Plusieurs responsables libanais ont condamné lundi l'explosion de camions-citernes qui a fait trois morts à Abou Dhabi, probablement à la suite d'une attaque de drone. Si le Premier ministre, Nagib Mikati, a déploré "une attaque" et "une agression" contre les Émirats arabes unis, l'ancien Premier ministre, Saad Hariri, ainsi que le chef des Forces Libanaises (FL), Samir Geagea, ont tenu l'Iran responsable de cette explosion et pointé du doigt les rebelles yéménites houthis.
Selon les autorités émiraties, une explosion de camions-citernes a eu lieu "près des réservoirs de stockage d'ADNOC", la compagnie pétrolière d'Abou Dhabi, faisant trois morts dans la capitale et six blessés. Un "incendie mineur" s'est par ailleurs déclenché dans "la nouvelle zone de construction de l'aéroport international d'Abou Dhabi", sans toutefois faire de victimes. L'explosion et l'incendie ont "probablement" été causés par des "drones", des "objets volants" étant "tombés" sur les lieux touchés, a précisé l'agence officielle WAM, en citant la police d'Abou Dhabi, qui a lancé une "vaste enquête". De leur côté, les rebelles houthis ont indiqué qu'ils feraient une "annonce importante" dans les prochaines heures au sujet d'une "opération militaire d'envergure aux Emirats arabes unis", selon un tweet de leur porte-parole militaire, Yahya Saree. Réagissant à l'explosion, les Emirats ont menacé, en début de soirée, de "riposter" à l'attaque meurtrière perpétrée à Abou Dhabi qu'ils ont attribuée aux rebelles yéménites houthis. Ces derniers ont revendiqué l'attaque en fin de soirée.
"Menace à la stabilité des Emirats"
Dans un communiqué, le chef du gouvernement Nagib Mikati a condamné en fin d'après-midi "l'attaque qui a visé l'aéroport d'Abou Dhabi aux Emirats arabes unis, fait nombre de morts et de blessés et causé des incendies". Il a également déploré une "agression qui s’inscrit dans un contexte de menace à la sécurité et à la stabilité des Emirats et dans le cadre d’un plan visant à semer la confusion et à émettre des messages sanglants qui n'ont jamais constitué la solution à tout litige".
Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères a condamné "l'attaque contre l'Emirat d'Abou Dhabi" et affiché "sa solidarité avec les Emirats arabes unis, leur peuple et leur gouvernement face à toute agression contre leur souveraineté, leur sécurité et leur stabilité".
Réagissant à l'explosion qui a touché la capitale émiratie, le ministre de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a pour sa part estimé que la "détermination" des Emirats ne peut être "ébranlée" par une partie "hostile".
"Agression" due à des "drones iraniens"
De son côté, l'ancien Premier ministre Saad Hariri s'est montré plus virulent, n'hésitant pas à pointer du doigt l'Iran comme étant responsable de l'explosion. "Lorsque les milices des houthis vont loin dans leurs agressions pour cibler les Émirats arabes unis, cela confirme que les ordres d’agression vont au-delà de ces milices et de leurs dirigeants locaux et que la source de la discorde, du chaos et du vandalisme, est un Etat qui instille le mal aux pays arabes et leurs peuples", a estimé M. Hariri. "Ce sont des drones iraniens qui ont visé la capitale émiratie et ont mené une agression envers la sécurité et le succès (des pays) arabes", a-t-il accusé. Dans une pique virulente à Téhéran, Saad Hariri a qualifié l'Iran d'"Etat en déroute qui veut que les pays de la région soient à son image et qui recourt à des moyens de vandalisme locaux pour frapper les communautés arabes et attiser la discorde parmi leurs peuples". Condamnant fermement cette agression, le leader du Courant du Futur a enfin "appelé à une prise de position arabe qui protégera le Golfe, sa sécurité et son peuple et arrêtera l’expansion iranienne dans nos pays et nos sociétés".
L'ex-Premier ministre Tammam Salam a également condamné "l'agression contre l'aéroport d'Abou Dhabi" qu'il a qualifiée d'"acte lâche".
"Ciblage houthi"
Plus tôt dans l'après-midi, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, s'en est lui aussi pris de manière virulente à Téhéran, condamnant "un ciblage houthi contre les Emirats arabes unis". "Je condamne fermement le ciblage houthi des Emirats arabes unis et les agressions quotidiennes contre l'Arabie saoudite dans le cadre d'une escalade militaire extérieure à la frontière du Yémen qui vise les pays avoisinants et qui doit être immédiatement arrêtée parce qu'elle menace la stabilité régionale", a écrit M. Geagea sur Twitter. Selon lui, "ce qui se passe au Yémen est une guerre menée par Téhéran à travers les houthis, dans une tentative continue de saper la légitimité yéménite et le choix des Yéménites en faveur d'un Etat, de la stabilité, de la Constitution et de la souveraineté". Le leader des FL a ensuite accusé les houthis yéménites de commettre des "actes voyous" contre l'Arabie saoudite et les Emirats. "La communauté internationale est appelée à mettre un terme rapide et définitif à l’instabilité qui perdure dans la région, aux ciblages répréhensibles et inacceptables contre l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, et à mettre fin à l’insurrection qui se poursuit au Yémen contre la légitimité existante", a enfin plaidé M. Geagea.
Pour sa part, le député démissionnaire Marwan Hamadé a condamné une "expansion de l'agression iranienne" qui "avait touché l'Arabie saoudite et qui s'étend, à travers l'organisation terroriste des houthis au Yémen et ceux qui soutiennent le Hezbollah au Liban, aux Emirats arabes unis".
commentaires (5)
L’Iran est dans une pauvreté extrême, le proverbe qui dit « qu’il balaye devant sa porte avant tout «
Eleni Caridopoulou
13 h 56, le 18 janvier 2022