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Moyen-Orient - Algérie

L'ex-président Bouteflika est mort, réactions ambivalentes

Depuis sa chute spectaculaire sous la pression de l'armée et de la rue, celui que les Algériens appelaient familièrement "Boutef" était resté retranché dans la solitude dans sa résidence médicalisée à l'ouest d'Alger.



L'ancien président Algérien Abdelaziz Bouteflika à Alger, le 23 novembre 2017. Photo RYAD KRAMDI / AFP

L'ancien président Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après 20 ans à la tête de l'Algérie, s'est éteint à l'âge de 84 ans, un décès qui a suscité samedi des réactions embarrassées des autorités et mitigées de la rue. 

Omniprésent durant deux décennies mais quasi invisible depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, Abdelaziz Bouteflika, qui détient un record de longévité au pouvoir (1999-2019), est décédé vendredi dans sa résidence à Alger. Il n'avait donné aucun signe de vie depuis que les manifestations du mouvement pro-démocratie Hirak et l'armée l'avaient contraint à la démission le 2 avril 2019.

La présidence s'est contentée dans un premier temps d'un communiqué laconique annonçant son décès, "à son lieu de résidence à 22H00" locales. Et il lui a fallu plusieurs heures pour qu'elle réagisse et décrète la mise en berne du drapeau national "pendant trois jours". Une décision prise par le président Abdelmadjid Tebboune, après "le décès de l'ancien président, le Moudjahid (combattant de l'indépendance, ndlr) Abdelaziz Bouteflika", selon un communiqué présidentiel.

Le défunt sera inhumé dimanche au grand cimetière d'El Alia, à l'est d'Alger, après la prière de midi (après 13h00 locales, 12H00 GMT), a annoncé en soirée la télévision d'Etat. Elle n'a évoqué que brièvement dans son journal télévisé les principales étapes du parcours politique de près de 60 ans de l'ex-président. C'est à El-Alia que reposent tous ses prédécesseurs, aux côtés des grandes figures et martyrs de la guerre d'indépendance (1954-1962).

"Il mérite du respect" 
Selon des témoins, des préparatifs pour les obsèques sont en cours aux alentours du Palais du Peuple, bâtiment d'apparat du centre d'Alger, pour accueillir la dépouille de l'ex-président, avant son enterrement.

Le frère d'Abdelaziz Bouteflika, Saïd, actuellement en prison, a été autorisé à assister aux obsèques de M. Bouteflika, a déclaré son avocat, Me Salim Hadjouti, au site d'informations en arabe SabqPress.

Signe de l'embarras des autorités, les médias officiels n'ont évoqué que par des brèves le décès de l'ancien président, sans lui consacrer d'émissions spéciales, contrairement à ses prédécesseurs. Les radios ont continué de diffuser de la musique et du divertissement. Les atermoiements autour de l'organisation des obsèques illustrent aussi, selon des observateurs, des craintes de manifestations hostiles.

Pour le politologue Mansour Kedidir, "à plus d'un titre, Abdelaziz Bouteflika, chef de la diplomatie pendant 14 ans, président pendant 20 ans, a marqué l'histoire du pays depuis l'indépendance nationale". Décrivant un personnage "exubérant et fougueux", "excellant dans le verbe", il a estimé qu'"à l'instar des anciens présidents décédés, il mérite du respect et un certain égard".

Dans la rue, les Algériens sont, eux, partagés sur son héritage. "Il ne mérite aucun hommage car il n'a absolument rien fait pour le pays", a déclaré à l'AFP Rabah, un marchand de fruits et légumes à El Achour, sur les hauteurs de la capitale.

"Vie dorée" 
Pour Malek, un employé des télécommunications, l'ex-président "a été incapable de réformer le pays en dépit de son long règne".
"Il a eu droit à une vie dorée, y compris depuis qu'il a été évincé du pouvoir. Mais force est de constater que son héritage n'est pas des plus reluisants", abonde Mohamed, un menuisier de 46 ans.

Depuis sa démission en avril 2019, celui que les Algériens appelaient familièrement "Boutef" s'était enfermé dans sa résidence médicalisée de Zeralda à Alger, où il a continué à jouir de tous les privilèges, selon des médias.

Au contraire, d'autres Algériens interrogés trouvent que le pays s'est amélioré durant sa présidence, mettant à son crédit par exemple le processus de réconciliation après la décennie noire de guerre civile de 1992 à 2002 (200.000 morts).
"Il était reçu dans n'importe quel pays du monde", ajoute Amer, 46 ans, plongeur dans un restaurant, en référence à son passé d'ancien chef de la diplomatie des présidents Ahmed Ben Bella et de Houari Boumedienne.
Mustapha, un lycéen de 19 ans, qui n'a connu que lui comme président, estime qu'il "a apporté du positif".

L'ancien président Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après 20 ans à la tête de l'Algérie, s'est éteint à l'âge de 84 ans, un décès qui a suscité samedi des réactions embarrassées des autorités et mitigées de la rue. Omniprésent durant deux décennies mais quasi invisible depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, Abdelaziz Bouteflika, qui détient un...

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Je porte le deuil lorsqu’un dictateur meurt paisiblement dans son lit entouré des siens. Je porte le deuil quand un dictateur avec du sang d’innocents sur les mains meurt sans avoir été jugé. Je porte le deuil pour les parents des victimes de ce dictateur qui ne pourront pas porter leur deuil de leurs Pères, Fils, petits-Fils. Je porte le deuil pour toutes les victimes et les injustices que ce dictateur, ses prédécesseurs et ses successeurs ont infligés au peuple. Que Dieu tout-puissant les maudisse à jamais pour des siècles et des siècles ainsi soit il. Sincères condoléances au peuple Algérien pour ses victimes.

Le Point du Jour.

18 h 47, le 18 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • Je porte le deuil lorsqu’un dictateur meurt paisiblement dans son lit entouré des siens. Je porte le deuil quand un dictateur avec du sang d’innocents sur les mains meurt sans avoir été jugé. Je porte le deuil pour les parents des victimes de ce dictateur qui ne pourront pas porter leur deuil de leurs Pères, Fils, petits-Fils. Je porte le deuil pour toutes les victimes et les injustices que ce dictateur, ses prédécesseurs et ses successeurs ont infligés au peuple. Que Dieu tout-puissant les maudisse à jamais pour des siècles et des siècles ainsi soit il. Sincères condoléances au peuple Algérien pour ses victimes.

    Le Point du Jour.

    18 h 47, le 18 septembre 2021

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