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Dernières Infos - Liban

Incidents de Chouaya et Khaldé : Joumblatt joue l'apaisement, mais ne cède rien sur le fond

Le leader druze Walid Joumblatt lors de sa conférence de presse tenue jeudi 12 août 2021 en présence de son fils Teymour, député du Chouf. Photo ANI

Commentant les incidents ayant secoué ces deux dernières semaines des localités libanaises à majorité druze, le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a adopté jeudi un ton modéré face au Hezbollah - avec qui il dit continuer à gérer le conflit, dans la mesure où "il s'agit d'une force politique essentielle et présente" sur la scène locale. Une façon pour le leader druze de contenir les débordements sécuritaires et les risques d'une discorde druzo-chiite ou sunnito-chiite, notamment après les incidents de Khaldé et de Chouaya. M. Joumblatt n'a pas toutefois cédé sur ses positions de principe, notamment son opposition à l'arsenal du parti chiite qui s'octroie la décision de guerre et de paix et à l'utilisation de cet arsenal en mettant des zones résidentielles sous la menace de représailles israéliennes.

Lors d'une conférence de presse tenue à son domicile à Beyrouth, rue Clemenceau, le chef du PSP a adopté un ton modéré qui détonne avec l'actualité brûlante du pays. Il a surtout commenté les échauffourées ayant eu lieu vendredi dernier au village druze de  Chouaya (caza de Hasbaya). Ce jour-là, quelques heures après des tirs de roquettes par le Hezbollah en direction d'Israël, un camion transportant un lance-roquettes à plusieurs canons, utilisé par le parti chiite pour cibler l'État hébreu, avait été intercepté par des habitants du village. Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montrait ces derniers en colère, certains en tenue traditionnelle druze, bloquant le passage du camion et accusant le parti pro-iranien de mettre en danger des vies civiles en lançant des roquettes à proximité de zones résidentielles. En guise de réaction, des partisans du Hezbollah ont chassé des agriculteurs druzes de plusieurs régions, comme à Saïda, au Liban-Sud, leur interdisant de vendre leurs récoltes.  La contre-riposte a eu lieu à Sofar, dans le caza de Aley, où de jeunes druzes s’en sont pris à plusieurs dizaines de vans se dirigeant de Beyrouth vers la Békaa. Il a fallu l’intervention de l’armée et des responsables politiques de la région pour rétablir le calme et l’ordre.

Revenant sur ces développements, M. Joumblatt s'est déclaré "non favorable" aux tirs de roquettes à partir des zones résidentielles, invitant l'armée libanaise à expliquer ce qui s'est passé.  "Je ne veux pas de surenchère à ce sujet. Je souhaite que cet incident soit limité à sa stricte dimension interne", a-t-il lancé, dans une tentative de réduire la portée de cet incident et des réactions qui ont suivi sur la scène druzo-chiite. Et M. Joumblatt de souligner que ces échauffourées font l'objet de contacts actuellement en cours avec l'armée libanaise. S'il a assuré "ne comprendre ni le timing ni le but" de l'incident de Chouaya, il a toutefois déclaré : "Nous sommes capables de résoudre nous-mêmes nos problèmes".

L'incident de Khaldé
M. Joumblatt est par ailleurs revenu sur les affrontements armés qui ont eu lieu fin juillet à Khaldé, fief de son rival Talal Arslane au sud de Beyrouth, lorsqu’un convoi funéraire d’un partisan du Hezbollah, Ali Chebli, tué la veille sur fond de vendetta, a été la cible d'éléments armés sunnites appartenant à des tribus dites "arabes de Khaldé". Ces tribus, qui sont des groupes sunnites vivant dans des conditions traditionnelles et conservatrices sur les hauteurs de Khaldé et de Aramoun, accusaient Ali Chebli du meurtre de l’adolescent Hassan Ghosn un an plus tôt.

Au lendemain de ces accrochages, le cheikh Omar Ghosn et son fils ont été arrêtés par les services de renseignement de l’armée. Omar Ghosn est considéré comme évoluant dans la mouvance du Courant du Futur tout en étant d’obédience salafiste. Le cheikh s’est imposé comme chef de file du courant sunnite hostile au Hezbollah dans la région, multipliant les frictions avec les chiites présents entre Khaldé et Ouzaï, et fermant régulièrement la route au niveau de ce croisement important qui constitue la principale voie reliant le Liban-Sud à la banlieue-sud de Beyrouth.

"Les tribus arabes de Khaldé n'ont pas respecté leurs engagements et n'ont pas remis aux autorités certaines personnes recherchées par la justice", a déclaré M. Joumblatt. "J'ai décidé de me retirer de l'affaire et de laisser l'enquête menée par l’armée et les services de sécurité suivre son cours", a-t-il ajouté, insistant sur l'importance de remettre tous les prévenus à la justice.

Levée des subventions
Évoquant la crise économique et sociale qui frappe le Liban de plein fouet, et qui a pris une nouvelle dimension avec la décision prise mercredi par la Banque du Liban de lever les subventions sur les carburants, Walid Joumblatt a déclaré : "Il n'y a d'autre choix que celui de lever les subventions sur les carburants tant que la plus grande part du mazout et de l'essence (subventionnés) est transportée en Syrie au moyen de la contrebande à travers la frontière. "Il ne restera rien des réserves obligatoires de la BDL, si les subventions sont maintenues, et ce sera la catastrophe. D'autant que nos frontières sont ouvertes et échappent au contrôle des services de sécurité", a averti M. Joumblatt.

Les réserves en devises étrangères de la Banque du Liban ont fondu de plus de moitié depuis le début de la crise à l'automne 2019, passant de 32 milliards de dollars à environ 15 milliards aujourd'hui.

"Plus on a rapidement recours à la carte d'approvisionnement, plus on réduit la peine du  peuple libanais" , a-t-il estimé, rappelant que la mise en application de cette carte devrait être supervisée par la Banque mondiale jusqu'à la formation d'un gouvernement.

Commentant les incidents ayant secoué ces deux dernières semaines des localités libanaises à majorité druze, le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a adopté jeudi un ton modéré face au Hezbollah - avec qui il dit continuer à gérer le conflit, dans la mesure où "il s'agit d'une force politique essentielle et présente" sur la scène locale. Une façon pour le...