Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a estimé dans un entretien à la presse koweïtienne publié dimanche que la démission du ministre Georges Cordahi, dont des déclarations avaient provoqué une crise diplomatique entre Beyrouth et plusieurs monarchies du Golfe, "porte un grand coup au Hezbollah mais ne résoudra pas" cette crise.
Plus d'un mois après la diffusion de ses propos hostiles à la guerre au Yémen et à l'implication de pays du Golfe dans la coalition menée par l'Arabie saoudite, M. Cordahi avait annoncé vendredi sa démission. Cette décision semble avoir ouvert la voie à un relâchement des tensions, matérialisé dans l'annonce d'une "initiative" franco-saoudienne pour aider le Liban annoncée lors d'une visite dans le royaume saoudien du président français Emmanuel Macron.
"La démission de Georges Cordahi porte un grand coup au Hezbollah, mais elle ne résoudra pas la crise. Elle permet plutôt d'entamer un dialogue franc et direct pour amener du changement dans les politiques libanaises", a souligné le leader chrétien dans une interview au journal al-Jarida. Le Hezbollah pro-iranien soutenait le ministre de l'Information dans son refus de démissionner. "La crise avec les pays du Golfe va bien au-delà de M. Cordahi et elle est liée au Hezbollah, sa politique, ses interventions sur de nombreux terrains arabes et son contrôle de l’État libanais", a-t-il ajouté. Dans plusieurs entretiens suivant la décision de Riyad de couper les ponts diplomatiques et commerciaux avec le Liban, le ministre saoudien des Affaires étrangères avait confirmé que la mainmise du parti chiite était au cœur de cette crise.
Pour Samir Geagea, résoudre les tensions avec le Golfe "nécessite un grand changement" dans la politique du parti dirigé par Hassan Nasrallah, notamment en rendant les armes et en changeant de "politique étrangère". Le Hezbollah intervient aux côtés du régime syrien dans la guerre en Syrie et il est accusé de soutenir les rebelles yéménites houthis. Et le chef des FL d'accuser le Hezbollah et le "projet iranien" d'avoir provoqué "les crises successives et l'effondrement" du Liban.
Il a dans ce cadre souligné qu'un "mouvement d'opposition chiite" pourrait prendre de l'ampleur dans le pays, en amont des futures législatives du printemps 2022, "si les pays du Golfe poursuivent leurs mesures d'escalade" vis-à-vis du Liban.
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