
Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammad Ben Salmane (à gauche), et Saad Hariri, alors Premier ministre du Liban, à La Mecque (Arabie saoudite), le 1er juin 2019. Photo BANDAR AL-JALOUD / AFP
Le président libanais Michel Aoun, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, des chefs de partis, des cadres du Hezbollah et des responsables sécuritaires ont tous été ciblés par le logiciel espion Pegasus, conçu par l'entreprise israélienne NSO Group, pour le compte de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis en 2018 et 2019, a révélé lundi soir le quotidien français Le Monde dans un article de Benjamin Barthe intitulé "Au Liban, les monarchies du Golfe surveillent autant leurs amis que leurs ennemis".
Introduit dans un smartphone, le logiciel Pegasus permet d'en récupérer les messages, photos, contacts et même d'écouter les appels de son propriétaire.
Dans la liste des personnes dont le numéro a été sélectionné comme cible potentielle de Pegasus, le logiciel espion de la société israélienne NSO Group, on "trouve les coordonnées téléphoniques du président de la République, Michel Aoun, de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, de l’ex-ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, du chef d’un des principaux services de sécurité, Abbas Ibrahim, du gouverneur de la banque centrale Riad Salamé, de cadres du Hezbollah, le mouvement chiite pro-iranien, et d’une pléthore de ministres, de journalistes et d’ambassadeurs", résume Le Monde.
Environ 300 numéros commençant par +961
Dans un "immense registre" que Le Monde a pu consulter "figurent environ 300 numéros commençant par +961, l’indicatif du Liban". "Faute d’avoir pu rechercher dans les smartphones correspondant à ces numéros des traces techniques d’une intrusion, il n’est pas possible à ce stade de dire si ces appareils ont été effectivement infectés", précise le quotidien.
"Ce que l’on sait, c’est qu’un ou plusieurs numéros appartenant aux personnalités mentionnées dans cet article ont été présélectionnés en 2018 et 2019 par l’Arabie saoudite et/ou les EAU, deux acheteurs de Pegasus, pour une éventuelle mise sous surveillance, est-il ajouté. Sur les 67 téléphones que les partenaires du Projet Pegasus ont pu faire examiner, 37 d’entre eux portaient des traces d’une infection par le logiciel espion israélien".
Selon le quotidien français, "les numéros de plusieurs proches (de M. Hariri), comme Nohad Machnouk, un cadre du Courant du futur, et Nader Hariri, son cousin et ancien chef de cabinet, vont aussi être sélectionnés, durant l’année 2019, par l’Arabie saoudite, dans l’optique d’un éventuel piratage". "Riyad et Abou Dhabi ont procédé de la même façon avec le camp aouniste. Le numéro de Michel Aoun a été intégré dans la liste des potentielles cibles de l’Arabie saoudite en 2019, et celui de son gendre, Gebran Bassil, l’a été par l’Arabie et les EAU en 2018 et en 2019, époque où il officiait comme ministre des affaires étrangères", ajoute le quotidien.
Le numéro de Samir Geagea
Dans ce listing figurent aussi, les numéros de plusieurs responsables du Hezbollah comme celui du chef de la sécurité du parti, Wafik Safa, ou ceux des députés Ali Fayyad et Hassan Fadlallah. Leurs numéros ont été sélectionnés, en 2017, par les Emirats arabes unis. "Le numéro de Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry, le chef du Parlement, a été sélectionné en 2019 par les EAU, alors qu’il était ministre des finances", ajoute Le Monde. Celui d’Abbas Ibrahim, chef de la Sûreté générale, a été sélectionné comme cible potentielle à de multiples reprises, entre 2018 et 2019, par l’Arabie et les Emirats.
"Plus surprenant", selon Le Monde, se trouvent aussi dans ce listing les numéros du chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea. Ils ont été sélectionnés en 2019 par l’Arabie saoudite, comme celui de Ghassan Hasbani, haut dirigeant des FL. Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, apparaît aussi dans le registre d’un client de NSO. Son numéro a été sélectionné en 2019 à l’initiative de l’Arabie saoudite.
Des organisations de défense des droits humains, des médias, l'Union européenne et des gouvernements s'indignaient lundi des révélations sur l'espionnage à l'échelle mondiale de militants et de journalistes au moyen du logiciel Pegasus, conçu par l'entreprise israélienne NSO Group.
L'enquête qui renforce les soupçons pesant de longue date sur cette société, publiée dimanche par un consortium de 17 médias internationaux, se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France, Forbidden Stories ("histoires interdites") et l'ONG Amnesty International, comptant selon eux 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle. La liste comprend les numéros d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d'entreprise, d'après l'analyse du consortium - comprenant les quotidiens français Le Monde, britannique The Guardian et américain The Washington Post - qui en a localisé beaucoup au Maroc, en Arabie saoudite ou au Mexique.
Lire l'intégralité de l'article du Monde : ici
Le président libanais Michel Aoun, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, des chefs de partis, des cadres du Hezbollah et des responsables sécuritaires ont tous été ciblés par le logiciel espion Pegasus, conçu par l'entreprise israélienne NSO Group, pour le compte de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis en 2018 et 2019, a révélé lundi soir le quotidien français Le Monde dans un...
commentaires (9)
Ca mérite bien un fou rire … ils se surveillent tous mutuellement. Isarël a surveillé tout le monde et parsème les renseignements en goute à goute, elle a foutu un bordel sans nom parmi tous amis, alliés, sympathisants et ennemis. Maintenant personne ne sait plus qui pense quoi ? ni qui fait quoi, et avec qui ? ni pour qui ? Digne d’un film hitchcockien. J’aime beaucoup cet épisode qui remet les pendules à l’heure, et qui n’a pas l’heur de plaire à tout le monde. Il y a quand même ceux qui se croient intouchables et qui se planquent au quanrante-douzième sous-sol. Très belle pièce de vaudeville surement à rebondissement. lol
Le Point du Jour.
10 h 13, le 21 juillet 2021