Les violences continuent de faire rage malgré les appels internationaux à la désescalade: des centaines de roquettes ont de nouveau été tirées vers Israël par le Hamas qui contrôle Gaza et d'autres groupes armés palestiniens et l'armée a mené de nombreux raids aériens et tiré à l'artillerie sur l'enclave sous blocus israélien depuis plus de 10 ans.
Plus tôt dans la journée, des chars et d'autres véhicules blindés se sont massés le long de la barrière séparant l'enclave du territoire israélien, ont constaté des journalistes de l'AFP. "Nous sommes prêts et nous continuons à nous préparer à différents scénarios", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée, Jonathan Conricus, précisant qu'une invasion terrestre était "l'un des scénarios". "Cela prendra du temps mais nous allons restaurer la quiétude en Israël", a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui s'est rendu sur le site d'une batterie du bouclier antimissile "Dôme de Fer". D'après l'armée, environ 90% des quelque 1.750 roquettes lancées depuis Gaza lundi ont été interceptées par ce système.
Appelant les compagnies aériennes à suspendre leurs vols vers Israël, le Hamas a annoncé avoir tiré une roquette d'une portée de 250 km en direction du deuxième aéroport d'Israël, dans le Sud, vers lequel les autorités aéroportuaires ont détourné les vols à destination de Tel-Aviv en raison des tirs. Plusieurs compagnies ont d'ailleurs suspendu leurs vols vers Tel-Aviv.
Prières sur l'esplanade
L'armée a indiqué avoir mené 600 frappes sur Gaza depuis lundi, ciblant selon elle des positions du Hamas dont un atelier de fabrication d'armes jeudi soir. Ses chars déployés près de Sdérot (sud) ont tiré des obus sur l'enclave. D'après le Hamas, l'aviation israélienne a visé des immeubles abritant des logements et des médias, qui ont été entièrement détruits. Le Hamas a également lancé des drones, l'armée affirmant en avoir abattu un et avoir trouvé et désarmé deux autres chargés d'explosifs.
Le conflit a été déclenché lundi dans le sillage des vives tensions et heurts pendant plusieurs jours à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la Ville sainte occupé par Israël, dus principalement aux menaces d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons juifs dans le quartier de Cheikh Jarrah. Les violences à Jérusalem-Est avaient culminé lundi avec des accrochages entre Palestiniens et policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, qui ont fait des centaines de blessés palestiniens. Le Hamas avait ensuite menacé Israël.
Jeudi, à l'occasion de la fête du Fitr marquant la fin du mois de jeûne du ramadan, des dizaines de milliers de fidèles ont prié sur l'esplanade des Mosquées où ont été accrochés des photos de cadres du Hamas et des drapeaux du mouvement islamiste au pouvoir depuis 2007 à Gaza, territoire palestinien dont Israël s'est unilatéralement retiré en 2005.
Heurts en Israël
Ce conflit est accompagné d'une escalade entre Arabes et Juifs dans plusieurs villes mixtes d'Israël, un niveau de violence jamais atteint depuis des décennies selon le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.
Près de 1.000 membres de la police des frontières ont été appelés en renfort dans ces villes, théâtres d'émeutes depuis mardi avec des heurts et des échanges de coups de feu, et plus de 400 personnes, Juifs et Arabes, ont été arrêtées ces trois derniers jours.
Jeudi soir, un homme a ouvert le feu à l'arme semi-automatique sur un groupe de Juifs, blessant une personne à Lod près de Tel-Aviv, selon un témoin et la police. Des groupes d'extrême droite israéliens ont affronté dans des villes forces de sécurité et Arabes israéliens, les descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948. Diffusées en direct à la télévision mercredi soir, les images du lynchage d'un Arabe israélien, près de Tel-Aviv, ont choqué. Elles montrent un homme sorti de force de sa voiture par des militants d'extrême droite puis roué de coups jusqu'à ce qu'il perde connaissance.
Malgré l'intensification du conflit, les Etats-Unis, qui ont annoncé l'envoi d'un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens, se sont opposés à la tenue d'une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l'ONU annoncée pour vendredi.
En coulisses, l'ONU, le Qatar et l'Egypte s'activent pour faciliter une médiation, le chef de la diplomatie égyptienne ayant contacté son homologue israélien pour tenter en vain de le convaincre de cesser les hostilités.
La dernière confrontation entre Israël et le Hamas en 2014 a duré 50 jours, ravagé le territoire et fait au moins 2.251 morts côté palestinien, en majorité des civils, et 74 côté israélien presque tous des soldats.
Hélas, les crimes contre l'humanité d'Israël resteront impunis comme d'habitude. Il ne faut rien attendre de la communauté internationale.
19 h 07, le 13 mai 2021