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Les familles des victimes appellent le procureur Ghassan Khoury à se récuser

Les familles des victimes appellent le procureur Ghassan Khoury à se récuser

Des portraits des victimes de la double explosion du 4 août accrochés devant le port de Beyrouth, le 4 juin 2021. Photo Matthieu Karam

Des proches de plusieurs victimes de la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, ont manifesté mardi en fin d'après-midi devant le domicile du procureur général par intérim près la Cour de cassation, Ghassan Khoury, à qui ils reprochent d'entraver le cours de la justice et de défendre les intérêts des responsables politiques et sécuritaires mis en cause dans cette affaire. 

Ghassan Khoury fait actuellement l'objet d'un recours pour suspicion légitime présenté par l’ordre des avocats de Beyrouth, mandataire de plusieurs personnes touchées par la tragédie du 4 août. Si la Cour de cassation juge que les critères d’impartialité ne sont pas appliqués par M. Khoury, elle pourrait alors l’écarter de l’affaire qui serait confiée à un autre magistrat. M. Khoury remplace déjà à ce poste Ghassan Oueidate qui s’était récusé en décembre dernier en raison de son lien de parenté avec le député Ghazi Zeaïter, mis en cause dans l'affaire. 

Réunis devant l'immeuble dans lequel réside le procureur à Zouk Mosbeh dans le Kesrouan, quelques dizaines de membres de familles des victimes ont appelé Ghassan Khoury à se récuser rapidement de cette enquête. "Celui qui est supposé parler au nom du parquet général près la Cour de cassation devrait s'exprimer en notre nom, les proches des victimes, et non défendre les politiciens, responsables sécuritaires et juges inculpés par la cour de justice", a dénoncé William Noun au nom des personnes présentes. M. Noun est le frère de Joe Noun, un des dix pompiers envoyés au port peu avant la déflagration et qui a été tué le 4 août. 

M. Khoury avait notamment soutenu fin juillet la décision de l'ex-ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, de refuser l'interrogatoire du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Ce dernier a affirmé au cours du week-end qu'il se présenterait devant le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête, si le nouveau ministre de l'Intérieur Bassam Maoulaoui autorisait cette comparution. 

William Noun a par ailleurs assuré lors de ce sit-in que les familles des victimes étaient prêtes à "monter la garde devant la maison du juge Bitar" afin de le protéger contre Wafic Safa, cadre du Hezbollah, ou d'autres figures "partisanes". M. Safa est accusé d'avoir menacé Tarek Bitar, selon des informations qui ont été confirmées à L'Orient-Le Jour par une source judiciaire. 

La double explosion au port de Beyrouth a tué au moins 214 personnes, fait plus de 6.500 blessés et détruit de nombreux quartiers de la capitale. La déflagration a été causée par un incendie qui a touché un hangar, où étaient stockés des centaines de tonnes de nitrate d'ammonium depuis 2014, sans mesures de sécurité. Selon plusieurs observateurs, cette cargaison aurait été sous contrôle du Hezbollah, et était destinée à alimenter le régime syrien de Bachar el-Assad, son allié, pour les barils d'explosifs qu'il utilisait contre les rebelles et les populations civiles. Le Hezbollah a toujours démenti ces accusations, et son chef Hassan Nasrallah critique régulièrement M. Bitar et l'accuse de politiser l'enquête. Celle-ci peine à avancer en raison des pressions et ingérences politiques.

Des proches de plusieurs victimes de la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, ont manifesté mardi en fin d'après-midi devant le domicile du procureur général par intérim près la Cour de cassation, Ghassan Khoury, à qui ils reprochent d'entraver le cours de la justice et de défendre les intérêts des responsables politiques et sécuritaires mis en cause dans cette...