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Culture - Exposition

La « Méditerranée » de Joan Ill, tout en correspondances secrètes...

Les œuvres de cet artiste catalan, présentées sur les cimaises de la galerie Tanit à Mar Mikhaël, recèlent de mystérieux secrets de fabrication. Extrêmement sobres, elles exhalent néanmoins une certaine aura imprégnée de transcendance.

La « Méditerranée » de Joan Ill, tout en correspondances secrètes...

Joan Ill explore depuis quelques années « l’extension des limites de l’art pictural ». Photo DR

Il faut prendre le temps de regarder ces toiles qui, au premier coup d’œil, semblent d’un épurement excessif. Plonger son regard dans ce qui ressemble parfois, étrangement, à une simple impression photographique sur voile de gaze, et d’autres fois à un tableau retourné : face contre le mur et dos offert aux yeux des spectateurs… Examiner attentivement les transparences et les illusions d’optique – celles notamment de la profondeur et des perspectives – qui parsèment les paysages de la Méditerranée, thème de l’exposition de Joan Ill à la galerie Tanit de Beyrouth*.

Accrochées aux cimaises de l’espace en béton brut de Mar Mikhaël, les œuvres de cet artiste catalan ont le don de surprendre. Et de bousculer les idées reçues sur la peinture, la photographie, la représentation d’un panorama méditerranéen ou encore les modes de fabrication d’une œuvre picturale…

Vous ne retrouverez dans cette série ni ciel bleu ni couleurs chatoyantes et ensoleillées. Mais des amorces de tonalités grises, sourdes, posées par touches sur un fond éthéré ou simplement neutre.

Énigmatiques et poétiques

Ces pièces tout en retenue expressive ont, paradoxalement, le don de poétiser le banal ; de faire émerger d’un paysage côtier mille fois rabâché un sentiment subtil de transcendance; d’évoquer avec une absolue contemporanéité du vocabulaire artistique ce qu’il y a d’immémorial dans la relation de l’homme à la nature.

Avec une économie de moyens et des matériaux sobres – bois, toile de lin et pigments, qui font penser à une sorte d’arte povera en plus sophistiqué–, Joan Ill dit explorer depuis quelques années « l’extension des limites de l’art pictural ». De sa pratique qui combine les langages photographique et pictural, le travail manuel avec la technologie, se profile une quête obsessionnelle de la transparence. Laquelle le porte, le plus souvent, à détourner les supports et les outils caractéristiques de la peinture traditionnelle pour obtenir des pièces hybrides et quasi tridimensionnelles où le cadre devient parfois partie intégrante de la peinture.

Si, dans la majorité des pièces exposées, les canevas laissent filtrer la lumière pour envelopper d’une aura vaporeuse et diffuse les silhouettes de cyprès ou de cactus peintes sur fond d’horizon côtier, dans d’autres, les dorures fondues sur la toile de lin dessinent, par elles-mêmes, les lézardes et les sillons évocateurs des peintures iconographiques.


« Méditerranée », digigraphie sur polyester, bois et pigments (165 cm x 235 cm ; 2018). Photo DR

De Barcelone à Beyrouth

Né en 1954, Joan Ill vit à Barcelone, « en front de mer », précise-t-il à L’OLJ. « C’est de cet horizon partagé qu’est née l’idée de cette exposition beyrouthine », ajoute-t-il. « Je connais le Liban pour y avoir participé à deux reprises à la Foire d’art de Beyrouth. Et dans ces moments durs que votre pays traverse, j’ai trouvé que cette série de mes œuvres exprimait ce qui unit, en filigrane, les deux côtés nord et sud de cette mer, pas toujours insouciante et ensoleillée, mais souvent pleine d’histoires de luttes, de guerres fratricides, de tragédies, de souffrances et de spiritualité », affirme l’artiste espagnol venu spécialement à Beyrouth pour le vernissage – qu’il a animé d’ailleurs de son jeu de saxophoniste, son autre talent.

Une série méditerranéenne qui entraîne en effet le visiteur de la galerie Tanit dans des univers à la fois coutumiers et énigmatiques, des espaces mentaux poétiques et intensément contemplatifs…

*« Méditerranée » de Joan Ill à la galerie Tanit, Mar Mikhaël, jusqu’au 30 janvier 2022.

Il faut prendre le temps de regarder ces toiles qui, au premier coup d’œil, semblent d’un épurement excessif. Plonger son regard dans ce qui ressemble parfois, étrangement, à une simple impression photographique sur voile de gaze, et d’autres fois à un tableau retourné : face contre le mur et dos offert aux yeux des spectateurs… Examiner attentivement les transparences et les...

commentaires (1)

Magnifique tableau Excellent article .. comme d’habitude!?? Merci Zena !

Noha Baz

01 h 26, le 26 novembre 2021

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Commentaires (1)

  • Magnifique tableau Excellent article .. comme d’habitude!?? Merci Zena !

    Noha Baz

    01 h 26, le 26 novembre 2021

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