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Auto - Reportage

L’adrénaline du « spinning » en Afrique du Sud

Les rodéos automobiles sont reconnus comme sport officiel depuis quelques années.

L’adrénaline du « spinning » en Afrique du Sud

Le « spinning » était à l’origine un rite de gangsters sous l’apartheid : des habitants des townships dérobaient des voitures à leurs riches propriétaires et venaient parader en faisant tournoyer leur butin dans les rues de leur quartier. Michele Spatari/AFP

Un parfum d’after-shave et de gomme chauffée à en faire exploser les pneus flotte au-dessus de la piste en bitume : né dans les townships, le « spinning », sport automobile officiel en Afrique du Sud, attire les amateurs d’adrénaline. Sur ce circuit de la ville industrielle d’Alberton, au sud-est de Johannesburg, les pilotes font tourner leur voiture sur elles-mêmes en soulevant des nuages de fumée, prenant l’arène l’un après l’autre comme sur une scène ouverte. Mélange de vitesse et de chorégraphie, les plus téméraires lâchent le volant une fois l’engin lancé, sautent en marche ou se suspendent tête en bas aux portières ouvertes. Jeudi dernier, le spectacle a attiré plus d’un millier de personnes.

« Pourquoi je fais ça ? Pour l’excitation que ça procure à chaque fois, on cherche tous l’adrénaline », dit Ibrahim Toffie, âgé de 34 ans, en vérifiant les roues de sa voiture. Bien souvent, les véhicules n’ont plus que la carcasse d’origine. Moteur, suspensions, pot d’échappement, tout a été customisé, boosté, généralement par les « spinneurs » eux-mêmes qui pour la plupart aiment passer des heures au fond de leur garage.

La discipline, officiellement un sport dans le pays depuis quelques années, était à l’origine un rite de gangsters pendant l’apartheid : des habitants des townships, qui dérobaient des voitures à leurs riches propriétaires, venaient parader en faisant tournoyer leur butin dans les rues de leur quartier. « Ils spinnaient aussi aux funérailles d’un de leurs membres », explique Stacey-Lee May, devenue professionnelle et l’une des rares femmes de la discipline, présente jeudi dernier à Alberton. La Sud-Africaine de 25 ans en a fait un gagne-pain et participe à des compétitions organisées à New York, en Angleterre ou même au Pakistan.


Stacey-Lee May est l’une des rares femmes du « spinning ». Devenue professionnelle, la Sud-Africaine de 25 ans en a fait un gagne-pain et participe à des compétitions organisées à New York, en Angleterre ou même au Pakistan. Michele Spatari/AFP

Armes interdites

Aujourd’hui, les rodéos urbains perdurent dans certains quartiers, mais sont interdits par la loi. À Alberton, chaque spectateur a payé 50 rands (environ 3 euros) l’entrée, et l’invitation précisait : « Armes interdites ». Le spectacle est en revanche l’occasion pour le public d’une bonne consommation de bière et de joints au son du kwaito, style musical né avec la jeunesse postapartheid, dans de puissants haut-parleurs. « Le spinning est un moyen de s’exprimer : dans nos communautés, il y a tellement de violence, de drogues et de crimes... Qu’est-ce que des mots pourraient dire ? » explique, en préparant du cannabis dans un narguilé, un homme dans le public qui ne souhaite pas donner son nom. L’Afrique du Sud est un des pays les plus violents au monde avec un taux de criminalité record.

Au bout de quelques passages, après une fuite et des jantes qui font des étincelles en frottant sur la piste, une voiture lancée à pleine vitesse prend feu. Une poignée de spectateurs se ruent, des bouteilles d’eau à la main. Visiblement, aucune procédure d’urgence n’est prévue en pareil cas. Le coffre de la voiture finit carbonisé. Perdre gros pour quelques minutes de frissons « fait partie du jeu », lance Isaac Molefe, âgé de 50 ans, un habitué. Après un rapide contrôle sous le capot, le pilote sain et sauf décide d’y retourner.

Le jeu est aussi une affaire de fierté et parfois de couleur. Paul Breckle est le seul Blanc à se lancer sur la piste. À 23 ans, au volant d’une BMW noire rutilante payée 400 000 rands (23 000 euros), il dit être « là pour montrer ce qu’un mec blanc peut faire ». « Le spinning est né dans la communauté noire. Mais aujourd’hui, ça s’est élargi, tout le monde vient, les indiens, les Blancs », souligne Ayanda Mbele, de l’association Wheelz n’ Smoke qui a organisé ce premier tournoi après deux ans de suspension en raison de la pandémie de Covid-19.

Claire DOYEN/AFP

Un parfum d’after-shave et de gomme chauffée à en faire exploser les pneus flotte au-dessus de la piste en bitume : né dans les townships, le « spinning », sport automobile officiel en Afrique du Sud, attire les amateurs d’adrénaline. Sur ce circuit de la ville industrielle d’Alberton, au sud-est de Johannesburg, les pilotes font tourner leur voiture sur...

commentaires (1)

pour ces jeunes nes sur terre libanaise il y a au moins 70 ans, ca rappelle beaucoup les exploits des CANDIAN HELL DRIVERS venus demontrer leurs prouesses dans les annees 60.

Gaby SIOUFI

14 h 04, le 27 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • pour ces jeunes nes sur terre libanaise il y a au moins 70 ans, ca rappelle beaucoup les exploits des CANDIAN HELL DRIVERS venus demontrer leurs prouesses dans les annees 60.

    Gaby SIOUFI

    14 h 04, le 27 septembre 2021

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