Hommages

Un père

Papa est parti. Papa n’est plus.

Le jour de ses funérailles, beaucoup de ses anciens amis zghortiotes étaient réunis chez mes parents autour de ma mère et la famille. Réunis comme ils l’étaient il y a plus de trente ans, chaque été à côté de cette même maison autour d’un grand feu et d’une grande marmite de moujadra ou d’andouillettes que ma mère préparait et que mon père organisait. Des noms de personnes qui sont gravés dans ma mémoire d’enfance, comme faisant partie d’une grande famille. Une famille agrandie par les amis, que mon père tenait souvent à réunir, non seulement autour d’un banquet mais aussi autour d’un film de cinéma ou même pour mettre en place une pièce de théâtre. Des pièces de théâtre que je connaissais bien grâce aux photos, aux affiches, aux costumes et aux équipements de sons et d’éclairage bien gardés chez mes parents. Des pièces de théâtre mises en scène et jouées par mon père avec ces mêmes amis qui étaient aussi derrière les coulisses pour l’éclairage, le son et la confection des costumes. Ces costumes que nous, enfants, porterons chaque année pour la Sainte-Barbe pour aller collecter de l’argent et l’offrir aux plus démunis.

Papa ne nous a jamais dicté le chemin à suivre dans cette vie, mais il nous l’a bien inspiré. Il ne nous a jamais dit de lire un livre, même pas le sien. Il était à chaque fois surpris quand je lui disais que je viens de terminer la lecture de son plus récent roman. Mais il a submergé la maison de livres que ma mère peinait à ranger et préserver de la poussière. Des lectures que j’ai faites depuis mon jeune âge (La Vie devant soi, Samarcande, L’Amour au temps du choléra, Moon Palace…) qui ne m’ont pas poussée vers le monde littéraire, mais m’ont donné une grande sensibilité, tolérance, ouverture, curiosité… dans cette société qui nous pousse en continu vers la violence, la haine, le fanatisme.

Papa n’a jamais cherché à acquérir de nouvelles terres ou de nouvelles maisons. Il léguera à ses enfants les terres et les maisons que ses parents lui ont laissé à Ehden et Zghorta. Il s’investissait dans les livres, les grandes encyclopédies et les œuvres d’art même durant les années les plus dures. Son héritage le plus cher sera dans les mots de ses amis, ses lecteurs, ses anciens collègues et élèves après l’annonce de son départ éternel. Son héritage, avec celui de ma mère, sera dans nos cœurs, l’amour, la gratitude, la satisfaction et la paix. Cette paix qui n’a jamais quitté son beau sourire ni ses yeux qui brillaient jusqu’au dernier jour de sa vie.

Je t’aime Papa.


Papa est parti. Papa n’est plus.Le jour de ses funérailles, beaucoup de ses anciens amis zghortiotes étaient réunis chez mes parents autour de ma mère et la famille. Réunis comme ils l’étaient il y a plus de trente ans, chaque été à côté de cette même maison autour d’un grand feu et d’une grande marmite de moujadra ou d’andouillettes que ma mère préparait et que mon père...

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