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Moyen-Orient - Entretien

Leïla Seurat : La stratégie du Hamas est à la fois de tirer et de se tenir prêt pour les négociations

La chercheuse associée à l’Observatoire des mondes arabes et musulmans (OMAM) de l’Université libre de Bruxelles (ULB) décrypte la stratégie du mouvement islamiste à Gaza depuis le début de l’escalade de la violence face à Israël.

Leïla Seurat : La stratégie du Hamas est à la fois de tirer et de se tenir prêt pour les négociations

Des soldats israéliens tirent des obus de 155 mm sur Gaza, à partir de leur position à Sderot. Menahem Kahan/AFP

Alors que les tirs de roquettes entre Israël et Gaza se sont encore intensifiés dans la nuit de mardi à mercredi, la position du Hamas semble avoir surpris à plusieurs égards. Si ce dernier avait indiqué qu’il répondrait à l’assaut lundi des forces israéliennes sur la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, peu d’observateurs avaient parié sur une riposte d’une telle ampleur ainsi que sur une escalade ayant des airs de guerre. La chercheuse associée à l’Observatoire des mondes arabes et musulmans (OMAM) de l’Université libre de Bruxelles (ULB) Leïla Seurat décrypte pour L’Orient-Le Jour la stratégie du Hamas depuis le début de l’escalade de la violence entre le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza et Israël.

Le Hamas semble avoir pris de court le gouvernement israélien en lançant dès lundi des roquettes sur Jérusalem. Pourquoi a-t-il conduit une telle attaque ?

Le Hamas ne pouvait pas du tout fermer les yeux sur ce qui se passe à al-Aqsa et sur les violences à Jérusalem depuis un mois. Sa réplique était une évidence, même si son ampleur était beaucoup moins attendue. Les Israéliens savaient très bien qu’en attaquant al-Aqsa, ils allaient faire entrer le Hamas dans la confrontation. Ils le voulaient également. Le Hamas avait par ailleurs prévenu après ses attaques à Jérusalem que si Israël bombardait des civils dans la bande de Gaza, il fallait s’attendre à une réponse.

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Dans son discours de mardi, le chef de file du Hamas, Ismaël Haniyeh, a largement mis l’accent sur al-Qods (le nom arabe de la ville de Jérusalem) et sur la résistance palestinienne et a établi un lien entre al-Qods et Gaza pour essayer de relier des territoires a priori séparés les uns des autres et les unir dans une unité palestinienne qui en apparence n’existe plus, même si les événements actuels ont bien montré que ce n’était pas le cas. Avec les attaques d’al-Aqsa, c’est l’identité même des Palestiniens qui a été touchée. Ismaël Haniyeh l’exploite bien dans son discours en en faisant une donnée nationaliste : c’est le cœur de la nation palestinienne, dit-il, qui a été touché avec les attaques de la mosquée al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam situé à Jérusalem, c’est pourquoi il était non négociable de ne pas riposter.

Le Hamas ne contrôle cependant pas tout. Il est hors jeu par rapport à ce qui se passe en Cisjordanie et dans les territoires de « 1948 » (territoires palestiniens compris dans les frontières de l’État d’Israël créé en 1948). Mais alors que les Israéliens essaient depuis plusieurs années de déconnecter la question palestinienne à Jérusalem et les autres territoires palestiniens, le Hamas entend au contraire montrer que tout est connecté et lié à la question récurrente de l’expropriation israélienne, à l’image de celle de Cheikh Jarrah.

Les moyens armés du Hamas ont également surpris. Le mouvement islamiste paraît davantage préparé que par le passé. Comment l’expliquer ?

Sa réplique aux attaques d’al-Aqsa a surpris les Israéliens, mais ces derniers jouent en même temps un jeu hypocrite car ils détruisent Gaza tout en laissant le Hamas se réarmer, comme il l’a fait à plusieurs reprises à travers ses tunnels par exemple. Sans ça, les Israéliens n’arriveraient pas à mettre en œuvre leur projet de colonisation et d’expropriation. Il s’agit d’une stratégie visant à déplacer le conflit de la question des droits de l’homme vers une question qui concernerait uniquement l’islam et le terrorisme. En parallèle, les Israéliens conduisent des assassinats ciblant des commandants du Hamas et du Jihad islamique, mais ne sont toujours pas parvenus à tuer le chef des brigades al-Qassam (branche armée du Hamas).

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Concernant la performance du Hamas, elle n’est pas nouvelle. En 2014, ce dernier avait déjà lancé des tirs de longue portée vers Jérusalem. Mais en 2017, après un changement de gouvernance interne ayant amené au pouvoir Yahya Sinwar, un membre des brigades al-Qassam devenu chef du Hamas à Gaza, qui a réorganisé l’appareil militaire et qui a, notamment lors de la marche du retour de 2018-2019, opéré des changements tactiques vis-à-vis d’Israël, il était clair que le Hamas allait cesser de rester la partie qui répond comme elle le peut aux exactions d’Israël et qui ne montre pas tellement sa puissance de frappe. Depuis 2017, ce n’est plus Israël qui donne le la en permanence. Le leadership dans la bande de Gaza a laissé entendre qu’il allait mettre en œuvre une stratégie militaire pour imposer par la force ses conditions, ce qu’il a en partie réussi à faire. Ainsi, malgré le blocus, il est parvenu à se faire livrer de l’électricité, du pétrole, obtenir l’ouverture de points de passage ainsi que le paiement des salaires de fonctionnaires par le Qatar, ce qu’Israël a accepté.

Alors qu’on pouvait s’attendre à ce que le Hamas baisse le ton, ce dernier semble au contraire se diriger vers une guerre totale. Pourquoi ?

La stratégie du Hamas est désormais d’expliquer aux Israéliens qu’il n’est pas uniquement dans ce qu’on a pu voir par le passé, à savoir tirer symboliquement une roquette vers Israël. Le mouvement islamiste est dans une démarche de faire plier les Israéliens et donc de regagner de l’importance et de la légitimité dans le champ national palestinien. Ces stratégies sont bien connues depuis au moins 2009, mais depuis 2017, les brigades al-Qassam souhaitent s’imposer contre les Israéliens et également comme l’interlocuteur incontournable des Palestiniens et le représentant de ces derniers face à l’Autorité de Ramallah et à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). La réponse du Hamas a évidemment surpris tout le monde, car une centaine de roquettes continuent de tomber sur Israël. Mais en même temps, le Hamas a cherché à négocier en proposant un cessez-le-feu. La stratégie du Hamas est ainsi à la fois de tirer et de se tenir prêt pour les négociations. S’il considère que tous les moyens sont légitimes et use de différentes stratégies pour résister à l’occupation, tirer des roquettes est aussi pour le Hamas une tactique de discussion et de négociation.

Alors que les tirs de roquettes entre Israël et Gaza se sont encore intensifiés dans la nuit de mardi à mercredi, la position du Hamas semble avoir surpris à plusieurs égards. Si ce dernier avait indiqué qu’il répondrait à l’assaut lundi des forces israéliennes sur la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, peu d’observateurs avaient parié sur une riposte d’une telle ampleur ainsi que...

commentaires (2)

Quand des fous de Dieu DÉMOLISSENT leur pays et font tues leurs citoyens pour en réalité RIEN en fin de compte cela ne vous rappelle pas quelqu’un ? Des nouvelles donnent 3 roquettes lancées du Liban se sont abattues en mer LA VÉRITÉ IL NE NOUS RESTE PLUS QU’À PRIER DIEU POUR QUE L’ENTERRE SOUS TERRE DEPUIS 2006 NE FASSE PAS UNE FOLIE ET OBÉISSE À DES FOUS DE DIEUX EN IRAN ET SE LANCE DANS UNE BATAILLE QUI ANÉANTIRA CE QUI RESTE DU LIBAN MERCI PRÉSIDENT AOUN DE LE DIRE À VOTRE COPAIN À TRAVERS SON PETIT AMI GEBRAN L’INCORRUPTIBLE QUI EST AUX PETITS SOINS AVEC LUI POUR L’ÉLIRE PRÉSIDENT QUAND AOUN RANGERA SA VALISE ET QUITTERA BAABDAT APRÈS 6 ANS DE PROSPÉRITÉ INNINTEROMPU AU LIBAN GRACE A SON PARTI FORT LE CPL

LA VERITE

01 h 26, le 14 mai 2021

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Commentaires (2)

  • Quand des fous de Dieu DÉMOLISSENT leur pays et font tues leurs citoyens pour en réalité RIEN en fin de compte cela ne vous rappelle pas quelqu’un ? Des nouvelles donnent 3 roquettes lancées du Liban se sont abattues en mer LA VÉRITÉ IL NE NOUS RESTE PLUS QU’À PRIER DIEU POUR QUE L’ENTERRE SOUS TERRE DEPUIS 2006 NE FASSE PAS UNE FOLIE ET OBÉISSE À DES FOUS DE DIEUX EN IRAN ET SE LANCE DANS UNE BATAILLE QUI ANÉANTIRA CE QUI RESTE DU LIBAN MERCI PRÉSIDENT AOUN DE LE DIRE À VOTRE COPAIN À TRAVERS SON PETIT AMI GEBRAN L’INCORRUPTIBLE QUI EST AUX PETITS SOINS AVEC LUI POUR L’ÉLIRE PRÉSIDENT QUAND AOUN RANGERA SA VALISE ET QUITTERA BAABDAT APRÈS 6 ANS DE PROSPÉRITÉ INNINTEROMPU AU LIBAN GRACE A SON PARTI FORT LE CPL

    LA VERITE

    01 h 26, le 14 mai 2021

  • "Les Israéliens savaient très bien qu’en attaquant al-Aqsa, ils allaient faire entrer le Hamas dans la confrontation. Ils le voulaient également..." Que c'est vrai et que c'est Important. Les Israéliens auront toutes les excuses de s'approprier plus de terrains et de raidir leurs positions. De plus ils utilisent les attaques de fusées de ghaza pour mieux tester et mieux améliorer leur dôme d'acier en attendant l'attaque des centaines de milliers de fusées futées venant du Liban et de.la syrie... Le labo ghaza leur aurait servi à faible coût...

    Wlek Sanferlou

    14 h 29, le 13 mai 2021

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