Les interminables – et désormais habituelles – files d’attente d’automobilistes agglutinés devant les quelques pompes à essence encore ouvertes semblent devenir le lot quotidien des Libanais. La belle époque de l’essence bon marché, avec des stations-service qui accueillaient les automobilistes jusque dans les endroits les plus escarpés, semble bel et bien révolue. Une situation générée par les délais de traitement imposés par la Banque du Liban (BDL), qui subventionne de facto les importations d’essence, de mazout et de gaz domestique depuis le début de la crise économique et financière il y a près de deux ans. Ces délais se répercutent par ricochet sur l’approvisionnement des stations-service en essence, des générateurs en mazout ou encore des boulangeries en gaz, pour ne citer que ces trois exemples.
L’incertitude permanente et les informations contradictoires qui circulent au sujet des règlements des prochaines cargaisons commandées pour alimenter le marché local et des prix auxquels elles seront vendues contraignent les Libanais à s’organiser à court terme. Selon plusieurs sources au sein de la filière de distribution, la pression devrait être moins forte cette semaine à la suite du déchargement de six navires-citernes entre jeudi dernier et aujourd’hui, ce qui devrait permettre à plusieurs stations-service, dont les stocks ont été épuisés, de rouvrir.
Priorité aux hôpitaux, boulangeries et groupes électrogènes
Un scénario évoqué ce week-end par le représentant des distributeurs de carburant, Fadi Abou Chacra, et qui a été confirmé hier par celui du syndicat des propriétaires de stations-service, Georges Brax, pour qui « les problèmes » liés à l’ouverture des crédits par la BDL pour deux des trois navires restants ont été résolus hier en milieu de journée. Les trois premiers tankers avaient commencé à être déchargés jeudi dernier, selon les propos de Fadi Abou Chacra.
Celui-ci avait assuré que le mazout déchargé serait livré en priorité aux hôpitaux, aux boulangeries et aux propriétaires de générateurs privés, lesquels fournissent du courant pendant les heures de rationnement d’Électricité du Liban (EDL). Hier, le président du syndicat des boulangers, Ali Ibrahim, a affirmé que la pénurie de mazout qui avait fait craindre l’arrêt de production de pain était « en voie de résorption après que les installations pétrolières de Zahrani (Liban-Sud) eurent commencé à livrer le carburant au marché local lundi ».
Loin d’amorcer un retour à la normale, cela devrait toutefois se traduire par une baisse du rationnement en essence que certaines stations-service imposent aux automobilistes et une baisse du nombre de véhicules faisant la queue. « Il est toutefois très probable que de nombreux automobilistes se ruent sur les stations-service aujourd’hui, vu que le ministère de l’Énergie et de l’Eau met les prix à jour mercredi, et que ces derniers n’ont pas cessé de grimper », pronostique une source près des distributeurs.
Des prix encore trop bas pour décourager la contrebande
Ces prix sont fixés selon une grille tarifaire qui tient compte des cours mondiaux des carburants globalement en hausse (pétrole et gaz, mais dans des proportions moindres pour le second) et de certains coûts fixes calculés selon la parité dollar/livre sur le marché parallèle (en hausse également, à plus de 17 500 livres pour un dollar hier). L’impact de la parité dollar/livre doit en théorie être moins important qu’il ne l’était avant la modification des modalités du mécanisme de subventions sur les importations de carburant. Si l’ancien système permettait aux importateurs d’échanger leurs livres contre des dollars délivrés par la BDL à la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar afin d’assurer 90 % des montants de leurs factures, avec à charge pour eux de fournir les 10 % restants, le nouveau système, entériné par un accord exceptionnel entre la présidence, l’exécutif et la banque centrale, leur permet en effet d’obtenir 100 % des dollars requis à un taux de 3 900 livres.
La dernière modification des prix par la Direction des installations pétrolières, rattachée au ministère de l’Énergie, a été faite jeudi dernier après un premier amendement mardi, dans le sillage de la modification du mécanisme, à un niveau jugé insuffisant par les distributeurs, qui avaient assuré que certains éléments habituellement pris en compte pour le calcul n’avaient pas été retenus. Les 20 litres d’essence 95 octane sont depuis vendus à 70 100 livres, contre 72 200 livres pour ceux d’essence 98 octane (un carburant qui n’est quasiment plus importé sur le marché local), et 54 400 livres pour ceux de mazout, des niveaux plus élevés d’au moins 50 % en moyenne par rapport à ceux affichés il y a encore dix jours, selon nos calculs – sauf pour le gaz, qui a augmenté de plus de 30 %.
Si ces hausses sont très importantes, surtout pour les ménages dont les revenus sont en livres, les prix actuels sont encore trop bas pour décourager les trafiquants qui siphonnent une partie du carburant importé pour le revendre en Syrie, où les prix sont encore plus élevés sur le marché noir, le pays, en conflit depuis 2011 étant ciblé par des sanctions internationales. « Il est difficile d’imaginer une résolution de la crise du carburant sans régler celui de la contrebande », commente la source précitée, rejointe par Georges Brax sur ce point. Plusieurs voix considèrent qu’il faudrait arrêter de subventionner les importations de carburant pour mettre fin à ce trafic, ce qui ferait grimper le prix des 20 litres d’essence aux abords des 200 000 livres, selon une estimation livrée en juin par le ministre sortant de l’Énergie, Raymond Ghajar.
En attendant qu’une décision pérenne soit prise, le Liban continue de naviguer à vue dans la cacophonie ambiante. En milieu d’après-midi, des « sources syndicales », contactées par la Voix du Liban, ont ainsi démenti des informations diffusées un peu plus tôt par la MTV, citant d’autres sources tout aussi anonymes indiquant que les quantités de carburant ne suffisaient que pour sept jours et appelant les Libanais à limiter leurs déplacements.
Enfin, les tensions provoquées par cette situation se poursuivent. Dans un communiqué relayé par l’Agence nationale d’information, les propriétaires de stations-service de Choueifat (sud de Beyrouth) ont par exemple annoncé qu’ils allaient fermer leurs portes après que l’un d’entre eux eut été menacé par un automobiliste armé.
OLJ, CE N,EST PAS MOI QUI DEMANDE DE REAGIR. ON ME LAISSE, JE LE FAIS. MERCI. - LA CONTREBANDE NE S,ARRETERA PAS SI HAUT QUE GRIMPENT LES PRIX. LES SYRIENS QUI EN MANQUENT ENORMEMENT SERONT PRETS A PAYER DE PLUS EN PLUS. LA DEMANDE SYRIENNE AVIVE LA CONTREBANDE D,ICI. ET LES MAFIEUX S,EN DONNENT A COEUR JOIE.
14 h 18, le 06 juillet 2021