Le mouvement chiite Amal du président du Parlement libanais, Nabih Berry, a renouvelé lundi ses attaques verbales contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur la double explosion meurtrière survenue en août 2020 au port de Beyrouth, estimant qu'il "n'est plus habilité" à poursuivre l'instruction, politise cette enquête et règle des comptes politiques.
Cette nouvelle charge intervient deux jours après la décision prise par Amal et le Hezbollah de revenir à la table du gouvernement après trois mois de blocage, avec en toile de fond, l'affaire Bitar.
"Nous réaffirmons que l'action du juge Tarek Bitar est déviante", affirme un communiqué publié à l'issue de la réunion hebdomadaire du bureau politique d'Amal. Selon lui, "l'opinion publique est désormais certaine de la partialité (du magistrat) et de son travail politisé, mené à la faveur d'un agenda préétabli afin de régler des comptes, et de tenter d'empiéter sur les prérogatives du Parlement".
"Nous ne pouvons pas tolérer cela, en dépit de tous les efforts des chambres noires qui manipulent le juge, devenu un fardeau lourd pour le dossier", ajoute le texte. "Le juge a oublié l'enquête qui doit dévoiler l'identité des criminels, et s'est lancé dans des procès politiques. Il a outrepassé la Constitution. Il n'est donc plus habilité légalement à poursuivre son travail", estime ce mouvement.
Dans le cadre de l'investigation, le magistrat poursuit plusieurs responsables politiques de tous bords, issus notamment d'Amal, dont le bras droit de M. Berry, Ali Hassan Khalil. Clairement irrité par l'action du juge, le tandem chiite, en particulier le Hezbollah, cherche à s'en débarrasser, alors qu'Amal disait jusque-là se contenter de lui prendre le volet politique de l'affaire. Le duo chiite a même bloqué le gouvernement pendant trois mois pour le pousser à limoger M. Bitar, avant de mettre fin à son boycottage samedi.
A la suite de cette décision, le mouvement de M. Berri a exhorté le gouvernement à présenter des propositions de travail pour résoudre la crise économique, à la lumière du plan de redressement économique. Dans le communiqué détaillant les motifs de leur décision de revenir en Conseil des ministres, les deux alliés chiites avaient clairement fait savoir que les ministres qui leur sont alliés étaient prêts à participer à toutes les réunions gouvernementales consacrées à l'approbation du projet de budget et aux discussions sur le plan de redressement économique, ainsi qu'à d'autres questions à caractère social.
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