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Moyen-Orient - Analyse

Que veulent Israël et le Hamas dans leur escalade militaire ?

Le Hamas veut s'imposer en phare de la cause palestinienne et comme protecteur de Jérusalem ; Israël cherche à montrer au mouvement islamiste qu'il ne peut rien lui dicter en pilonnant ses infrastructures dans la bande de Gaza, estiment des analystes.

Que veulent Israël et le Hamas dans leur escalade militaire ?

Un pompier palestinien après une frappe israélienne sur Rafah dans le sud de la bande de Gaza, le 15 mai 2021. Photo AFP / SAID KHATIB

Le Hamas veut s'imposer en phare de la cause palestinienne par ses salves de roquettes contre Israël qui cherche à réduire à néant l'influence du mouvement islamiste en pilonnant ses infrastructures dans la bande de Gaza, estiment des analystes.

L'embrasement a pris en moins d'une semaine: les affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens quadrillant l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est ont mué en guerre entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza, en tensions dans les villes judéo-arabes sur le sol israélien, puis en affrontements en Cisjordanie occupée.

Des Palestiniens dénonçant l'occupation depuis 1967 de Jérusalem-Est par l'Etat hébreu ont affronté la police israélienne à l'intérieur même de l'enceinte de l'esplanade des Mosquées - troisième lieu saint de l'islam appelé "Mont du Temple" par les Juifs qui en font le lieu le plus sacré de leur religion - qui accueillait chaque jour des dizaines de milliers de musulmans pour les derniers jours du mois du jeûne musulman. Ces accrochages à Jérusalem-Est ont fait plus de 900 blessés palestiniens le weekend dernier. Et lundi, au pic des tensions, le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a fixé un ultimatum à Israël pour retirer ses forces de l'Esplanade.

"Sauvegarde des Palestiniens"

Dès l'ultimatum passé, des centaines de roquettes ont été lancées par le Hamas vers Israël et jusqu'à Jérusalem. Sans surprise, l'Etat hébreu a répliqué. Les deux camps sont depuis engagés dans une escalade militaire fatale à plus d'une centaine de personnes, majoritairement des Palestiniens parmi lesquels des dizaines d'enfants.

Que cherchent donc à accomplir le Hamas? Et Israël? "Ils (le Hamas) essaient de se positionner en principal garant de la sauvegarde des Palestiniens et avant tout de Jérusalem, ce qui est assez nouveau par rapport à ce qu'on avait vu précédemment", estime Leïla Seurat, chercheure associée à l'Observatoire des mondes arabes et musulmans (OMAM) de l'Université libre de Bruxelles (ULB).  "Clairement, ils (le Hamas) essaient de mettre à mal Mahmoud Abbas qui est déjà lui-même très affaibli, divisé, qui a reporté les élections, mais plus largement ils sentent qu'il y a des choses qui sont en train d'évoluer d'un point de vue palestinien", dit-elle à l'AFP.

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Ces derniers mois, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et le Fateh, parti laïc du président palestinien Mahmoud Abbas, qui siège en Cisjordanie occupée, s'étaient entendus sur une feuille de route pour se réconcilier après plus d'une décennie de divisions. Cette réconciliation devait passer par la tenue d'élections prévues ce mois-ci. Mais Mahmoud Abbas a reporté le scrutin sine die car Israël, qui contrôle Jérusalem-Est, n'a pas donné son feu vert à des élections pour les Palestiniens de la Ville Sainte. Et le Hamas, qui tenait particulièrement à ce scrutin pour regagner en légitimité, n'a pas caché son agacement. Or, presque simultanément, des manifestations ont éclaté à Jérusalem. Mais le Hamas ne "contrôle pas ce soulèvement, ils sont eux-mêmes débordés" mais ils veulent essayer de le "capter", note Mme. Seurat. Et ils ont "utilisé l'outil militaire pour se placer au centre de la protection des Palestiniens de Jérusalem", ajoute-t-elle.

"Entre 10 et 50 jours"

Dès les premières salves de roquettes, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, menacé de perdre le pouvoir à la faveur d'une possible coalition entre l'opposition et des partis arabes, a accusé le Hamas d'avoir franchi une "ligne rouge". L'armée ne s'est pas contentée de légères frappes de représailles, comme elle le fait occasionnellement, mais a pilonné sans relâche Gaza, une enclave de deux millions d'habitants sous blocus israélien.

Pour Yaakov Amidror, ancien conseiller à la sécurité nationale de Benjamin Netanyahu, "Israël doit montrer au Hamas qu'il ne peut rien lui dicter". Résultat, Israël doit non seulement "détruire les capacités et les infrastructures" du Hamas mais aussi "tuer" ses dirigeants, explique-t-il à l'AFP. "Les efforts (sont en cours) pour tuer le plus possible de membres du Hamas et principalement des experts techniques" en roquettes et en drones, ajoute-t-il.

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Commandants, ingénieurs, spécialistes de la production de roquettes, du renseignement informatique, de mini-drones kamikazes: l'armée israélienne a visé cette semaine nombre de cadres techniques et d'intermédiaires du Hamas. "Cela impacte à long terme la capacité du mouvement à produire des armes", souligne une source militaire israélienne.

Mais beaucoup de civils palestiniens ont également péri sous les bombes israéliennes. Plus d'une centaine de personnes ont ainsi été tuées à Gaza, incluant des enfants. En Israël, où le bouclier antimissile "Dôme de fer" intercepte la majorité des roquettes, neuf personnes ont perdu la vie. Ce dispositif donne du temps à l'armée pour tenter de laminer le Hamas, estime M. Amidror: "Cela devrait prendre entre 10 et 50 jours (...) au final, tout ce qui symbolisera le Hamas en tant que gouvernement à Gaza sera détruit". Pour Naji Shurab, professeur de sciences politiques à l'université islamique de Gaza, Israël cherche à "affaiblir" le Hamas et à "consolider" la division entre factions palestiniennes. "Mais c'est un jeu dangereux, car il est possible que le soulèvement s'étende en Cisjordanie et mette fin à l'Autorité palestinienne" de Mahmoud Abbas, ce qui plongerait encore plus les Palestiniens dans l'inconnu.

Le Hamas veut s'imposer en phare de la cause palestinienne par ses salves de roquettes contre Israël qui cherche à réduire à néant l'influence du mouvement islamiste en pilonnant ses infrastructures dans la bande de Gaza, estiment des analystes.
L'embrasement a pris en moins d'une semaine: les affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens quadrillant l'esplanade des...

commentaires (3)

On divise les palestiniens comme on divise les libanais. Et ceci selon le proverbe arabe: Divise et Reigne. Les premiers par les israéliens, et nous autres, par les iraniens. Et les Arabes, en éternels spectateurs.

Esber

14 h 46, le 16 mai 2021

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Commentaires (3)

  • On divise les palestiniens comme on divise les libanais. Et ceci selon le proverbe arabe: Divise et Reigne. Les premiers par les israéliens, et nous autres, par les iraniens. Et les Arabes, en éternels spectateurs.

    Esber

    14 h 46, le 16 mai 2021

  • Les palestiniens sont des experts en mauvaise politique ! Combien de fois se sont -ils court -circuités depuis le début ?? Que fait leur diaspora ? Plus personne ne leur fait confiance et ne sont guère appréciés,, Pourquoi ne pas développer ces arguments avec des articles pertinents ?

    Wow

    14 h 24, le 16 mai 2021

  • Sauf erreur, ce n'est pas le hamas qui a provoqué les troubles à Jérusalem. Pourquoi Mamoud Abbas et ses"troupes" n'ont rien fait ne serait-ce que pour canaliser la colère des gens et la transformer en acte politique? Pourquoi reporter les élections parce que l'occupant s'y oppose? Il faudrait peut-être que les experts utilisent dans leurs analyses deux notions classiques: la collaboration et la résistance.

    NASSER Jamil

    09 h 01, le 16 mai 2021

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