
Cette constance ontologique, propre à âme qui refuse de se résigner face à la médiocrité et la fatalité, est ce qui l’aura sans doute incité à livrer aujourd’hui ce nouvel opus intitulé Le Liban d’hier à demain, qui pourrait être comparé à un kit de survie politique ou un manuel visant à préserver les possibilités d’une bonne santé politique dans un univers libanais relevant désormais beaucoup plus de l’asile psychiatrique que de la société politiquement organisée. Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si l’auteur a fait l’impasse dans le titre de l’ouvrage sur le « présent » libanais, qui paraît littéralement hors du temps historique, avec ses débats et ses rhétoriques passéistes, ses pratiques personnelles du pouvoir issues d’un autre âge, ses conceptions archaïques de la participation politique, sa réduction de l’individu à la horde primitive ou encore sa servitude volontaire ancestrale face aux tyrans extra-muros. Pour accompagner Nawaf Salam au chevet du « Liban malade » – en détournant la formule propre à l’Empire ottoman en déliquescence autrefois chère à son ami et compagnon de route Samir Kassir – et dans une volonté de relancer le débat politique sur des bases réformatrices et sur l’avenir, loin de la rouille et la sclérose, L’Orient littéraire a pris l’initiative de convier neuf plumes, neuf experts de différents horizons professionnels, académiques et politiques pour discuter les différentes thématiques abordées dans l’ouvrage. En espérant que l’expérience fera boule de neige et contribuera à réorienter le débat et à rendre un peu de sens à un champ politique, rachitique, désubstantialisé et parfaitement exécrable.
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