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Politique - Tracé des frontières maritimes

Desrocher au Liban, Beyrouth lâche du lest

Le chef de l’État, Michel Aoun, a demandé à l’émissaire américain de redoubler d’efforts pour relancer les pourparlers.

Desrocher au Liban, Beyrouth lâche du lest

L’émissaire américain John Desrocher avec le président Michel Aoun. Photo ANI

À l’issue de la visite impromptue hier au Liban de l’émissaire américain John Desrocher, en charge du dossier des négociations indirectes entre le Liban et Israël sur la démarcation de la frontière maritime, une question se pose. Cette visite de deux jours verra-t-elle une relance des négociations pour le tracé de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël, d’autant que la partie libanaise semble lâcher du lest après plusieurs mois de surenchère, tout en disant s’accrocher au respect du droit international ? Le président de la République, Michel Aoun, a en effet demandé à l’émissaire US, depuis le palais de Baabda où il le recevait dans la matinée, « de redoubler d’efforts auprès des nouveaux dirigeants israéliens pour relancer ces pourparlers ». Il a ainsi fait part de « la volonté libanaise de poursuivre les négociations bilatérales indirectes qui se déroulent à Naqoura, sous l’égide des Nations unies et le parrainage américain, dans l’objectif d’aboutir à un accord sur le tracé des frontières maritimes qui respecte les droits des deux parties sur base du droit international ». Mais en estimant par la même occasion que l’État hébreu « ne pouvait pas imposer son point de vue de manière unilatérale ». Ce sont les seules informations qui ont filtré de la rencontre entre M. Desrocher et le président Aoun. Rencontre qui a été suivie de réunions à Yarzé avec le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, et les membres de la délégation de négociateurs libanais formée du général Bassam Yassine, chef d’état-major adjoint pour les opérations au sein de l’armée libanaise, du colonel Mazen Basbous, anciennement adjoint du commandant des forces maritimes, de Wissam Chbat, président sortant du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie (LPA, principalement chargée de suivre le dossier des hydrocarbures au Liban), et de Nagib Massihi, expert en droit international et spécialiste du dossier de la frontière maritime.

Le parrain américain cherche à tâter le terrain

Au-delà de cette invite claire du chef de l’État à relancer les négociations, la visite libanaise de l’émissaire américain, facilitateur et modérateur des pourparlers, n’a en fait d’autre objectif que de tâter le terrain, histoire de voir s’il est possible de remettre le dossier sur les rails, comme l’affirment différentes parties locales proches du dossier. Car après plusieurs mois de blocage depuis décembre 2020 et une reprise sans lendemain, le 4 mai dernier, toujours sous l’égide de l’ONU et des États-Unis, les deux parties ne sont toujours pas d’accord sur l’ampleur de la zone contestée. Et pour cause, après avoir réclamé ses droits sur 860 km2 au sein de la zone contestée il y a dix ans déjà et présenté à l’ONU sa ligne 23 de démarcation, le Liban, depuis fin 2020 et par le biais de la délégation libanaise, brandit la menace de revendiquer sa souveraineté sur 1 430 km2 en plus de la zone disputée, se basant sur un rapport publié en 2011 par le United Kingdom Hydrographic Office. Chose qui a poussé la partie israélienne, surprise et mécontente, à interrompre les négociations.

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Rappelons que pour être concrétisé, le projet libanais de révision de sa frontière maritime méridionale nécessite la signature du président Aoun, dans le sens de l’amendement du décret 6433/2011 qui lui a été transféré depuis avril dernier par le Premier ministre sortant, Hassane Diab, après signature des ministres sortants des Transports, Michel Najjar, et de la Défense, Zeina Acar. Ce qu’il s’est abstenu de faire, estimant que promulguer cet amendement reviendrait « à mettre un terme aux négociations ».

L’objectif, une solution équitable

Dans les milieux aounistes, on assure que M. Desrocher est venu au Liban « pour relancer le dossier, car le blocage est impensable ». « Côté libanais, la tendance est donc à la flexibilité dans les pourparlers. Mais il ne s’agit pas pour autant de se désister du droit du Liban », explique-t-on encore. Quant au décret qui, s’il était signé, signifierait la fin des négociations, la partie libanaise y reste attachée, juste comme une carte à brandir en cas de blocage. « C’est juste pour montrer que nous ne commençons pas de nulle part », précise-t-on.

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« Reprendre les négociations est d’ailleurs dans l’intérêt de toutes les parties », soutient un expert proche du dossier. D’une part, aussi bien le Liban qu’Israël sont impatients d’exploiter leurs hydrocarbures, d’autre part, le parrain américain entend bien « briser la paralysie ambiante » et « aboutir à une solution ». D’où la visite libanaise de l’envoyé américain, « qui se rendra ensuite en Israël, pour discuter avec la nouvelle administration dirigée par Naftali Bennett ». Sauf que pour le pays du Cèdre qui traverse une crise inédite, trouver une solution est bien plus qu’une nécessité. « C’est une obsession, avec pour référence la législation internationale », observe ce même expert. Autrement dit, le Liban ne s’accroche pas à la ligne 29 de démarcation qui a fait capoter les négociations. « Les autorités sont ouvertes à toute solution acceptable qui préserve le droit du pays », souligne-t-il. Car l’amendement du décret n’est pas l’objectif. « Ce décret n’est qu’un moyen de parvenir à une solution équitable qui préserve le droit du Liban et celui de toutes les parties. » Que de mois perdus dans une surenchère inutile, pour finalement retourner à la case départ…

À l’issue de la visite impromptue hier au Liban de l’émissaire américain John Desrocher, en charge du dossier des négociations indirectes entre le Liban et Israël sur la démarcation de la frontière maritime, une question se pose. Cette visite de deux jours verra-t-elle une relance des négociations pour le tracé de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël, d’autant...

commentaires (7)

"… Le parrain américain cherche à tâter le terrain …" - eh oui, attention aux faux pas, le Liban Fort est à ça d’imposer des sanctions aux États-Unis d’ Amérique!…

Gros Gnon

22 h 44, le 15 juin 2021

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • "… Le parrain américain cherche à tâter le terrain …" - eh oui, attention aux faux pas, le Liban Fort est à ça d’imposer des sanctions aux États-Unis d’ Amérique!…

    Gros Gnon

    22 h 44, le 15 juin 2021

  • POURQUOI QUAND JE DIS LA VERITE QUE TOUS CONNAISSENT QUE LE LACHAGE DE LEST C,EST POUR NEGOCIER LES SANCTIONS DU GENDRE, VOUS CENSUREZ MA LIBRE EXPRESSION DE LA VERITE ? VEUILLEZ PUBLIER. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 03, le 15 juin 2021

  • CE N,EST PAS BEYROUTH QUI LACHE DU LEST. C,EST LE BEAU-PETRE QUI NEGOCIE POUR LES SANCTIONS CONTRE SON GENDRE. ON SE DEPARTI DE NOS DROITS POUR SAUVER LE GENDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 12, le 15 juin 2021

  • Chère madame Entamer , suspendre puis reprendre les négociations autour de l'épineux dossier des délimitations des frontières maritimes ne sont du temps perdu en faveur d Israël qui en fait déjà ses choux gras . Priorité au voisin, le chouchou des amerloks . À ce train, qui peine à démarrer ,le Liban commencera le forage aux calendes grecques.

    Hitti arlette

    13 h 47, le 15 juin 2021

  • Censurée par un modérateur frileux?

    Sissi zayyat

    13 h 28, le 15 juin 2021

  • ON A JOUE AU PLUS MALIN ET MAINTENANT ON IMPLORE. QUELLE DECADENCE ! CHASSEZ CES IRRESPONSABLES QUI ONT TOUT DETRUIT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 41, le 15 juin 2021

  • Chère Anne-Marie El-HAGE, vous semblez cautionner le renoncement du Liban à ses droits inaliénables que vous appelez « surenchère inutile ». Je ne sais pas si vous avez bien suivi le dossier mais le problème n’est pas la surenchère mais l’incompétence de ceux qui se sont occupés de ce dossier de 2011 jusqu’à présent!

    GEARA MARC

    10 h 23, le 15 juin 2021

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