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Culture - Quoi qu’on en lise

Plier un livre est une preuve d’amour

« Le dernier été en ville » de Gianfranco Calligarich, paru en Italie en 1973, vient d’être traduit en français par Laura Brignon, dans la collection Du monde entier, aux éditions Gallimard.

Plier un livre est une preuve d’amour

Gianfranco Calligarich, journaliste, scénariste et écrivain italien. Photo DR

Leo Gazzarra lit. Il lit de tout mais À la recherche du temps perdu de Proust, il ne l’a pas lu. « Je n’ai pas assez de souffle », précise-t-il, car Proust, « il faut le lire à voix haute, au même titre que la Bible, Moby Dick et Les Milles et Une Nuits ». Gazzarra a une préférence pour certains auteurs : « Henry James Joyce, Bob Dylan Thomas, Scotch Fitzgerald et les livres d’occasion. » Pourquoi d’occasion ? « Car ils sont moins chers et aussi parce qu’on peut savoir à l’avance avec une relative certitude si ça vaut le coup de les lire. » Selon lui, si l’on retrouve des miettes de pain ou de gâteau entre les pages d’un livre, il est forcément bon car il a été lu en grignotant. Et si l’on remarque des pliures sur le dos d’un livre, c’est encore mieux, « parce qu’un livre qu’on tord en le lisant est un bon livre aussi ». Plus loin, Gazzarra ajoute : « Les lecteurs sont une espèce en voie d’extinction. Comme les baleines, les perdrix et les animaux sauvages en général. Borges les qualifie d’oiseaux ténébreux et, selon lui, les bons lecteurs sont plus singuliers que les bons auteurs. Il dit que de toute façon c’est un acte postérieur, plus résigné, plus courtois, plus intellectuel. (…) Les livres te font une impression différente selon ton état d’esprit au moment où tu les lis. Un livre qui t’a paru banal la première fois que tu l’as lu peut te foudroyer la fois suivante juste parce qu’entre-temps tu as vécu un malheur, ou tu as fait un voyage, ou tu es tombé amoureux. Bref, parce qu’il y a eu un accident dans ta vie. »

Leo Gazzarra est le narrateur du premier roman Le dernier été en ville de Gianfranco Calligarich, journaliste, scénariste et écrivain italien qui a désormais six romans derrière lui.

Paru pour la première fois en Italie en 1973, il vient d’être traduit en français par Laura Brignon et publié dans la collection Du monde entier aux éditions Gallimard. C’est l’histoire d’un jeune homme installé depuis quelques années à Rome, vers la fin des années 60, qui erre dans la ville. Il vit de petits boulots pour des journaux et cherche un sens à sa vie au côté de la ravissante et séductrice Arianna qui, sans arrêt, apparaît et disparaît.

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Ce roman me rappelle une frustration que j’avais ressentie (la seule !) après avoir vu La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino. Dans ce film, il est raconté que le personnage principal – Jep Gambardella –, devenu chroniqueur mondain à Rome, avait publié dans sa jeunesse un roman qui lui avait valu un prix littéraire, et ce livre, je mourais d’envie de lire mais je ne l’ai jamais trouvé pour la simple raison qu’il n’existe pas. Cette frustration est en partie passée avec Le dernier été en ville qui pourrait être ce fameux roman que Gambardella aurait pu écrire.

Leo Gazzarra a aussi beaucoup de points communs avec un autre jeune homme désabusé, Ram, le narrateur du roman Les jeunes pachas (ou Les cigarettes égyptiennes) de l’écrivain égyptien Waguih Ghali, dont des écrits restent encore à traduire (de l’anglais) et à découvrir.

Ghali, lui, ne dépeignait pas Rome mais Le Caire et sa jeunesse dorée, dans les années 50, dans un livre que j’avais plié et replié, comme Le dernier été en ville, pour lui prouver mon amour.

« Le dernier été en ville », Gianfranco Calligarich, éditions Gallimard.

Leo Gazzarra lit. Il lit de tout mais À la recherche du temps perdu de Proust, il ne l’a pas lu. « Je n’ai pas assez de souffle », précise-t-il, car Proust, « il faut le lire à voix haute, au même titre que la Bible, Moby Dick et Les Milles et Une Nuits ». Gazzarra a une préférence pour certains auteurs : « Henry James Joyce, Bob Dylan Thomas, Scotch...

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