Le ministère des Finances a envoyé hier un courrier à l’ordre des avocats dans lequel il explicite « les étapes par lesquelles est passé le contrat » avec la société d’audit Alvarez & Marsal, depuis les négociations du ministre sortant Ghazi Wazni et jusqu’au 15 avril.
Ce courrier est une réponse à une demande du bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, qui avait envoyé une série de questions au ministère le 26 mars, au nom du respect de la loi n° 28 de l’accès à l’information du 10 février 2017. Un autre courrier avait été envoyé en parallèle à la société Alvarez & Marsal, lui demandant « qui complique l’audit juricomptable » des comptes de la Banque du Liban (BDL), dont elle est en charge depuis septembre 2020. Les contenus d’aucun de ces courriers n’ont été joints au communiqué.
Le cabinet international, mandaté pour remonter à la source des transactions passées par l’institution afin de détecter d’éventuelles fraudes, avait été mandaté en septembre avant de jeter l’éponge en novembre après que la BDL a refusé de lui communiquer plusieurs informations déterminantes pour lui permettre d’entamer sa mission. La BDL s’était réfugiée derrière le secret bancaire pour justifier son refus, mais cet argument avait été jugé sans fondement par plusieurs voix, dont la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, qui avait martelé que les comptes de la BDL ne pouvaient être que publics. Il reste que les parlementaires avaient finalement décidé de la suivre en décembre en votant une loi levant ponctuellement le secret bancaire, mais sans clairement inclure les comptes des tiers à la Banque centrale.
Depuis, l’audit n’a toutefois pas repris, d’où le courrier du bâtonnier. Il y a deux semaines, soit après l’envoi de la lettre de Melhem Khalaf, la BDL a indiqué avoir envoyé les documents demandés à l’entreprise d’audit. Le Liban, en crise depuis près d’un an, est gangrené par la corruption et le clientélisme, et l’audit juricomptable pourrait jeter la lumière sur le pillage des fonds publics.
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