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Société - Explosions au port

Les proches des victimes menacent de recourir à l’escalade

Un sit-in a été observé hier devant la place de l’Émigré pour marquer les neuf mois de la double déflagration qui a fait plus de 200 morts et 6 500 blessés.

Les proches des victimes menacent de recourir à l’escalade

Des femmes éplorées portant les portraits de leurs proches tués dans la double explosion au port. Photo João Sousa

Par petits groupes, les parents des victimes de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth affluaient hier sur les lieux du drame devant la statue de l’Émigré, pour observer un sit-in marquant le 9e mois du massacre collectif, survenu également un mardi, qui avait fait plus de 200 morts et 6 500 blessés. Les protestataires attendent toujours que justice soit faite.

Munis des photos de leurs victimes et du drapeau libanais… cerclé de noir, ils fixaient d’un regard vide les silos éventrés sous les décombres desquels plusieurs corps ont été ensevelis. « Mon fils est mort là-bas », se lamente une mère, suppliant Dieu de lui « ôter la vie » comme il l’a fait avec son fils.

« Vous avez fait exploser Beyrouth et vous avez enterré le peuple », « Avez-vous conclu un accord avec les compagnies d’assurances ? Dites-le-nous ! » « Justice, pourquoi insistes-tu à garder le silence ? » « Qui a introduit le nitrate et pour le compte de qui ? Nous avons le droit de savoir », « Cette fois, c’est différent. Nous réclamons la vérité », peut-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants.

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« C’est le sit-in habituel que nous observons tous les 4 du mois », confie à L’Orient-Le Jour Ibrahim Hoteit, président du comité des parents des victimes du port. Son frère Tharouat est l’une des nombreuses victimes de cette déflagration. « Notre mouvement d’aujourd’hui n’est pas toutefois habituel, lance-t-il. Parce que nous ne pouvons plus nous taire. » Il a rappelé que lorsque le magistrat Tarek Bitar s’était vu confier le dossier le 19 février, il avait demandé aux familles des victimes de lui accorder un délai de deux semaines avant de recourir à l’escalade. « Nous avons consenti et lui avons accordé trois semaines, affirme-t-il. Plus de deux mois et demi sont passés et nous attendons toujours. Nous ne le ferons plus. Nous exigeons des réponses. Comme le juge Bitar a réussi à trouver parmi les personnes détenues dans cette affaire des innocents (en référence aux six personnes remises en liberté à la mi-avril, NDLR), il doit avoir sûrement réussi à trouver également des coupables. Où sont-ils ? »

Un espace pour les proches des victimes

Ibrahim Hoteit prend ensuite la parole au nom des familles des victimes. Il souligne que celles-ci ne se sont pas tournées vers les responsables politiques « parce qu’elles n’ont pas confiance en eux ». « Vous êtes tous accusés sans exception jusqu’à preuve du contraire », a-t-il dit à l’adresse des responsables, les appelant à « ôter leur main de la justice ». « Le temps des actions pacifiques est révolu », insiste-t-il encore, affirmant que la classe politique devait « s’attendre à tout ».

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Devant le mur qui longe le trottoir donnant sur les silos, une femme accroupie écrit avec de la peinture noire le nom d’une proche tuée dans l’explosion. Le mur est revêtu de dessins qui rappellent l’apocalypse du 4 août. « J’ai voulu créer un espace pour les proches des victimes qui incarnerait ce crime, explique à L’OLJ Carla Karam, à l’origine de cette initiative. Nous avons commencé à dessiner il y a deux semaines.

Il nous faut encore au moins un mois pour terminer. J’invite toute personne qui a été atteinte d’une façon ou d’une autre par cette explosion à venir s’exprimer sur ce mur. »

« Nous n’allons plus nous taire, martèle un manifestant. On nous avait promis des résultats au terme de cinq jours. Neuf mois sont déjà passés et nous n’avons toujours pas de réponse. Si cet atermoiement se poursuit, nous allons recourir à l’escalade. J’ai perdu mon frère dans cette explosion. Je n’ai plus personne. Je n’ai rien à perdre. Je continuerai la lutte jusqu’à ce que les coupables soient désignés. »

Il est 18h07. Les familles endeuillées rendent un énième hommage à leurs proches. Des bougies sont allumées sur la place en leur mémoire.

Bitar demande des photos satellites de l’explosion

Le juge d’instruction près la Cour de justice dans l’affaire de la double explosion au port, Tarek Bitar, a émis hier treize commissions rogatoires adressées à des pays ayant des satellites gravitant au-dessus du Liban, leur demandant de lui fournir les photos du port de Beyrouth. Le magistrat entend également auditionner de nouveaux témoins pour la première fois dans le cadre de l’affaire.

Par petits groupes, les parents des victimes de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth affluaient hier sur les lieux du drame devant la statue de l’Émigré, pour observer un sit-in marquant le 9e mois du massacre collectif, survenu également un mardi, qui avait fait plus de 200 morts et 6 500 blessés. Les protestataires attendent toujours que justice soit faite.Munis...

commentaires (2)

Malheureusement toute tentative de porter l'affaire devant l'ONU semble vouée à l'échec, jamais une unanimité se dégagera au sein de cet organisme ., Entre les vétos russes, chinois et autres .... Et puis après tout, notre président de tous les Libanais nous avait promis des résultats dans les cinq jours pourquoi tant d'impatience ... Encore trois jours d'attente à l'échelle présidentielle

C…

12 h 39, le 05 mai 2021

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Commentaires (2)

  • Malheureusement toute tentative de porter l'affaire devant l'ONU semble vouée à l'échec, jamais une unanimité se dégagera au sein de cet organisme ., Entre les vétos russes, chinois et autres .... Et puis après tout, notre président de tous les Libanais nous avait promis des résultats dans les cinq jours pourquoi tant d'impatience ... Encore trois jours d'attente à l'échelle présidentielle

    C…

    12 h 39, le 05 mai 2021

  • Saisissez les instances internationales et portez plainte contre l’Etat Libanais auprès de l’ONU pour au moins négligences

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 54, le 05 mai 2021

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