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Campus - DISTINCTION

Deux étudiantes de l’ALBA transportent Beyrouth à la Dutch Design Week

C’est avec des projets soutenant les petits producteurs et les personnes du troisième âge qu’Alexandra Bassil et Marine Germani participeront au plus grand événement de design en Europe du Nord.

Deux étudiantes de l’ALBA transportent Beyrouth à la Dutch Design Week

De gauche à droite, Alexandra Bassil et Marine Germani. Photo Marie-Lynn Seif

Après avoir remporté respectivement les 1er et 2e prix du Beirut ID, un concours international pour la reconstruction de Beyrouth initié par l’École de design Nantes Atlantique, le campus des agricultures ESA Angers et l’association Cumulus, Alexandra Bassil et Marine Germani, toutes deux étudiantes en 3e année de design de produit à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA), montreront leurs projets respectifs lors de la prochaine édition du Dutch Design Week prévue du 16 au 24 octobre à Eindhoven, aux Pays-Bas, sous le thème « The Greater Number ». Chaque année, durant cet événement, plus de 2 600 designers venus du monde entier présentent leurs travaux, dans plusieurs endroits de la ville, à plus de 350 000 visiteurs. « Une opportunité en or » pour ces deux étudiantes. « Ceci me permettra d’exposer mon projet à l’international, trouver de potentiels investisseurs et surtout faire parler du Liban à l’étranger », espère Marine Germani. C’est une opportunité aussi de mettre en lumière « les designers libanais », indique, quant à elle, Alexandra Bassil.

Réalisés l’an dernier dans le cadre d’un cours de 2e année en studio design sur la thématique de l’identité de Beyrouth, leurs projets ont vu le jour à la suite de la double explosion au port le 4 août 2020 et de l’effondrement de l’économie nationale. Les deux jeunes femmes ont voulu redynamiser les quartiers, en valorisant les productions de leurs habitants et les petits commerces. « Après la tragédie de Beyrouth, j’ai ressenti le besoin non seulement d’exprimer ma tristesse et ma colère, mais aussi celles du peuple libanais. J’espère, avec ce concept, ramener la vie à Beyrouth, à travers la convivialité, la tradition et la coutume du panier en osier », relève Alexandra Bassil. Visant la création d’une communauté de petits producteurs locaux, son projet, “Nazel el-saleh” (Fais descendre le panier), se base ainsi sur l’usage traditionnel de ce panier que suspendent les habitants, depuis leur balcon, pour récupérer leurs courses déposées par l’épicier du quartier. Cette fois, Nazel el-saleh propose un processus inverse. Travaillant depuis son appartement, c’est l’habitant qui devient vendeur, et le passant acheteur. En effet, ce marché hors du commun repère et met la lumière sur les petits producteurs qui ne peuvent pas se déplacer ou investir dans la location d’un magasin pour vendre leurs produits.

Pour aider ces nouveaux producteurs dans leur démarche, Nazel el-saleh encouragera les habitants souhaitant se lancer dans un petit commerce à franchir le pas, et s’occupera de la fabrication du panier en osier et de sa distribution. « Vu la situation financière actuelle, les Libanais vont devoir consommer davantage de produits locaux », explique Alexandra Bassil. « Pour le consommateur, le projet devient un outil essentiel pour s’approvisionner et le vendeur y gagne un revenu », poursuit-elle.

Les échoppes culinaires d’après grand-mère

Pour sa part, Marine Germani a souhaité promouvoir les petits restaurants méconnus dans les quartiers. « Faire connaître les petites échoppes culinaires au plus grand nombre de Beyrouthins est très utile pour le futur de ces commerces qui aujourd’hui menacent de disparaître avec la crise. Alors qu’à mon avis, ce sont eux qui font tout le charme de notre ville et lui donnent son identité », affirme-t-elle. Pour son projet Ekhtiyarat téta (Les choix de grand-mère), l’étudiante a conçu une application qui dresse une liste d’échoppes culinaires sélectionnées par des grands-mères. « Les grands-mères au Liban, c’est tout un monde. Ce sont presque des mascottes nationales. Et maintenant, avec l’émigration massive, ce sont généralement elles qui sont laissées derrière, isolées, à la fois par le Covid-19 mais aussi par l’éloignement de leurs proches », déplore Marine Germani. Dans la pratique, Ekhtiyarat téta repère un nombre de restaurants, puis invite les grands-mères à y effectuer des dégustations, et dépendamment de leurs propres critères, afin de les intégrer ensuite à l’application. Une façon « de redonner une vie sociale à la téta libanaise », avance Marine Germani.

Par ailleurs, l’application mettra à la disposition de ses utilisateurs une catégorie intitulée Tabekh téta (Les plats de grand-mère), où il sera possible de commander des plats faits maison, préparés par ces femmes du troisième âge, leur apportant ainsi un apport financier. « Ce sujet est au cœur de l’actualité. Personnellement, l’idée de concevoir quelque chose ayant un impact positif sur la ville de Beyrouth en temps de crise m’a beaucoup motivée, confie Marine Germani. En tant que jeune designer libanaise ayant vécu toute ma vie à Beyrouth, créer un produit qui peut aider les Libanais et les petits commerces traditionnels est essentiel. »

Marine Germani et Alexandra Bassil cherchent actuellement à implémenter leurs projets à Beyrouth. Pour ce faire, elles effectuent des contacts avec des ONG libanaises et internationales, pour une potentielle collaboration. Une initiative qu’avaient lancée et encouragée les organisateurs de la compétition Beirut ID, afin de soutenir les lauréats.


Après avoir remporté respectivement les 1er et 2e prix du Beirut ID, un concours international pour la reconstruction de Beyrouth initié par l’École de design Nantes Atlantique, le campus des agricultures ESA Angers et l’association Cumulus, Alexandra Bassil et Marine Germani, toutes deux étudiantes en 3e année de design de produit à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA),...

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