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Moyen-Orient - Jordanie

Un demi-frère du roi accusé d'avoir comploté contre le royaume

L'ex-prince héritier Hamza et d'autres suspects ont collaboré avec une puissance étrangère pour "porter atteinte à la sécurité" du pays, selon le vice-premier ministre.
Un demi-frère du roi accusé d'avoir comploté contre le royaume

Le prince Hamza et son épouse Basma, le 17 avril 2012. AFP / KHALIL MAZRAAWI

Le prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II de Jordanie, a tenté de déstabiliser le royaume et de porter atteinte à la sécurité du pays, a affirmé dimanche le vice-Premier ministre, tout en annonçant une quinzaine d'arrestations dont des personnes ayant occupé des postes à responsabilité.

Hamza, qui s'est vu retirer le titre de prince héritier en 2004, et les autres suspects ont collaboré avec une puissance étrangère pour "porter atteinte à la sécurité" de la Jordanie, a indiqué le vice-Premier ministre Aymane Safadi, lors d'une conférence de presse, sans préciser de quelle puissance étrangère il s'agissait ni les chefs d'accusation retenus. Avant d'en arriver à ce constat, "les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d'autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie", a-t-il argué, affirmant que les autorités avaient décidé d'intervenir car les comploteurs présumés "parlaient de calendrier" d'action. "La sédition a été tuée dans l'œuf", a-t-il assuré.

Le prince Hamza avait de son côté annoncé samedi soir avoir été "assigné à résidence dans son palais à Amman. Dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat, Hamza a affirmé que le chef d'état-major de l'armée s'était rendu à son domicile et lui avait signifié qu'il n'était "pas autorisé à sortir". Il a nié avoir pris part à un complot, et accusé les autorités de son pays de "corruption" et d'"incompétence".

Depuis samedi soir, les monarchies du Golfe ont fait bloc derrière le souverain jordanien en lui exprimant leur plein soutien, dans des déclarations distinctes. Le roi Salmane d'Arabie saoudite et le prince héritier Mohammad ben Salmane ont appelé le roi jordanien pour l'assurer de leur solidarité et de leur soutien, a annoncé l'agence de presse officielle saoudienne SPA. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a également appelé le roi et l'a assuré de "son entière solidarité" et de son "plein soutien", selon un communiqué de la présidence égyptienne.

Israël pour sa part veut "tout faire pour préserver" l'alliance avec la Jordanie, a dit le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, dans un communiqué cité par la presse de son pays. "Une Jordanie forte ne représente pas seulement un intérêt sécuritaire pour Israël, mais aussi diplomatique et économique", a-t-il ajouté, assurant qu'il fallait "faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir économiquement" la Jordanie, affectée par le crise liée au coronavirus. "Concernant les événements là-bas, il s'agit d'affaires internes, et je propose de ne pas nous en mêler", a toutefois également avancé M. Gantz.

"Sécurité et stabilité" 

La "sécurité" et la "stabilité" de la Jordanie sont une "ligne rouge" qui ne doit pas être franchie, a mis en garde dimanche matin le journal d'Etat Al Rai.

Agé de 41 ans, Hamza est le dernier fils du roi Hussein, né d'un quatrième et ultime mariage avec la reine Noor, d'origine américaine. Conformément au souhait de son père, décédé en 1999, il avait été nommé prince héritier lorsque Abdallah II était devenu roi. Mais, en 2004, ce dernier lui a retiré son titre pour le donner à son propre fils aîné, Hussein.

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Dans une réaction sur Twitter, la reine Noor a pris la défense de son fils, le prince Hamza, dénonçant des "calomnies". "Je prie pour que la vérité et la justice l'emportent pour toutes les victimes innocentes", a ajouté la veuve du roi Hussein, qui ces derniers mois avait déjà critiqué les autorités du royaume sur le réseau social.

Le chef d'état-major jordanien, le général Youssef Huneiti, avait précisé samedi soir dans un communiqué que le prince Hamza avait été "appelé à arrêter les activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et la sécurité du royaume". Il avait démenti son arrestation. "Personne n'est au-dessus de la loi. La sécurité et la stabilité de la Jordanie passent avant tout. Toutes les mesures qui ont été prises l'ont été dans le cadre de la loi et après une enquête approfondie", avait-il néanmoins ajouté.

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Pour Barah Mikaïl, professeur à l'université Saint Louis à Madrid et directeur de la société de conseils Stractegia, "il n'y a pas beaucoup de raisons de douter de la version du pouvoir jordanien". "Celui-ci est très bien structuré côté renseignements et maillage national, et le contrôle étroit en particulier des personnes soupçonnées de pouvoir atteindre à la monarchie est un fait", a-t-il expliqué à l'AFP. "Le pouvoir jordanien a besoin de rassurer autour de lui et il se passerait bien de la présence d'un complot ourdi à son encontre, surtout à l'approche de l'anniversaire du royaume". Faut-il craindre pour le pouvoir jordanien à brève échéance ? "Je ne le crois pas. Les choses semblent contenues", a-t-il ajouté.

Au total, au moins 16 suspects ont été interpellés, parmi lesquels deux personnalités, Bassem Awadallah (un ancien conseiller du roi) et Cherif Hassan ben Zaid, selon le vice-Premier ministre Safadi. Devant la presse, il a souligné que les services de sécurité avaient recommandé au roi de renvoyer ces suspects devant la cour de sûreté de l'Etat.

"Rancœur"
D'après un analyste jordanien qui ne veut pas être identifié pour des raisons de sécurité, le prince Hamza avait, ces derniers temps, "multiplié devant son cercle d'amis les critiques contre ce qu'il qualifiait de corruption au sein du pouvoir". Selon cette même source, "il y a certainement de la rancœur de sa part, car il n'a jamais digéré d'avoir perdu son titre de prince héritier", il y a plus de 15 ans.

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Dimanche, premier jour de la semaine en Jordanie, une apparence de normalité a régné dans les rues d'Amman, même si les développements de samedi soir étaient sur toutes les lèvres. Petit pays dépourvu de ressources naturelles et largement dépendant des aides étrangères, la Jordanie est toutefois perçue comme stratégique au regard des tensions régionales.

Samedi soir et dimanche, l'ensemble des monarchies du Golfe ont unanimement fait bloc derrière le souverain jordanien en apportant leur plein soutien à son pouvoir, dans des déclarations séparées.

Le prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II de Jordanie, a tenté de déstabiliser le royaume et de porter atteinte à la sécurité du pays, a affirmé dimanche le vice-Premier ministre, tout en annonçant une quinzaine d'arrestations dont des personnes ayant occupé des postes à responsabilité.Hamza, qui s'est vu retirer le titre de prince héritier en 2004, et les autres suspects ont...

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Le fils du Roi ne complote pas, moutons de Panurge.

Esber

20 h 39, le 04 avril 2021

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  • Le fils du Roi ne complote pas, moutons de Panurge.

    Esber

    20 h 39, le 04 avril 2021

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