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Dernières Infos - Explosions au port de Beyrouth

Frangié accuse le juge Bitar de n'avoir aucune preuve pour étayer ses accusations

Frangié accuse le juge Bitar de n'avoir aucune preuve pour étayer ses accusations

La double explosion au port de Beyrouth, le 4 août. Anwar Amro/Archives AFP

Le leader maronite du Nord et chef du courant Marada, Sleiman Frangié, a accusé mercredi le juge d'instruction près la Cour de Justice, Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, de n'avoir aucun élément probant dans son dossier concernant notamment le stockage du nitrate d'ammonium à l'origine de la déflagration, et d'accuser donc injustement les anciens ministres mis en accusation dans cette affaire, notamment Youssef Fenianos, qui est membre des Marada. Sleiman Frangié a estimé, dans cette perspective, que l'enquête était "politisée".

Le juge Bitar a demandé la levée de l'immunité de M. Fenianos ainsi que d'autres responsables politiques et sécuritaires, pour les inculper et engager des poursuites pour "éventuelle intention d'homicide" et "négligence et manquements". Le magistrat est depuis confronté à des tentatives d'obstruction de la part de la classe politique. Les députés, réunis le 10 juillet en commissions, n’avaient pas statué sur la requête du juge Bitar, et avaient requis davantage de documents, ce que ce dernier avait refusé, arguant du secret de l'enquête. Après la prise de position du magistrat, 26 parlementaires issus de trois blocs – Amal, le Hezbollah et le Futur – ont signé une pétition pour enclencher la procédure de mise en accusation par la Chambre des trois députés et anciens ministres, Nouhad Machnouk, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, ainsi que de M. Fenianos, dans ce qui est considéré comme une manière de chercher à contourner la justice.

"Nous n'avons pas signé la pétition qui a été présentée au Parlement", a indiqué M. Frangié à l'issue d'un entretien avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, au siège estival du patriarcat à Dimane (Nord). "L'immunité sera levée, a assuré M. Frangié, mais les ministres seront jugés devant la Haute Cour de justice chargée de juger les présidents et les ministres". "Je défie le juge Bitar de dire ce qu'il a" dans son dossier, a-t-il lancé, affirmant que les juges libanais étaient sous pression et que la justice pouvait être utilisée pour "faire pression sur un certain axe". "Je défie le juge Bitar de dire qui a apporté le nitrate d'ammonium et qui a puisé dans le stock. Il n'a aucune information et je sais qu'il n'en sait rien", a-t-il lancé. "Ce n'est pas le travail du ministre de savoir si le nitrate d'ammonium explose ou non", a jugé le chef des Marada, tandis que les 2.700 tonnes de nitrate d'ammonium, stockées depuis des années dans un hangar du port au vu et su des autorités, sans précautions de sécurité, sont la cause de la tragique déflagration du 4 août dernier qui a fait plus de 200 victimes et 6.500 blessés.

"Aucun des ministres n'est coupable", a déclaré Sleiman Frangié. "Nous sommes contre le sacrifice des ministres et nous exigeons un tribunal juste", a-t-il ajouté, soulignant qu' "ils ont le droit de se défendre". "Nous sommes toujours dans un pays libre et démocratique. Une personne est innocente jusqu'à ce que sa culpabilité soit prouvée", a-t-il assuré. "Il y a une différence entre l'injustice et la vérité. Nous sommes contre l'injustice, mais nous ne sommes pas contre la vérité", a-t-il précisé.

Par ailleurs, le leader des Marada a estimé que le plus important à l'heure actuelle était la formation d'un gouvernement, attendu depuis près d'un an au Liban, en proie à un effondrement socio-économique total. "Que pouvons-nous dire des conditions dans lesquelles nous vivons ? Il n'y a plus de classe moyenne dans le pays", a-t-il déploré.

A ce propos, le leader des Marada a annoncé que le groupe parlementaire affilié à son parti nommera soit Fayçal Karamé, soit Najib Mikati lors des consultations contraignantes de lundi car "nous entretenons avec eux une relation personnelle".

Interrogé par des journalistes présents à Dimane sur la participation de sa formation au futur cabinet, M. Frangié a souligné que cela dépendrait de "sa forme". "S'il s'agit d'un gouvernement formé d'une seule partie, nous n'y participerons pas, tout comme si le mandat (le tandem Baabda/Courant patriotique libre, ndlr) y obtient plus d'un tiers des ministres", a-t-il précisé. "Je soutiens tout gouvernement qui travaille à résoudre les problèmes du pays, que nous faisions partie de cette équipe ou pas", a-t-il concédé. 

Le leader maronite du Nord et chef du courant Marada, Sleiman Frangié, a accusé mercredi le juge d'instruction près la Cour de Justice, Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, de n'avoir aucun élément probant dans son dossier concernant notamment le stockage du nitrate d'ammonium à l'origine de la déflagration, et d'accuser donc...