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Monde - Analyse

La facile victoire des talibans écorne profondément l’image de Washington

La facile victoire des talibans écorne profondément l’image de Washington

La cérémonie d’ouverture de l’ambassade des États-Unis à Kaboul le 17 décembre 2001. Jimin Lai/AFP

Au terme de 20 ans de présence en Afghanistan, la plus longue guerre menée par les États-Unis s’achève par une victoire spectaculaire des talibans qui ternira durablement l’image de la première puissance mondiale. L’effondrement dimanche du gouvernement afghan et de son armée financée par Washington, la fuite à l’étranger du président Ashraf Ghani, le ballet des hélicoptères pour évacuer le personnel de l’ambassade américaine : ces faits historiques risquent de peser nettement plus lourd que les assurances du gouvernement Biden sur une mission « réussie ». Avec les talibans à nouveau au pouvoir et à moins d’un mois de l’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, on peut s’attendre à ce que la question du « pourquoi ? » soit de nouveau posée avec force : pourquoi ces près de 2 500 vies américaines perdues ? Pourquoi cette facture dépassant 2 000 milliards de dollars ?

Certains s’inquiètent déjà, à l’instar de l’élue républicaine Liz Cheney, que la débâcle ne vienne saper l’action de

Washington sur certains théâtres à l’étranger, les États-Unis n’inspirant plus la même crainte à leurs adversaires. « C’est inexcusable. C’est catastrophique. Et cela est porteur de conséquences pas seulement pour l’Afghanistan, pas seulement pour la guerre contre le terrorisme, mais de façon globale pour le rôle de l’Amérique dans le monde », a estimé dimanche Mme Cheney. La déroute américaine signifie « que les ennemis de l’Amérique savent qu’ils peuvent nous menacer, et nos alliés s’interrogent ce matin sur le fait de savoir s’ils peuvent compter sur nous pour quoi que ce soit », a déploré la parlementaire.

Husain Haqqani, un ancien ambassadeur pakistanais aux États-Unis, le confirme : « La crédibilité de l’Amérique en tant qu’alliée est entamée en raison de la façon dont le gouvernement afghan a été abandonné pendant les pourparlers de Doha », estime-t-il en référence au cycle de réunions internationales qui se sont tenues au Qatar avant de s’enliser. Pour M. Haqqani, désormais expert au Hudson Institute, la façon dont les talibans se sont joués des délégués américains lors de ces réunions « va encourager d’autres (pays) à pratiquer une diplomatie de la fourberie ».

Message ambigu vis-à-vis de la Chine

Pour sa défense, l’administration Biden pourra répéter que l’accord de Doha a été négocié sous Donald

Trump et que les Américains dans leur majorité sont opposés aux « guerres sans fin ». Mais M. Trump compte bien faire porter le chapeau uniquement à son successeur. « Ce que Joe Biden a fait avec l’Afghanistan est mythique. Cela restera comme l’une des plus grandes défaites dans l’histoire américaine », a raillé dimanche l’ancien président républicain.

De son côté, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a tenté de balayer dimanche les comparaisons avec la chute de Saigon en 1975. « Nous sommes allés en Afghanistan il y a 20 ans avec une mission, et cette mission était de régler le compte de ceux qui nous ont attaqués le 11 septembre. Nous avons accompli cette mission. » Mais rester en Afghanistan indéfiniment « n’est pas dans notre intérêt national », a-t-il ajouté, rappelant que les États-Unis voulaient désormais se donner les moyens de contrer la politique agressive de la Chine dans le Pacifique. « Il n’y a rien que nos concurrents stratégiques aimeraient davantage que de nous voir embourbés en Afghanistan pour 5, 10 ou 20 ans de plus », a souligné M. Blinken.

La Chine, considérée comme le pays rival numéro un par Washington, a d’ores et déjà commencé à exploiter la situation par le biais d’une analyse publiée par le quotidien d’État Global Times. Selon ce journal, connu pour son ton nationaliste, l’Afghanistan illustre combien les États-Unis seraient « un acteur pas digne de confiance, qui abandonne toujours ses partenaires et alliés dans la quête de ses propres intérêts ». Richard Fontaine, un expert du Center for a New American Security, juge toutefois qu’il serait simpliste d’en déduire que la déroute afghane pourrait encourager Pékin à intervenir contre Taïwan, une île qu’elle considère lui appartenir, mais dont la défense est fondée sur du matériel militaire américain. Au contraire, pense-t-il, ce coûteux retrait de Kaboul pourrait être vu par la Chine comme l’illustration de la fermeté avec laquelle Washington compte désormais se recentrer sur le Pacifique. M. Fontaine note par ailleurs que la justification du recentrage américain sur le Pacifique risque de ne pas valoir cher au cas où reprendraient des attentats fomentés depuis l’Afghanistan, les talibans n’ayant jamais clairement rompu avec el-Qaëda.

Shaun TANDON/AFP

Au terme de 20 ans de présence en Afghanistan, la plus longue guerre menée par les États-Unis s’achève par une victoire spectaculaire des talibans qui ternira durablement l’image de la première puissance mondiale. L’effondrement dimanche du gouvernement afghan et de son armée financée par Washington, la fuite à l’étranger du président Ashraf Ghani, le ballet des hélicoptères...

commentaires (3)

Pouvait-on s'attendre à mieux de la part d'un état qui défend les droits de l'homme tout en les bafouant sans arrêt (voir Guantanamo), qui défend la démocratie tout en pratiquant une honteuse ségrégation et qui ne pense qu'à ses intérêts propres?

Politiquement incorrect(e)

16 h 49, le 17 août 2021

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Commentaires (3)

  • Pouvait-on s'attendre à mieux de la part d'un état qui défend les droits de l'homme tout en les bafouant sans arrêt (voir Guantanamo), qui défend la démocratie tout en pratiquant une honteuse ségrégation et qui ne pense qu'à ses intérêts propres?

    Politiquement incorrect(e)

    16 h 49, le 17 août 2021

  • > ,SYNTHESE & CONCLUSION TOUTES RIDICULES, Shaun Tandon . COMME SI NUL NE S'ATTENDAIT A CETTE FIN DEPUIS QQS ANNEES DEJA.

    Gaby SIOUFI

    12 h 54, le 17 août 2021

  • Honte sur vous mr Biden Les démocrates ont toujours nene une politique étrangère lamentable

    Robert Moumdjian

    01 h 50, le 17 août 2021

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