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Moyen-Orient - Conflit

Bataille pour « l’avenir du Yémen » : les rebelles en passe de ravir un bastion loyaliste

Au moins 100 morts dans des combats autour de Ma’rib.

Bataille pour « l’avenir du Yémen » : les rebelles en passe de ravir un bastion loyaliste

Des combattants progouvernement sur la ligne de front face aux houthis, dans la région de Ma’rib, le 27 septembre 2021. Photo AFP

Les rebelles houthis semblent sur le point de changer le cours de la guerre au Yémen en se rapprochant de la ville-clé de Ma’rib, dernier bastion loyaliste dans le Nord, assurent les analystes, y voyant une grave menace pour des millions de déplacés.

Ces dernières semaines, les rebelles proches de l’Iran et qui contrôlent déjà l’essentiel du nord du Yémen ont intensifié leur offensive sur Ma’rib, chef-lieu éponyme d’une région riche en pétrole.

Au moins 100 combattants, dont 68 rebelles houthis et 32 membres des forces progouvernementales, ont été tués ces dernières 48 heures dans des affrontements autour de la ville de Ma’rib, ont déclaré hier des sources militaires gouvernementales. Des centaines de combattants de tribus locales ont rejoint les rangs des forces gouvernementales pour repousser l’avancée des houthis, selon les mêmes sources, qui précisent que la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite a mené plusieurs frappes aériennes pour appuyer les loyalistes.

Après sept ans d’une guerre dévastatrice au Yémen, la prise de Ma’rib changerait la donne pour les rebelles : le contrôle du nord du pays et de ses ressources pétrolières leur permettra d’avoir plus de poids si des négociations de paix se tiennent éventuellement un jour.

« La bataille de Ma’rib déterminera l’avenir du Yémen », assure Abdulghani el-Iryani, chercheur au centre de réflexion Sana’a Center for Strategic Studies. Et les houthis ont déjà pris « la majeure partie de la province et se rapprochent de la ville », souligne-t-il.

En 2014, les rebelles avaient réussi un coup de force en s’emparant de la capitale Sanaa, située à environ 120 kilomètres de Ma’rib, déclenchant la guerre contre le gouvernement. En 2015, l’Arabie saoudite est intervenue au Yémen à la tête d’une coalition militaire pour appuyer les forces loyalistes, à la peine.

Accord avec les tribus

Face aux avancées des houthis, la coalition dirigée par les Saoudiens a redoublé ses frappes aériennes. Perdre Ma’rib « pourrait changer le cours de la guerre », confirme à son tour Elizabeth Kendall, chercheuse à l’Université d’Oxford.

« Ce serait un nouveau coup dur porté au gouvernement qui cherche à affirmer son autorité, et cela renforcerait la position des houthis dans tous les pourparlers de paix envisagés », observe-t-elle.

Pour Abdulghani el-Iryani, les tribus de Ma’rib, qui combattent aujourd’hui aux côtés du gouvernement, pourraient accepter un accord avec les houthis afin d’éviter la destruction de leur ville. « Aucun des deux camps ne souhaite s’engager dans une bataille urbaine sanglante », estime-t-il. Pour le chercheur, un tel accord viserait à assurer la neutralité des tribus et un partage des ressources en échange de la reconnaissance par les houthis du gouvernement local.

« Énorme » désastre

Depuis le début de la guerre, la région de Ma’rib a vu sa population augmenter avec l’installation de 139 camps de déplacés. Elle accueille désormais 2,2 millions de personnes, selon les chiffres du gouvernement. « Les réfugiés vont probablement payer le prix fort » de la bataille, prévient M. Iryani.

L’aide humanitaire sera plus difficile à distribuer si les déplacés doivent fuir les camps, s’inquiète M. Iryani. Or, environ 80 % des 30 millions d’habitants dépendent de l’aide internationale pour leur survie.

Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, connaît la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU, avec une population au bord de la famine.

Pour Mme Kendall, « si les rebelles s’emparent de Ma’rib, l’impact sur la situation humanitaire sera terrible ». Ce sera un « énorme » désastre pour le Yémen, renchérit Ahmad Nagi, chercheur au Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center.

Malgré les efforts de l’ONU et des États-Unis, la voie diplomatique reste dans l’impasse, les houthis exigeant la réouverture de l’aéroport de Sanaa – sous blocus saoudien depuis 2016 – avant toute trêve ou négociation.

Et s’ils prennent Ma’rib, les rebelles risquent d’être encore moins enclins à négocier. « Les houthis utiliseront Ma’rib pour avancer vers les provinces du Sud » voisines, qui sont toujours aux mains du gouvernement, estime M. Nagi. Le but des houthis sera alors « d’assurer leur contrôle total sur le Yémen ».

Source : AFP

Les rebelles houthis semblent sur le point de changer le cours de la guerre au Yémen en se rapprochant de la ville-clé de Ma’rib, dernier bastion loyaliste dans le Nord, assurent les analystes, y voyant une grave menace pour des millions de déplacés.Ces dernières semaines, les rebelles proches de l’Iran et qui contrôlent déjà l’essentiel du nord du Yémen ont intensifié...

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