Quatre morts dans une explosion à Port-Soudan sur fond d'insécurité

Quatre personnes ont été tuées lors d'une explosion survenue dans un club sportif très fréquenté à Port-Soudan (est), sur fond d'insécurité croissante et de "conflit tribal", a rapporté dimanche le Comité central des médecins.

Samedi soir, un engin "a explosé au club Al-Amir, tuant quatre personnes" et trois autres personnes ont été blessées par balle ou par arme blanche, a annoncé dans un communiqué le Comité central des médecins, fondé en 2016 pour représenter la communauté médicale soudanaise. Selon le syndicat indépendant, un "conflit tribal" est à l'origine de l'incident. Il a appelé les forces de sécurité à intervenir.

Ces derniers jours, une série d'incidents violents ont ensanglanté la ville côtière. L'explosion de samedi est survenue quelques heures après une tentative d'attentat à l'explosif contre un hôtel et le meurtre d'un homme dans les transports en commun. La veille, des personnes non identifiées avaient également attaqué les forces de sécurité de la ville.

Selon des médias locaux, ces troubles sont liés au refus de la tribu locale des Hedendoa, issue du peuple Bedja, d'adhérer à un accord de paix historique signé en octobre 2020 à Juba (Soudan du Sud) entre Khartoum et des groupes rebelles. En particulier, les Hedendoa craignent d'être sous-représentés au sein des nouveaux organes législatifs et exécutifs régionaux prévus par le texte.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées dimanche devant le bureau du procureur à Port-Soudan, demandant à ce que les auteurs de l'attentat de samedi soient traduits en justice, selon des témoins.

Les autorités locales ont annoncé dans un communiqué que l'un des criminels avait été arrêté. Des témoins avaient indiqué samedi que l'attentat avait été mené par des hommes non identifiés à moto. Des manifestants mobilisés contre l'insécurité qui fait rage dans le pays ont par ailleurs bloqué des routes, en signe de protestation.

De son côté, le Premier ministre Abdallah Hamdok a tenu une réunion d'urgence réclamant "de strictes mesures de sécurité" pour contenir la violence. Au total, cinq personnes ont péri durant la seule journée de samedi et six ont été blessées, selon les autorités.

Le Soudan est dirigé depuis août 2019 par un gouvernement civilo-militaire, après la destitution de l'ex-autocrate Omar el-Béchir au terme de plusieurs mois de manifestations contre son pouvoir. Le gouvernement de transition cherche à tourner la page de décennies de conflits internes, mais est aux prises avec de nombreux autres défis, à commencer par une économie en lambeaux.