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Lifestyle - Vient de paraître

Les micro-stories de Raja Farah dans un livre

Ses petits carrés d’émotions qu’il offre à ses 15 200 followers depuis le 17 octobre 2019 sous le pseudo Oh My Happiness se sont transformés en chroniques, des textes réunis sous le titre « 291 days, chronicles from Thawra to the Beirut Blast »*. Pour l’amour du mot. Et du Liban.

Les micro-stories de Raja Farah dans un livre

« 291 days, chronicles from Thawra to the Beirut Blast » de Raja Farah aka « Oh My Hapiness ». Photo C.H.

Cette fois-ci, 9 mois plus tard, 9 mois après l’explosion sans nom de Beyrouth, Raja Farah a voulu « faire un livre ». Une sélection du meilleur de ses quelques 450 posts parus sur les réseaux sociaux d’une manière improvisée et instinctive, au lendemain du déclenchement de la révolution d’octobre. Sortir ses carrés de leurs carrés et les transformer en pages, en chroniques des 291 terribles jours passés. Pas celles d’une mort annoncée, parce qu’en incorrigible optimiste, il préfère renifler les gardénias, acheter des kaaks, dire les dimanches à Beyrouth, la Corniche, les montagnes, retrouver le parfum des petits bonheurs, « même si un gros nuage flotte au-dessus de tout ça ». Et s’accrocher à un espoir entêté, un bel espoir salvateur à retenir et partager. « Je peux paraître naïf, mais c’est pour moi la seule façon de durer… Nous sommes dans un désespoir total, mais j’arrive encore à voir la beauté des choses qui nous restent. Les choses acquises et pas les choses perdues. C’est très délicat de parler de jolies fleurs quand les gens n’ont plus de quoi manger, je le sais. C’est absurde, mais c’est une forme de résistance aussi. » Un réflexe de survie. En soufflant sur la poussière de ces jours difficiles, ceux post-explosion, en taisant les douleurs pour se souvenir et parler du reste, Raja Farah a accompagné ces deux dernières années avec l’âme d’un poète, un guerrier pacifiste qui a cru en la thaoura. Qui croit encore, aussi, en cette valeur ajoutée qui nous ressemble. « L’idée du livre existait dans ma tête dès l’instant où les gens ont commencé à réagir à mes histoires. J’ai commencé à poster mes impressions sans aucun plan, sans même la conscience que je serais lu. Je voulais juste parler, décrire l’humeur générale du pays à travers mes propres expériences ». Un vécu qui passe d’abord par son identité sexuelle. Celle d’un homosexuel activiste durant la révolution et vivant dans ce pays. « Cette identité est dans chacun de mes textes, même si en filigrane. Et ce pays, je l’adore autant que je le déteste. »

« 291 days, chronicles from Thawra to the Beirut Blast » de Raja Farah aka Oh My Hapiness. Photo C.H.

17 octobre 2019-4 août 2020

C’est un peu pour les commémorer, se souvenir de ces deux dates essentielles dans notre histoire et s’adresser à une autre cible que celle des réseaux sociaux, que le projet du livre s’est donc précisé. « Quand mes amis m’ont demandé “pourquoi un livre alors que tu es sur Instagram”, je leur ai répondu : Instagram et Facebook n’ont pas de mémoire. Ils sont ponctuels, éphémères même s’ils permettent une grande visibilité, un partage immédiat. Même moi, en relisant mes posts, je suis revenu sur des émotions oubliées. » Et d’ajouter : « J’ai eu envie d’un format plus traditionnel, sans couleur, sans une identité visuelle, où il n’y aurait que mes mots, mes histoires, à lire comme tels… »

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Raja Farah, Oh my happiness et des larmes

À la recherche d’un éditeur, d’abord, avant de se décider à l’éditer lui-même, dans l’urgence, « je ne voulais pas qu’on me dise quoi faire, raccourcir, censurer… Je voulais juste publier les textes tels qu’ils avaient été ressentis et écrits ce jour-là. » Le livre se divise en trois parties, trois thèmes essentiels – le Covid-19 et le confinement ne figurant pas dans le choix de l’auteur – : Thawra, l’explosion du 4 août et pour finir sur une note optimiste, « uniquement les belles choses de 2020. Parce qu’il y en eu, de bons moments personnels, malgré tout. » « Ces 291 jours vont marquer l’histoire du Liban, poursuit-il. Dans 6 mois, dans un an, 10 ans, il est important de se rappeler ce que nous avons traversé et qui était exceptionnel. Exceptionnellement violent. Et que, quelque part, il y a eu une lueur, même faible, d’espoir. Si je devais réécrire tout, aujourd’hui, ce serait bien sûr différent. L’émotion serait la même mais pas ma façon de penser et de rédiger. » Aujourd’hui encore, répète-t-il, il reste de l’espoir. S’il n’y en avait pas, j’aurais quitté le pays. Non sans préciser : « Je suis très en colère et je ne sais pas ce qui sauve mon amour pour lui. Écrire m’aide à me réveiller le matin, à traverser les jours qui ont passé et ceux à venir… »

« 291 days, chronicles from Thawra to the Beirut Blast » de Raja Farah aka Oh My Hapiness.

Signature le lundi 24 mai 2021 à Union Marks, de 18 heures à 21 heures.

Usine Abroyan. Rue Émile Eddé. Bourj Hammoud.

Cette fois-ci, 9 mois plus tard, 9 mois après l’explosion sans nom de Beyrouth, Raja Farah a voulu « faire un livre ». Une sélection du meilleur de ses quelques 450 posts parus sur les réseaux sociaux d’une manière improvisée et instinctive, au lendemain du déclenchement de la révolution d’octobre. Sortir ses carrés de leurs carrés et les transformer en pages, en...

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