Depuis le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah le 3 janvier, la confrontation est désormais directe entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah. C’était d’ailleurs la première fois que Hassan Nasrallah attaquait aussi clairement les dirigeants saoudiens, faisant fi des déclarations répétées des dirigeants libanais sur leur intention d’avoir les meilleures relations avec les monarchies du Golfe et en particulier avec l’Arabie saoudite.
Officiellement, les propos inhabituels de Hassan Nasrallah qui avait accusé le royaume d’être un État « terroriste » étaient une réponse à une récente déclaration du roi Salmane qui dénonçait une fois de plus la mainmise du parti chiite « terroriste » sur l’État libanais. Toutefois, des sources proches du Hezbollah affirment que ces propos tenus par le roi Salmane n’étaient que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En réalité, le Hezbollah aurait commencé depuis quelques mois, et plus particulièrement depuis les incidents de Tayouné en octobre dernier (quand des partisans du tandem chiite Hezbollah-Amal ont affronté des proches des Forces libanaises), à procéder à une évaluation de la situation générale du pays à la veille des élections législatives. Toujours selon les mêmes sources, le Hezbollah aurait ainsi suivi attentivement la procédure judiciaire qui a suivi les incidents de Tayouné et abouti à la relaxe de la plupart des personnes proches des FL arrêtées dans le cadre de l’enquête. Il a aussi établi le lien entre ces incidents et ceux qui les ont précédés à Khaldé (lorsque des affrontements l’ont opposé en août à des tribus arabes sunnites) et à Chouaya (où des habitants du village druze ont intercepté, en août aussi, un camion transportant un lance-roquettes utilisé par le parti pour cibler Israël). Pour le Hezbollah, tous ces développements successifs pourraient s’inscrire dans un plan visant à l’isoler et à faire monter la grogne populaire contre lui à la veille du scrutin législatif. Mais c’est surtout le rapprochement déclaré entre les FL et des figures sunnites qui a attiré son attention, le convainquant de plus en plus qu’il s’agit d’un plan global dirigé contre lui. Ce plan, selon les sources précitées, peut revêtir différents aspects, allant des incidents sécuritaires aux démarches politiques et diplomatiques, dans le but non seulement de lui faire perdre la majorité parlementaire obtenue en principe lors des élections de 2018 (mais qui n’a jamais réellement fonctionné comme telle en raison des conflits incessants entre d’un côté le Courant patriotique libre et de l’autre Amal et le courant des Marada), mais aussi de lui retirer toute légitimité populaire auprès de sa propre base et auprès des autres composantes du pays.
C’est d’ailleurs là une des raisons essentielles pour lesquelles le Hezbollah suit attentivement les développements sur les scènes chrétienne et sunnite.
Sur la scène chrétienne, le fait que le chef des FL Samir Geagea soit désormais le principal allié des dirigeants saoudiens au Liban ne peut pas être considéré par le Hezbollah comme un développement bénin et sans importance. Surtout après les incidents de Tayouné, dans lesquels le Hezbollah se considère comme une victime, puisque trois des siens ont été tués, alors que les FL lui en font assumer la responsabilité. De plus, demandent les sources proches du Hezbollah, si le tandem chiite devait assumer une partie des responsabilités dans ces affrontements, pourquoi les FL évitent-elles de pointer du doigt le mouvement Amal, d’autant que tous les témoignages montrent que la plus grande partie des manifestants appartenaient à la formation de Nabih Berry ? Pour le Hezbollah, cet épisode marquait le début du vaste plan dirigé contre lui et destiné à intensifier la campagne contre lui jusqu’à l’échéance électorale pour peser sur le vote des électeurs.
Les Forces libanaises seraient, dans le cadre de ce plan, appelées à mener les élections en position de force, non seulement sur la scène chrétienne, mais aussi sur la scène sunnite. C’est ainsi qu’un mouvement de rapprochement entre le parti de Samir Geagea et certaines formations ou personnalités sunnites se précise de plus en plus et consiste à fédérer toutes ces composantes contre le Hezbollah. Selon les sources proches de la formation chiite, ce rapprochement aurait été initié à la demande pressante des Saoudiens qui auraient pratiquement poussé les différentes composantes sunnites à s’allier aux FL. D’ailleurs, toujours dans ce même contexte, le fait que l’ambassadeur saoudien au Liban Walid Boukhari ait consacré sa dernière visite, la veille de son départ de Beyrouth, à Meerab, avec une couverture médiatique, est un message clair de la part des autorités saoudiennes sur l’étendue de leurs relations avec les FL.
Tous ces éléments poussent le Hezbollah à affirmer sa conviction que les Saoudiens sont passés à l’offensive directe contre lui au Liban et qu’ils sont décidés à utiliser tous les moyens disponibles dans cette confrontation. C’est pourquoi, toujours selon les sources précitées, le Hezbollah a décidé de passer à la vitesse supérieure et de ne plus ménager les autorités saoudiennes, même si cela devait déranger les responsables libanais, conformément à la logique : pourquoi attaquer les exécutants au Liban plutôt que d’aller vers ceux qui en sont les instigateurs ? Pour le Hezbollah, l’heure ne serait donc plus aux subtilités diplomatiques vu que l’autre partie est déterminée à exécuter son plan. Mais en même temps, le parti chiite selon ses proches cherche à rester dans une attitude de défense, non d’attaque. C’est ainsi qu’il faudrait interpréter les propos du président du conseil exécutif du parti, Hachem Safieddine, dans le cadre de la rencontre de solidarité avec l’opposition saoudienne, qui s’est tenue pour la première fois en public mercredi dans la banlieue sud. Dans son discours, Safieddine a déclaré que le Hezbollah ripostera à toute attaque. Autrement dit, ce n’est pas lui qui déclenchera les hostilités.
Depuis le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah le 3 janvier, la confrontation est désormais directe entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah. C’était d’ailleurs la première fois que Hassan Nasrallah attaquait aussi clairement les dirigeants saoudiens, faisant fi des déclarations répétées des dirigeants libanais sur leur intention d’avoir les meilleures relations...
commentaires (5)
Il y a de la joie en Israël et vive l’ Iran et le Hezbollah, ha haha ?
Eleni Caridopoulou
00 h 19, le 16 janvier 2022