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Agenda - Hommage

Farès Sassine et Jabbour Douaihy : citoyens du monde attachés au terroir, mais avides de liberté

Le Liban, non pas celui rongé par l’anémie, mais sa part préservée qui résiste par le rayonnement de l’esprit aux affres de l’effondrement, vient de subir une lourde perte. Oui ! Il y a du poison dans l’air. Rien n’est aussi vrai de nos jours que ce titre du dernier roman de l’écrivain Jabbour Douaihy qui a rendu son dernier souffle quelques heures plus tôt que son ami l’érudit Farès Sassine. Presque comme s’ils s’étaient tenu la main en faisant le grand saut.

Ils étaient de ces lumières qui, seules, empêchent aujourd’hui le Liban de sombrer dans une totale obscurité. Deux belles âmes transcendant les âmes pourries par la médiocrité. Deux défenseurs de la vie culturelle libanaise, l’antidote par excellence aux replis communautaires. Deux résistants. L’un en reconstituant par la fiction l’histoire intime du Liban. L’autre, fin connaisseur de cette histoire sous toutes ses coutures et fort d’un bagage philosophique, en opposant son regard critique à un amas d’évidences.

Des vaillants qui ne se lassaient jamais de nous nourrir généreusement des pouvoirs magiques des lettres de l’alphabet. Deux gardiens, l’un d’une langue arabe souffrant de maltraitance, l’autre de l’ouverture de cette langue aux autres cultures. Deux tenants d’une identité libanaise qui serait anémique sans cette ouverture. Deux regards percutants et curieux attachés à traquer la vérité au-delà des apparences. Deux citoyens du monde aussi attachés au terroir qu’avides de liberté.

Tant de choses restent à dire sur la richesse de ces deux hommes de lettres. Sur l’un et l’autre séparément, différemment.

Pour l’instant, une image prend la forme de leur absence. Celle de deux trous noirs dans notre paysage.

Farès et Jabbour, Jabbour et Farès nous manquent aujourd’hui et nous manqueront demain.

Et bien qu’inconsolables, songeons à leur présence plus tard dans la postérité parmi les belles pages de notre histoire nationale.

Paix à leurs âmes où qu’ils soient.

Amal MAKAREM

Le Liban, non pas celui rongé par l’anémie, mais sa part préservée qui résiste par le rayonnement de l’esprit aux affres de l’effondrement, vient de subir une lourde perte. Oui ! Il y a du poison dans l’air. Rien n’est aussi vrai de nos jours que ce titre du dernier roman de l’écrivain Jabbour Douaihy qui a rendu son dernier souffle quelques heures plus tôt que son ami...