
Une trentaine de femmes ont campé pendant deux semaines devant le consulat honoraire du Kenya à Badaro. Photo Zeina Antonios
Trois employées de maison kényanes, qui faisaient partie d’un groupe d’une trentaine de femmes installées devant le consulat honoraire du Kenya à Badaro depuis le début du mois, ont finalement pu rentrer chez elles la semaine dernière. Cinq autres Kényanes devraient prendre l’avion cette semaine en direction de leur pays, selon des informations fournies à L’Orient-Le Jour par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le rapatriement de ces travailleuses migrantes a eu lieu après de multiples tractations menées par l’OIM et plusieurs autres ONG auprès des autorités libanaises et du consulat honoraire du Kenya. Ces femmes s’étaient retrouvées à la rue en ce début d’année glacial, certaines sans papiers – leurs employeurs les ayant saisis à leur arrivée –, soit parce qu’elles avaient fui de chez ces derniers après avoir été maltraitées, soit parce qu’elles avaient été tout simplement abandonnées par eux, au motif qu’ils n’avaient plus les moyens de les payer en raison de la crise économique (voir L’OLJ du 17 janvier). « Au départ, ce sont 19 employées qui auraient dû voyager, mais 14 d’entre elles ont été testées positives au Covid-19. Nous avons donc dû reporter leur voyage, mais elles rentreront chez elles une fois qu’elles seront guéries, indique une source autorisée de l’OIM. Nous avons également été contactés par 69 autres Kényanes qui demandent à être rapatriées. Nous coordonnons avec les autorités libanaises et kényanes pour décider comment leur venir en aide ». L’OIM révèle par ailleurs qu’un représentant consulaire de l’ambassade du Kenya au Koweït (qui couvre également le Liban, le Kenya n’ayant pas d’ambassade à Beyrouth) est venu au Liban la semaine dernière pour aider les employées qui n’ont pas de documents de voyage à en obtenir.Le mouvement antiracisme (ARM), qui travaille en étroite liaison avec les migrantes kényanes, révèle pour sa part que ces dernières ont finalement été logées dans un appartement, après avoir dormi sous la pluie pendant des semaines. « C’est grâce à l’émissaire consulaire venu du Koweït que ces femmes ont finalement été emmenées dans un appartement à Furn el-Chebbak », révèle Farah Baba, chargée de communication et du plaidoyer au sein d’ARM. Le consul honoraire, lui, n’était pas disponible hier pour fournir plus d’informations à ce sujet.
Le contrat unifié pour bientôt ?
Contactée par L’OLJ, Claudine Aoun, présidente de la Commission nationale de la femme libanaise, qui a suivi l’affaire des Kényanes et accompagné quelques unes d’entre elles à l’aéroport lors de leur rapatriement la semaine dernière, appelle cependant à ne pas oublier que certaines ont des déboires avec la justice, ce qui complique l’affaire. La Sûreté générale, sollicitée par L’OLJ, n’a pas donné de réponse concernant l’affaire des Kényanes. Si le calvaire de ces employées de maison semble en voie de résolution, leur rapatriement prochain ne règle pas pour autant les multiples problèmes liés au système de la « kafala », ce système qui n’autorise ces femmes à travailler au Liban que par le biais d’un garant. Sur ce point, Mme Aoun assure travailler à la mise en place d’un contrat unifié pour les employées de maison. « La Commission nationale de la femme libanaise s’est réunie avec le syndicat des bureaux de recrutement des employées de maison. Concernant le contrat unifié, nous fournirons nos remarques au ministère du Travail », indique Mme Aoun. Elle estime par ailleurs que le système de la kafala reste « utile, mais mal appliqué ». « Il est nécessaire de le réformer de manière, par exemple, à ne pas autoriser la confiscation du passeport des employées », souligne la présidente de la Commission nationale de la femme libanaise.
L’OIM, elle, appelle à l’abolition totale de la kafala, un système qu’elle accuse de « favoriser les abus ». « Le système de la kafala exacerbe la vulnérabilité des migrants face aux abus et à l’exploitation, y compris la traite des êtres humains, indique cet organisme onusien à L’OLJ. Il faut des réformes politiques et législatives pour réduire le risque d’exploitation des migrants, notamment la mise en œuvre du contrat unifié, l’abolition de la kafala, le renforcement des politiques de recrutement pour prévenir les pratiques frauduleuses et l’inclusion des travailleurs domestiques dans la protection offerte par le code du travail. » L’OIM appelle par ailleurs à fournir « aux migrants qui ont survécu à la violence et à l’exploitation, une assistance juridique, un logement sûr, une assistance médicale et psychosociale, une aide au retour assisté et un soutien à la réintégration ».
commentaires (2)
Pour une fois qu’elle dit quelque chose de sensé ? 90% de ces filles ne veulent PAS quitter le Liban et sont là pour appuyer les 10% qui veulent quitter alors qu’elles sont REVENUES par leur propres moyens à travers des bureaux sachant la situation actuelle du pays!! Plusieurs ne sont même pas Kenyanes mais viennent du Nigeria et autres pays d’Afrique! Plusieurs associations dont Caritas les logent pour la nuit au chaud avec nourritures et autre mais elles prennent la fuite en pleine nuit! Ces filles encaissent des sous des gens qui ont pitié d’elles et en font un business ? Elles ont la plupart des boulots journaliers en plus! Je connais les détails de ses filles ayant eu plusieurs employées adorables et honnêtes du Kenya.
T Myriam
22 h 29, le 27 janvier 2022