Israël est prêt à faire de nouveaux efforts pour résoudre son différend avec le Liban sur la délimitation de leurs eaux territoriales en Méditerranée, mais n'acceptera pas que Beyrouth dicte les termes des pourparlers, suspendus depuis mai 2021 à la suite de nouvelles revendications libanaises, a déclaré mardi la ministre israélienne de l'Énergie selon des propos rapportés par l'agence de presse Reuters.
"Nous devons chercher une solution qui fasse une percée et ne pas essayer de penser à l'ancienne manière de tracer des lignes", a déclaré Karine Elharrar dans une interview à Paris, ajoutant qu'elle parlera bientôt à l'émissaire américain Amos Hochstein. "Nous avons commencé les pourparlers avec une ligne, puis ils (les Libanais) ont poussé la ligne. Littéralement poussé et poussé encore les lignes", a souligné Elharrar. "Ce n'est pas une façon de négocier. Ils ne peuvent pas +dicter+ les lignes".
Amos Hochstein, qui remplace John Desrocher, doit se rendre au Liban et en Israël ce mois pour tenter de donner un nouvel élan aux pourparlers, au moment où le Liban a demandé des clarifications à la communauté internationale après qu'Israël a accordé au groupe américain Halliburton un contrat de forage offshore. En septembre, l'entreprise américaine Halliburton avait annoncé sur son site Internet avoir remporté un appel d'offres pour le forage de trois à cinq puits au large d'Israël, pour le compte de la société Energean. L'entreprise du secteur énergétique n'a pas précisé la zone dans laquelle seraient creusés ces puits, mais elle a souligné que l'obtention de ce contrat "fait suite à une campagne réussie de forage de quatre puits dans les champs gaziers de Karish et Karish-Nord", situés en partie dans la zone contestée.
"Malheureusement, nous sommes revenus aux querelles internes au lieu d'aller aux négociations avec une seule voix", a déclaré à Reuters Mohammad Obeid, expert libanais des pourparlers frontaliers et ancien directeur du ministère de l'Information, interrogé sur le fait que le Liban avait changé d'avis sur les lignes.
"Nous partageons un gisement de gaz et devons trouver une solution sur la façon de l'utiliser afin que chaque partie ait sa part de manière équitable", a poursuivi Karine Elharrar. "Nous sommes prêts à donner une autre chance aux pourparlers".
Des négociations avaient démarré entre le Liban et l’État hébreu en octobre 2020 sur la base d’une zone contestée d’une superficie de 860 km², à partager entre les deux pays (la ligne 23 qui délimite le triangle des 860 km², adoptée par le gouvernement en 2011). La ligne Hof, du nom du diplomate américain Frederic Hof qui avait joué les médiateurs entre les deux parties entre 2010 et 2012, attribuait au Liban 55% de cette zone contre 45% à Israël. Le Liban avait ensuite fait monter les enchères pendant les négociations, réclamant une zone supplémentaire de 1.430 km² dans le tracé de la frontière maritime avec Israël, mais ces pourparlers avaient fini par être suspendus en décembre 2020. Le président libanais Michel Aoun avait alors fait de la revendication maximaliste libanaise son cheval de bataille, avant de s’abstenir de signer le décret amendant la superficie de la zone réclamée par Beyrouth. Face aux revendications libanaises qu'il jugeait excessives, l’État hébreu avait menacé d’élaborer un tracé maximaliste de son cru qui aurait empiété sur quatre blocs libanais et bloqué toute négociation. Jusqu'à présent, aucune date n'a été fixée pour une nouvelle session de ces pourparlers, alors que la résolution du litige est cruciale pour que le Liban puisse entamer l'exploration et l'exploitation de ses réserves d'hydrocarbures.
commentaires (5)
Tant que le Hezbollah sera armé, il n'y aura pas de déblocage et le Liban n'aura pas de gaz ou de pétrole. La présence du Hezbollah en armes entrave toute possibilité de développement car le faire dans ces circonstances lui donneront la possibilité mettre la main sur ces richesses et d'imposer sa wilayet el Fakih alors qu'il contrôle pour l'instant la vie politique et fait fi de toutes lois, règlements et constitution. Ce n'est pas pour demain.
Pierre Hadjigeorgiou
08 h 49, le 06 octobre 2021