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Société - Universités

À la LAU, des élections estudiantines minées par l’abstention

Avec un taux d’abstention de plus de 50 %, la campagne menée par le Hezbollah pour convaincre les étudiants de ne pas voter semble avoir porté ses fruits.


À la LAU, des élections estudiantines minées par l’abstention

Pour la septième année d'affilée, la LAU a adopté le vote électronique pour ses élections estudiantines. S.H.

C’est un paysage effrité qui émerge après les élections estudiantines organisées vendredi à la Lebanese American University (LAU). Sur le campus de Beyrouth, et selon les premiers résultats, les indépendants antisystème et le mouvement Amal arrivent ex-æquo avec 6 sièges chacun, laissant deux sièges aux Forces libanaises. À Jbeil, la formation de Samir Geagea rafle 10 des 15 sièges à pourvoir, laissant trois aux indépendants et deux au Courant patriotique libre (formation chrétienne chrétienne rivale, présidée par Gebran Bassil et fondée par Michel Aoun).

Mais avec un taux de participation de 49 %, c’est bien l’abstention qui semble avoir triomphé lors de ce scrutin. Le taux de participation est effectivement plus bas que l’année dernière, quand il était à 62 %, malgré le retour des cours en présentiel après deux ans de confinement pour contenir la pandémie de Covid-19.

Derrière ce rejet du scrutin, une campagne incitant les étudiants à s’abstenir. Pilotée par des militants proches du Hezbollah, la campagne, menée sur les réseaux sociaux et sur le campus, décrivait les élections comme n’étant qu’ « une pièce de théâtre ». Contacté, le responsable du parti de Dieu à la LAU, Afif Ahmad, a affirmé à L’OLJ que le Hezbollah boycottait les élections. « Nous nous opposons d’abord au mode du scrutin. Les étudiants qui votent depuis leur téléphone ou leur ordinateur, sans isoloir, peuvent facilement être soumis à des pressions. C’est un constat que LADE (une ONG qui milite pour des élections libres et transparentes au Liban, NDLR) partage avec nous. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à avoir voulu boycotter le scrutin », affirme-t-il. Dans un communiqué, le Parti socialiste progressiste (de Walid Joumblatt) avait également appelé ses étudiants à ne pas participer au scrutin. Le courant du Futur (de Saad Hariri) n’a, lui, pas présenté de candidats.Mais à la LAU, on balaie d’un revers de main la critique du vote électronique. « En permettant le vote électronique, nous donnons à nos étudiants la possibilité de participer depuis chez eux. À contrario, quand les étudiants doivent venir voter ici, ils peuvent être assujettis à des pressions et des intimidations. De plus, pour sécuriser au maximum le scrutin, lorsqu’un étudiant s’apprête à voter, il reçoit un mot de passe à usage unique sur son téléphone, qu’il doit renseigner afin de s’assurer que c’est bien lui qui vote », affirme Camille Abu Nasr, vice-président du département informatique à la LAU.

Toutefois, ce n’est pas la seule raison qui a poussé certains à snober le scrutin. Pour Afif Ahmad, le problème repose également dans les prérogatives du Conseil des étudiants. « Ce n’est qu’un Conseil cérémonial, sans aucun pouvoir réel. Quiconque sera élu ne pourra rien faire face à l’administration et son ambition de dollariser les frais de scolarité », explique le jeune militant.

Des propos que Nada Torbay, directrice des relations publiques à la LAU, n’approuve pas. « Écoutez, c’est normal que les étudiants ne puissent pas déterminer eux-mêmes les frais de scolarité, car ils n’ont pas conscience des pertes que l’université endure. Cela ne veut pas dire que le Conseil ne sert à rien. Les étudiants élisent des représentants qui expriment leurs frustrations auprès de l’administration, et cela pour les sujets en lien avec les aides financières, la vie dans le campus, les activités… » affirme-t-elle. « Au final, si certains appellent les étudiants à boycotter, c’est parce qu’ils ont peur de perdre », analyse-t-elle.

Une analyse qui rejoint celle de Karim Saleheddine, président du club laïc à la LAU. « Bien entendu, nous pensons qu’il faut renforcer les prérogatives du Conseil des étudiants, en lui donnant notamment la possibilité de surveiller le budget de l’université, surtout en ce qui concerne les aides financières. Mais cela ne veut pas dire que nous devions boycotter le processus électoral, puisque c’est la seule façon de nous faire entendre. ». D’ailleurs, les étudiants indépendants ayant remporté les élections en 2020 nient s’être tenus les bras croisés face à la hausse des frais des scolarité. « Nous avons aidé quelque 70 étudiants à porter plainte contre la direction, et ils ont obtenu une augmentation de l’aide financière qui leur est destinée », affirme un militant indépendant. « Si certains groupes proches des partis traditionnels ont appelé au boycott, c’est surtout pour délégitimer notre campagne », dit-il.

Solidarité confessionnelle
Une stratégie qui semble avoir réussi. En effet, si les indépendants avaient obtenu 14 sièges l’an passé, ils ne sont qu’à 9 aujourd’hui. Mais l’abstention n’est pas la seule raison pointée du doigt, à en croire un des candidats indépendants qui, sous le sceau de l’anonymat, évoque un manque de coordination entre les différents mouvements. « Il existe deux mouvements » antisystème « à la LAU: Le ‘LAU indépendants’, dont je suis membre, et le club laïc. Le premier est beaucoup moins idéologue que le second. Lorsqu’il a fallu présenter des candidats, le club laïc a essayé de s’imposer en monopole de l’opposition, en présentant jusqu’à trois candidats (sur trois sièges à pourvoir) pour chaque faculté, alors que nous avions proposé de travailler ensemble et présenter un candidat pour chacune des écoles », témoigne-t-il.

Les partis traditionnels ont également essayé de mettre des bâtons dans les roues des indépendants de l’opposition. « Certains partisans ont fait semblant d’être des indépendants, tandis que d’autres ont déchiré nos posters et les ont jetés à la poubelle », ajoute le candidat ayant requis l’anonymat. Certains partis ont même fait appel à la rhétorique confessionnelle pour mobiliser des votants. « Au téléphone, le représentant d’un parti chrétien m’a dit que je devais voter pour eux, parce que ‘nous les chrétiens ne pouvons compter que sur nous-mêmes’ », témoigne anonymement une étudiante.

Si cette étudiante en économie ne s’est pas laissée faire, on ne peut pas en dire de même pour tout le monde. « J’ai voté pour un indépendant parce que j’ai envie de leur donner une chance. Ça fait 30 ans qu’on vote pour les mêmes, ce n’est ni en s’abstenant ni en continuant de faire les mêmes choix que nous allons changer les choses. Mais je vois beaucoup de mes proches qui n’ont pas voté, et qui commencent déjà à se plaindre » soupire-t-elle. « J’espère qu’on ne va pas faire la même chose lors des élections législatives qui se tiennent bientôt », lâche-t-elle.

C’est un paysage effrité qui émerge après les élections estudiantines organisées vendredi à la Lebanese American University (LAU). Sur le campus de Beyrouth, et selon les premiers résultats, les indépendants antisystème et le mouvement Amal arrivent ex-æquo avec 6 sièges chacun, laissant deux sièges aux Forces libanaises. À Jbeil, la formation de Samir Geagea rafle 10 des 15...

commentaires (2)

Cette même campagne visant à pousser les gens à s'abstenir de voter aux législatives a lieu... peuple libanais faite y gaffe!!! leurs pions sont rodés à répéter que le liban ne changera pas , qu'ils ne voteront pas... afin de décourager les autres de voter contre eux. Or il est plus que jamais primordial de voter, de s exprimer, et de leur montrer que c est tout ce qu il nous reste a faire avant de jeter l eponge... exprimer notre volonte de les voir tous diparaitre. Le changement ne débutera qu avec le vote de la majorité de libanais, diaspora incluse, surtout ceux qui n'avaient jamais voté auparavant. Choisissez avec conscience, et refusez tout argent ou ticket d avion ou autre benefice qui pourrait vs etre offert. Le liban a besoin de notre mobilisation aux elections legislatives, plus que jamais!!!! exprimons notre degout et notre volonte. Ne restons pas chez nous. Sinon partons et laissons leur le pays.

C EL K

23 h 15, le 10 octobre 2021

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Commentaires (2)

  • Cette même campagne visant à pousser les gens à s'abstenir de voter aux législatives a lieu... peuple libanais faite y gaffe!!! leurs pions sont rodés à répéter que le liban ne changera pas , qu'ils ne voteront pas... afin de décourager les autres de voter contre eux. Or il est plus que jamais primordial de voter, de s exprimer, et de leur montrer que c est tout ce qu il nous reste a faire avant de jeter l eponge... exprimer notre volonte de les voir tous diparaitre. Le changement ne débutera qu avec le vote de la majorité de libanais, diaspora incluse, surtout ceux qui n'avaient jamais voté auparavant. Choisissez avec conscience, et refusez tout argent ou ticket d avion ou autre benefice qui pourrait vs etre offert. Le liban a besoin de notre mobilisation aux elections legislatives, plus que jamais!!!! exprimons notre degout et notre volonte. Ne restons pas chez nous. Sinon partons et laissons leur le pays.

    C EL K

    23 h 15, le 10 octobre 2021

  • pourvu que l'abstentionnisme témoigne ne soit pas l'humeur "trendy" pour ce qui est des elections legislatives. car alors Kellon sont assures renouveler leur presence au pouvoir a 90% de leurs effectifs !

    Gaby SIOUFI

    10 h 17, le 09 octobre 2021

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