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Monde - Focus

Avec la fin de Barkhane, Macron veut reprendre la main sur sa politique africaine

Avec la fin de Barkhane, Macron veut reprendre la main sur sa politique africaine

À Bamako, un homme regarde les journaux locaux titrant en une la fin de l’opération Barkhane au Mali. Annie Risemberg/AFP

En annonçant la fin de l’opération Barkhane au Sahel, Emmanuel Macron veut reprendre le contrôle de sa politique africaine de rupture avec la Françafrique, récemment mise à mal par les soubresauts au Tchad et au Mali, tout en satisfaisant son opinion publique.

« Je ne pense pas qu’on puisse se substituer à un peuple souverain pour construire son bien à la place de lui-même » : jeudi, le président français a adressé un message clair aux pays africains partenaires de l’opération antijihadiste au Sahel.

Après huit années d’engagement massif, ces déclarations sonnent comme un constat d’échec, même si la ministre de la Défense Florence Parly a assuré hier que les armées sahéliennes étaient « en mesure de faire face » à leurs ennemis.

« C’est l’accélération d’une stratégie pensée il y a plusieurs mois. Il voulait déjà transformer Barkhane, une opération où la France était seule et qui était jugée comme inadaptée », estime l’expert des questions africaines Antoine Glaser.

« Là, il donne un coup de pied dans la fourmilière pour essayer de reprendre sa stratégie : pas d’armée française seule dans le Sahel, mais une coalition internationale avec les Européens en fer de lance », ajoute-t-il.

« Couleuvres avalées »

En appelant jeudi à une « alliance internationale », articulée autour du groupement de forces spéciales Takuba, Emmanuel Macron veut donc voir ses partenaires européens s’engager davantage dans ce combat. Une façon de redonner de la cohérence avec sa vision de la politique africaine de la France, esquissée dans le discours de Ouagadougou, quelques mois après son élection en 2017.

Car l’idée d’une France moins en première ligne sur le continent, en rupture avec la « Françafrique » a récemment été mise à mal. Au Mali, d’abord, où la France n’a pas pu empêcher deux coups d’État en neuf mois. Mais aussi au Tchad où la mort d’Idriss Déby a donné lieu à une succession dynastique, qu’Emmanuel Macron a dû malgré lui adouber pour ne pas risquer de perdre un précieux allié dans la lutte antijihadiste dans la région.

Sans oublier les campagnes d’opinion alimentées par la Russie, selon certains responsables français, dénonçant le caractère colonial de l’intervention militaire française.

« Macron est toujours sur cette stratégie de sortir la France d’un tête-à-tête avec l’Afrique. Mais au Mali, il a dû avaler plusieurs couleuvres, le coup d’État du mois d’août, la libération de 200 jihadistes en échange d’otages, la prise de pouvoir d’Assimi Goïta... » détaille Antoine Glaser.

« Les derniers événements au Tchad et au Mali ont montré les limites de l’approche qui a été adoptée jusque-là. Mais il faut aussi avoir en tête des éléments de politique intérieure qui ont toujours un poids dans ces décisions », ajoute Gilles Yabi, président du centre d’analyses Wathi, basé à Dakar.

2022 en vue

Car à l’heure où l’opinion publique française est de moins en moins favorable à ce genre d’interventions à l’étranger, le retrait de Barkhane est un moyen pour le président français d’éviter un sujet épineux pendant la campagne présidentielle, à moins d’un an de l’élection. « Force est de constater qu’il y a un phénomène d’usure et un sentiment généralisé qu’on perd le fil de ce pourquoi nous sommes là », a reconnu le président français, jeudi devant la presse.

Même s’il se défend de baser ses « choix stratégiques ou militaires sur les sondages », Emmanuel Macron « a tout intérêt à se présenter à la présidentielle de 2022 en montrant qu’il a géré efficacement ce dossier et ne met plus des vies françaises inutilement en danger », souligne un membre de la majorité.

Alors que restera-t-il de la politique africaine de M. Macron au moment de juger son quinquennat ?

Si la très symbolique sortie de la France de la gestion du franc CFA – qui doit devenir l’eco – semble laborieuse à mettre en œuvre, plusieurs réussites sont à mettre à son actif. Il a notamment réussi à renouer une relation apaisée avec le Rwanda en reconnaissant la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi en 1994.

La restitution d’ici à la fin de l’année de 26 pièces au Bénin provenant du « Trésor de Béhanzin », pillé au palais d’Abomey en 1892 pendant les guerres coloniales, est un autre acte fort de ce quinquennat.

Reste à savoir si cette stratégie du « soft power », y compris dans des pays anglophones loin du pré carré habituel de la France sur le continent, portera ses fruits face à la concurrence aiguisée chinoise, russe, voire turque, sur le continent.

Source : AFP

En annonçant la fin de l’opération Barkhane au Sahel, Emmanuel Macron veut reprendre le contrôle de sa politique africaine de rupture avec la Françafrique, récemment mise à mal par les soubresauts au Tchad et au Mali, tout en satisfaisant son opinion publique.
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