense antimissile Patriot, de fabrication américaine, a un bilan mitigé en termes d’interception des tirs en provenance du Yémen. Selon les experts, ce système n’est pas principalement conçu pour repousser les drones volant à basse altitude. Par ailleurs, Riyad possède 80 radars de défense aérienne autonomes, mais beaucoup d’entre eux sont anciens.

Haro CHAKMAKJIAN/AFP

Des drones armés confectionnés de manière artisanale mais capables de parcourir des centaines de kilomètres : les Émirats arabes unis font face à une menace inédite après avoir été frappés par des attaques des rebelles houthis du Yémen.Ces armes rudimentaires, utilisant des pièces en vente libre, ont été utilisées lors de deux attaques, dont l’une meurtrière, contre le...

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