
Ibrahim Hoteit, frère d'une des victimes de l'explosion dans le port de Beyrouth. Capture d'écran
Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) Souheil Abboud a reçu hier l’ancien porte-parole des familles de victimes de la double explosion au port de Beyrouth, Ibrahim Hoteit, qui a renouvelé ses critiques à l’encontre du juge Tarek Bitar, en charge de l’instruction sur le drame du 4 août 2020 et annoncé qu’il comptait prochainement présenter une demande de dessaisissement du magistrat de ce dossier.
Les proches des victimes de la déflagration se sont scindés en deux groupes à la mi-octobre après que M. Hoteit, qui défendait jusque-là les procédures menées par le juge Bitar, a réclamé son dessaisissement, dans une volte-face que certains estiment avoir eu lieu sous la menace du tandem chiite Amal-Hezbollah. Depuis, un groupe s’est rallié à lui, alors que la majorité des familles continuent de soutenir M. Bitar. Le tandem chiite accuse le juge de politiser le dossier, surtout depuis qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre le député Ali Hassan Khalil, bras droit du chef du mouvement Amal Nabih Berry. Et ce sont les ministres chiites du cabinet qui refusent de participer à toute réunion gouvernementale tant qu’aucune décision n’est prise pour écarter le magistrat, au moins du volet politique de l’affaire. À l’issue de sa réunion avec le président du CSM, M. Hoteit, qui conduisait une délégation de proches des victimes, a dénoncé la « politique clientéliste inacceptable » du juge Bitar. « Pourquoi ignore-t-il sciemment des responsables politiques et militaires qui étaient au courant de la présence du nitrate d’ammonium dans le port et ne les convoque-t-il pas ? » a-t-il dit. La déflagration au port a été provoquée par un incendie dans un hangar contenant des centaines de tonnes de ce produit chimique stockées depuis 2014 au vu et au su de nombreux dirigeants et responsables administratifs. « Avec les autres membres de notre groupe, nous sommes sur le point de présenter une demande de dessaisissement du juge Bitar », a annoncé M. Hoteit, qui a perdu son frère dans la double explosion, estimant qu’une mise à l’écart du magistrat « permettrait d’arriver à la vérité ». Il a aussi rejeté la « diabolisation » du nouveau comité qu’il a fondé après avoir désavoué M. Bitar.
L’enquête de Tarek Bitar continue d’être entravée par les nombreux recours présentés par les dirigeants contre lesquels il a engagé des poursuites. De plus, le récent départ à la retraite d’un membre de l’assemblée plénière de la Cour de cassation a fait perdre à cette instance le quorum requis pour la tenue de ses réunions, alors que celle-ci est compétente pour statuer sur les actions en responsabilité de l’État contre « les fautes lourdes » des magistrats. L’assemblée plénière ne peut plus désormais se pencher sur de tels recours, dont le dernier en date a été présenté le 3 décembre par l’ancien ministre des Travaux publics Youssef Fenianos, lui aussi objet d’un mandat d’arrêt par contumace. Entre-temps, l’enquête est donc gelée sur les volets concernant les plaignants ayant introduit ces recours.
Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) Souheil Abboud a reçu hier l’ancien porte-parole des familles de victimes de la double explosion au port de Beyrouth, Ibrahim Hoteit, qui a renouvelé ses critiques à l’encontre du juge Tarek Bitar, en charge de l’instruction sur le drame du 4 août 2020 et annoncé qu’il comptait prochainement présenter une demande de...
commentaires (7)
Il faudrait definitivement classer le Liban , en Etat VOYOU, et, FAILLI !
LeRougeEtLeNoir
10 h 25, le 18 janvier 2022