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Lifestyle - Portrait

Simone Signoret et Yves Montand, deux monstres sacrés et couple phare du cinéma français

Cette année marque le centenaire de la naissance des deux comédiens.

Simone Signoret et Yves Montand, deux monstres sacrés et couple phare du cinéma français

De gauche à droite : l’auteur américain Arthur Miller (3e mari de Marilyn Monroe), Simone Signoret, Yves Montand et Marilyn Monroe lors de la première à Hollywood de « Let’s Make Love » (« Le Milliardaire »), le 1er janvier 1960, le film dans lequel Montand et Monroe partageaient l’affiche. Marilyn craque pour le crooner made in France… C’est l’entorse majeure au contrat du couple Simone-Yves. Georges Pavunic/AFP

Simone Signoret et Yves Montand auraient eu chacun 100 ans en 2021. Une comédienne, un chanteur-acteur, deux monstres sacrés et surtout un couple phare du cinéma français, resté soudé par un même engagement politique malgré les vicissitudes de la vie.

Tout commence par un coup de foudre. En août 1949, sous le soleil radieux de Saint-Paul-de-Vence, dans le sud de la France, à l’ombre du troquet La Colombe d’or, quartier général de leur ami commun, l’écrivain Jacques Prévert. Elle a la voix grave et sensuelle, est pétillante et cultivée. Simone Kaminker, née le 25 mars 1921 et qui a pris le nom de jeune fille de sa mère pour jouer, est en vacances avec sa fille Catherine. Son mari, le réalisateur Yves Allégret, est à Paris. Ils filent le parfait amour et elle est une vedette depuis qu’il l’a filmée dans son premier grand rôle, Dédée d’Anvers. Lui, beau gosse un peu bravache de quelques mois son cadet, donne des concerts pas loin. Ivo Livi, le fils d’immigrés italiens, élevé à Marseille et qui a travaillé dès ses 11 ans, s’est taillé une belle place dans le music-hall. Il s’appelle maintenant Yves Montand. Clin d’œil à sa mère qui le hélait « Ivo, monta ! »

Édith Piaf lui a mis le pied à l’étrier et l’a mis dans son lit. Avant de le quitter sans un mot. Le coureur de jupons, meurtri, s’est juré de ne plus tomber amoureux. Prévert les présente. Entre la petite bourgeoise de Neuilly et le Titi marseillais, il se passe « une chose fulgurante, indiscrète et irréversible », dira-t-elle.


Simone Signoret et Yves Montand auraient eu chacun 100 ans en 2021. Le couple est photographié ici, le 10 février 1951, lors de la présentation du film « La Ronde ». Georges Pavunic/AFP


La « roulotte » et la groupie

Elle lâche tout pour lui. Avant de convoler, ils emménagent place Dauphine, à Paris. Leur cocon, rebaptisé « La Roulotte », accueille les nombreux amis de gauche pour faire la fête et refaire le monde, comme ensuite leur gentilhommière à Autheuil, en Normandie, dans le nord de la France.

Le couple partage la même sensibilité. Simone a hérité de sa mère « une sorte de pacifisme donquichottesque ». Elle fait sa première incursion dans le prolétariat au contact de la famille de Montand qui a « ressenti, petit enfant, ce qu’étaient l’oppression, la lutte, l’humiliation ». On les verra dans une multitude de combats : contre l’arme nucléaire, le maccarthysme, pour l’indépendance de l’Algérie, les réfugiés chiliens, SOS Racisme... mais aussi contre les horreurs du bloc soviétique : ils tournent ensemble L’Aveu (1970), l’un de leurs cinq films communs.

Ils n’ont jamais été adhérents du PCF, plutôt des compagnons de route. Jusqu’à la déchirure, en 1956, lors de la tournée de Montand en URSS et dans les pays de l’Est. On est juste après l’intervention soviétique en Hongrie. Dilemme du couple. Finalement, ils y vont. La tournée est triomphale, mais empreinte de tristesse. Dans le métro de Moscou, Simone lit dans certains regards : « En venant, vous nous avez trahis. » « Je continue d’espérer, je ne crois plus », renchérit Montand. L’acteur de Z, César et Rosalie et Jean de Florette virera même libéral dans les années 1980, au grand dam de Simone.

Comme à Moscou, elle assiste en France à chacun de ses concerts, au détriment parfois de ses tournages. La priorité, c’est lui. Ce qu’elle résume d’un bien peu féministe « une vie conjugale se construit sur des bases solides, et c’est une loi de la nature : l’homme domine, la femme se soumet ». « Je n’ai jamais été autre chose que sa groupie. Et j’en suis très fière », dit-elle encore. Ce qui ne l’empêche pas de mener une belle carrière, de Casque d’or à La Vie devant soi, en passant par L’Armée des ombres ou Le Chat... Avec l’un des plus jolis palmarès du cinéma, dont l’oscar en avril 1960 pour Les Chemins de la haute ville.

L’épreuve Marilyn Monroe

1960, année de la reconnaissance internationale, mais aussi de l’humiliation. Elle quitte Hollywood pour tourner à Rome, Montand reste pour Le Milliardaire (titre original : Let’s Make Love). Sa partenaire, Marilyn Monroe, craque pour ce crooner made in France. C’est l’entorse majeure au contrat. À côté de toutes les autres... Elle tente de faire contre mauvaise fortune bon cœur – « Vous connaissez beaucoup d’hommes qui resteraient insensibles en ayant Marilyn Monroe dans leurs bras ? » –, mais n’oubliera jamais.

Dans « monstre sacré, il y a monstre », dit leur petit-fils Benjamin Castaldi. « Ils étaient hors norme, ils pouvaient être des monstres d’égoïsme et parfois de méchanceté. » En 2004, la comédienne Catherine Allégret accusera Montand, son beau-père, d’avoir abusé d’elle.

Les orages sont fréquents dans le couple. Elle boit – beaucoup –, fume cigarette sur cigarette, vieillit prématurément et se réfugie dans l’écriture. Une vie en parallèle en somme, mais la complicité demeure. Elle meurt en 1985 d’un cancer ; il lui survit six ans, refait sa vie et devient père pour la première fois. Mais les deux amoureux sont réunis à jamais au cimetière parisien du Père-Lachaise.

Frédéric DUMOULIN/AFP

Simone Signoret et Yves Montand auraient eu chacun 100 ans en 2021. Une comédienne, un chanteur-acteur, deux monstres sacrés et surtout un couple phare du cinéma français, resté soudé par un même engagement politique malgré les vicissitudes de la vie.Tout commence par un coup de foudre. En août 1949, sous le soleil radieux de Saint-Paul-de-Vence, dans le sud de la France, à...

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