
Des personnes en combinaison de protection sanitaire se tenant près de bûchers funéraires pour des patients décédés du coronavirus à New Delhi, en Inde, le 26 avril 2021. Photo REUTERS/Adnan Abidi
L'aide internationale a commencé mardi matin à parvenir en Inde, à la situation sanitaire "plus que déchirante" selon l'OMS, en raison d'une vague épidémique qui multiplie records d'infections et décès, au moment où le Brésil, autre pays parmi les plus touchés au monde, s'est opposé à l'importation du vaccin russe Spoutnik V.
La première cargaison d'aide médicale britannique, contenant notamment 100 ventilateurs et 95 concentrateurs d'oxygène à bord d'un vol de Lufthansa, a atterri à Delhi, comme l'a tweeté le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Arindam Bagchi, en saluant un exemple de "coopération internationale". Au total, neuf conteneurs aériens chargés d'approvisionnement, dont 495 concentrateurs d'oxygène, 120 respirateurs non invasifs et 20 respirateurs manuels, seront envoyés cette semaine, selon le Haut Commissariat britannique à New Delhi.
De son côté, la France a précisé la nature de son "opération de solidarité" qui doit arriver en Inde d'ici la fin de la semaine: huit unités de production d'oxygène médical par générateur, des containers d'oxygène liquéfié, dont 5 acheminés dans un premier temps, permettant d'alimenter en oxygène médical jusqu'à 10.000 patients sur une journée, ainsi que du matériel médical spécialisé contenant notamment 28 respirateurs, a précisé l'ambassade de France dans un communiqué à l'AFP.
Les Etats-Unis, à la suite d'un échange téléphonique lundi entre leur président Joe Biden et le Premier ministre indien Narendra Modi, se sont engagés sur une aide d'urgence comprenant notamment des composants pour la production de vaccins, des équipements de protection, des tests à diagnostic rapide, ou encore des respirateurs. Washington étudie aussi la possibilité d'envoyer des approvisionnements en oxygène.
L'Union européenne a promis de fournir, via son Mécanisme européen de protection civile, une "assistance" à l'Inde. La chancelière allemande Angela Merkel a aussi annoncé une aide d'urgence.
Record mondial d'infections
L'urgence est criante : en quelques jours, le variant "indien" a plongé ce pays de 1,3 milliard d'habitants dans le chaos, les patients succombant dans des hôpitaux saturés par manque d'oxygène. Lundi, le pays a enregistré un record mondial de 352.991 personnes contaminées en une seule journée, et un record national de 2.812 décès. L'Inde est le quatrième pays le plus endeuillé au monde, avec plus de 192.000 morts. Les crématoriums fonctionnent à plein régime ces derniers jours.
A New Delhi, des témoins décrivent des couloirs d'hôpitaux encombrés de lits et de brancards et des familles suppliant en vain qu'on leur fournisse de l'oxygène ou une place pour leurs proches. Certains meurent au seuil de l'hôpital. L'agglomération de la capitale a été confinée pour une semaine supplémentaire.
La situation en Inde est "plus que déchirante", a jugé lundi le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. "L'OMS fait tout ce qu'elle peut" pour l'Inde, "en fournissant du matériel et des équipements essentiels, notamment des milliers de concentrateurs d'oxygène, des hôpitaux de campagne mobiles préfabriqués et du matériel de laboratoire", et en redéployant "plus de 2.600 personnels" en renfort, a-t-il ajouté. Le variant "indien" suscite encore des interrogations. L'OMS note que l'on ne sait pas encore si "les rapports faisant état d'une mortalité élevée sont dus à la gravité accrue du variant, à la mise à rude épreuve des capacités du système de santé en raison de l'augmentation rapide du nombre de cas, ou aux deux".
Ce variant a été détecté en Belgique, en Suisse, en Grèce et en Italie, et plusieurs pays européens desserrent l'étau des restrictions cette semaine tout en coupant les liaisons aériennes avec l'Inde.
"Incertitudes" brésiliennes sur Spoutnik
Sur le front vaccinal, l'agence de régulation sanitaire du Brésil (Anvisa), deuxième pays le plus endeuillé au monde (391.936 décès) et où la vaccination a longtemps traîné, s'est opposée lundi soir à la demande de plusieurs Etats du pays d'importer le Spoutnik V. "Jamais nous ne permettrons que des millions de Brésiliens soient exposés à des produits sans une vérification appropriée de la qualité, de l'innocuité et de l'efficacité ou, au minimum, face à la situation grave que nous traversons, qu'il existe un rapport favorable entre le risque et les avantages", a déclaré Antonio Barra Torres, président de l'Anvisa. La direction de l'agence a suivi la recommandation de ses experts constatant des "incertitudes" sur le vaccin, qui n'a toujours pas été approuvé par les agences sanitaires de l'Union européenne (EMA) et des Etats-Unis (FDA).
Pour tenter d'accélérer la vaccination, une dizaine d'Etats du nord et du nord-est du Brésil ont signé des contrats avec le Fonds souverain russe (RDIF), qui a financé le développement de Spoutnik V, pour acquérir plus de 30 millions de doses. Le gouvernement fédéral en a commandé 10 millions. Le refus de leurs commandes d'importation est "une photo du moment, de ce qu'il a été possible d'analyser jusqu'à présent", a précisé M. Bara Torres.
Outre les deux vaccins appliqués depuis janvier (Coronavac et AstraZeneca), le régulateur brésilien a déjà autorisé l'utilisation des vaccins de Johnson & Johnson et Pfizer-BioNTech, qui ne sont pas encore arrivés dans le pays.
Les Etats-Unis vont fournir à d'autres pays 60 millions de doses d'AstraZeneca, a annoncé lundi la Maison Blanche, jusque-là critiquée pour refuser d'exporter ce vaccin pas encore autorisé dans le pays. "Les Etats-Unis vont débloquer 60 millions de doses du vaccin d'AstraZeneca au bénéfice d'autres pays au fur et à mesure qu'elles seront disponibles", a tweeté Andy Slavitt, conseiller de la Maison Blanche pour la lutte contre le Covid-19. L'échéancier sera précisé ultérieurement.
Le cap du milliard de doses de vaccins contre le Covid, administrées dans 207 pays ou territoires, a été franchi ce week-end, selon un comptage de l'AFP.
Le virus a fait au moins 3.109.991 millions de morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de son apparition fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles lundi.
La première cargaison d'aide médicale britannique,...
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