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Nos Lecteurs ont la Parole

Quel Liban sans l’identité adulte ?

« En psychothérapie, une des choses frustrantes et difficiles est d’avoir affaire à un patient qui reste très factuel, qui se contente de relater des faits extérieurs... n’évoque pas son vécu par rapport à ces faits… en un mot, n’en “fait” rien. Parfois, après un moment dans la séance qui nous semble important, car des ponts ont enfin été esquissés, une signification s’ébauche, nous pensons avancer ; et puis tout s’écroule quand revient encore la même question : “Et maintenant, qu’est-ce que je fais avec ça ?” »Laurie Hawkes, dans Actualités en analyse transactionnelle 2010/2 (n° 134).

Tant de Libanais se démènent dans la misère et l’angoisse extrêmes. D’autres, dont les composantes unifiées de la société civile communiquent, à partir de plates-formes structurées, des vues et des solutions applicables afin de reconstruire un État effectivement démocratique. Néanmoins, il est très grave de constater que les attentes et l’espoir d’un lendemain meilleur sont surtout basés sur la logistique verbale remarquable et pointue des uns et des autres, alors que le présent d’une large part de la population demeure cloisonné au passé. Celui où règne le suivisme inconditionnel du père, de la mère, de l’aîné et de l’élu médiocre pour perpétuer des formes sociales convenues traditionnellement ou obligées !

La non-expérience d’une conscience civile délibérée et assumée progressivement depuis le jeune âge continue d’oblitérer chez tant de Libanais l’identité de l’adulte indépendant.

À l’issue de l’Angélus, le pape François a décrété, dimanche 30 mai, qu’une journée de rencontre serait organisée, le 1er juillet au Vatican, avec les principaux responsables des communautés chrétiennes libanaises, pour réfléchir à la « situation inquiétante du pays, et pour prier ensemble pour le retour de la paix et de la stabilité ». « Je confie cette intention à l’intercession de la Mère de Dieu tant vénérée au sanctuaire de Harissa et à partir de maintenant je vous demande d’accompagner la préparation de cet événement par une prière solidaire (…) », a ainsi poursuivi, place Saint-Pierre, le pape François*.

Ce geste lumineux suffira-t-il pour ceux qui, malgré l’abîme où ils se trouvent, misent sur le culte de la personnalité ou du parti ? Beaucoup de Libanais se dirigent, malgré le désastre économique et sociétal actuel, non pas vers la correction de flagrantes irresponsabilités citoyennes, mais vers des attaches exclusives ou effrénées. Cependant, afin de fonder une indépendance strictement nationale, il s’agira de composer en chacun de nous et puis ensemble les étapes du changement.

À vous, les vainqueurs par la cohérence de la dynamique démocratique, le chemin le plus court n’est-il pas d’abord ce passage du cauchemar climatisé intérieur à l’autocritique généralisée, dans l’ici et le maintenant, afin que la parole engage l’individu à l’acte associé, utile et visible ?

*Malo Tresca, « La Croix » du 30 mai 2021.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« En psychothérapie, une des choses frustrantes et difficiles est d’avoir affaire à un patient qui reste très factuel, qui se contente de relater des faits extérieurs... n’évoque pas son vécu par rapport à ces faits… en un mot, n’en “fait” rien. Parfois, après un moment dans la séance qui nous semble important, car des ponts ont enfin été esquissés, une signification...

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