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Dernières Infos - Port de Beyrouth

Dix mois après la double explosion, des proches des victimes réclament toujours justice

Dix mois après la double explosion, des proches des victimes réclament toujours justice

Des portraits des victimes de la double explosion du 4 août accrochés devant le port de Beyrouth, le 4 juin 2021. Photo Matthieu Karam

Plusieurs dizaines de proches des victimes de la double explosion du 4 août se sont réunis vendredi devant le port de Beyrouth, au dixième mois passé depuis le drame, afin de rendre hommage aux victimes et d'appeler à ce que justice soit rendue. La double déflagration au port de Beyrouth a fait plus de 200 victimes et dévasté des quartiers entiers de la capitale. Dix mois plus tard, l'enquête menée par la justice libanaise n'a toujours pas permis d'identifier les causes et les responsabilités de ce drame. 

Vers 16h30, les proches des victimes se sont réunis à proximité de la statue de l'émigré, devant le port, au son de chansons tristes écrites en hommage aux victimes et à Beyrouth. Marqueur à la main, les personnes présentes ont écrit des messages en mémoire des victimes sur les blocs de béton longeant la route et sur lesquels a été peinte une fresque. Un peu plus loin, des portraits des victimes ont été accrochés sur un câble, face aux silos éventrés par la déflagration.

Une femme accroupie devant la fresque peinte en mémoire des victimes du 4 août, à Beyrouth. Photo Mohammad Yassine

Tournant le dos au port, Abdo Matta, père de Charbel Matta, un jeune agent de la Sécurité de l’Etat tué dans l’explosion, tire sur une cigarette, le regard perdu dans le vide. "Si d’ici le 4 août, je n’apprends pas la vérité sur ce qui s'est passé, je fais vais faire une explosion plus grande que celle du port. Je n’ai plus rien à perdre, je n'ai plus personne", déclare ce sexagénaire, qui porte un portrait de son fils, à notre journaliste sur place Matthieu Karam. 

"Dévasté"
Kayan, la cinquantaine, a perdu son frère Mohammad. Il balbutie quelques mots, les yeux emplis de larmes : "Aujourd’hui je me sens dévasté. Tout le monde l’est ici, d'ailleurs. Nous attendons que justice soit faite, pour que mon frère et pour toutes les victimes", affirme-t-il à notre journaliste sur place Agnès Robini.

Le porte-parole des familles des victimes, Ibrahim Hoteit, a de son côté déclaré, dans un discours, qu'"aucune entreprise, organisation ou investisseur ne pourront travailler à la reconstruction du port et aucun clou ne pourrait être planté tant que la vérité ne sera pas connue". "Les députés doivent lever l'immunité de toute personne mise en accusation dans cette affaire", a-t-il réclamé. "Tout groupe parlementaire qui ne votera pas en faveur d'une telle levée de l'immunité sera considéré comme notre ennemi", a-t-il averti. Il a par ailleurs appelé à ce que le 4 août soit déclaré "journée de deuil national".

Jeudi soir, le juge d'instruction près la cour de justice, Tarek Bitar, a affirmé que le volet technique de l'enquête serait achevé dans les prochaines semaines et qu'il se donnait deux mois pour déterminer les causes du drame. Il a également fait savoir que l'une des trois hypothèses qui pourraient expliquer l'explosion a été écartée à hauteur de 70%, sans toutefois spécifier laquelle. 

Commentant dans un tweet le manque d'avancée de l'enquête, la coordinatrice spéciale adjointe des Nations Unies pour le Liban, Najat Rochdi, a estimé que les proches des victimes "méritent de connaître la vérité". "10... 10... 10... C'est le nombre de mois qui se sont écoulés depuis l'explosion de Beyrouth. Des milliers de familles attendent, depuis, des réponses. Des centaines de personnes doivent faire le deuil d'êtres qui leur étaient chers. Elles méritent de connaître la vérité, elles méritent des réponses", a-t-elle écrit, 

Plusieurs dizaines de proches des victimes de la double explosion du 4 août se sont réunis vendredi devant le port de Beyrouth, au dixième mois passé depuis le drame, afin de rendre hommage aux victimes et d'appeler à ce que justice soit rendue. La double déflagration au port de Beyrouth a fait plus de 200 victimes et dévasté des quartiers entiers de la capitale. Dix mois plus tard,...