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Lifestyle - Un peu plus

Un éternel recommencement

Un éternel recommencement

Le ruban de Möbius, symbole de l’infini. Photo d’illustration Bigstock

L’histoire se répète-t-elle ? La peste noire, le choléra, la grippe espagnole, le sida… le Covid-19. Nabih Berry, Samir Geagea, Michel Aoun, Hassan Nasrallah, Walid Joumblatt, les Hariri père et fils, les Frangié, les Gemayel et tous les autres. On prend les mêmes et on recommence. Ils ont troqué leurs uniformes, se sont glissés dans des costumes trois-pièces, ont fait hériter à leur progéniture leur parcours politique… et rien n’a changé. Et même si on remonte plus loin, au début de l’histoire du Liban, que ce soit en 1920 ou bien avant, on ne peut que constater que notre pays tourne en boucle.

L’histoire libanaise aurait dû nous apprendre un tas de choses. Nous donner des leçons. Mais rien ne s’est passé. Pourtant elle nous a envoyé des signaux. Nous a mis en garde. Mais rien ne s’est passé. Nous assistons impassiblement au déroulement de son cours depuis des décennies. Nous nous sommes insurgés, puis éteints. Nous avons attendu la fin de la guerre civile, puis celle de 2006. Nous avons placé nos espoirs dans des gens, des partis, des mouvements, la justice. Nous avons tenté de reconstruire. Et entre-temps, nos œillères nous ont rendus aveugles. Nous sommes devenus résilients. Trop résilients. Mais comment aurions-nous pu tirer les leçons de l’histoire quand cette dernière nous est censurée depuis 1943. Et même depuis toujours. Quand les récits sont basés sur des mensonges, biaisés par un discours sectaire ou unilatéral. Quand il n’y a eu aucune responsabilisation, ni réconciliation, ni demande de pardon. Quand le deuil de tous ceux qui ont péri durant les combats, les assassinats et récemment l’explosion au port, ne peut toujours pas être accompli. Comment le peuple libanais peut-il sortir de ses traumatismes quand il ne sait pas ce qui se passe, et surtout quand il ne sait pas ce qui s’est passé.

Les livres d’histoire dans les écoles sont comme des contes de fées de pacotille. La fin du mandat, l’indépendance et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps. Sans parler de toutes ces fausses informations, ces non-sens qu’on nous fait avaler depuis, justement, la nuit des temps. Abreuvés de tant de contradictions, de déformations, de subjectivité, de légendes écrites par de pseudovainqueurs, de récits enfouis, de parties de notre histoire totalement effacées comme la famine de 1916 ou notre implication (aussi minime soit-elle) dans la Seconde Guerre mondiale, la présence de soldats maoris sur le sol libanais. Quand nous ne parlons jamais vraiment des conséquences de l’occupation ottomane, de celle des Français, des croisés. Quand on pense que Fakhreddine est le père du Liban, qu’émirs et cheikhs sont des titres de noblesse. Que les chiites n’ont pas débarqué au Liban, mais qu’ils en font partie depuis toujours. Que nous ne sommes ni Phéniciens, ni Levantins. Quand on ne sait pas forcément pourquoi on mange du meghli pour célébrer, au départ, la naissance d’un garçon, quand on est sacré pays du hommos et qu’on ne cultive pas de pois chiches, que les montagnes libanaises n’ont jamais été un refuge. Quand on ne reparle pas de l’appropriation du centre-ville de Beyrouth au lendemain de la guerre par une société privée, quand on ferme les yeux sur toutes les exactions commises depuis toujours par les mêmes familles politiques depuis l’époque de la Moutassarifiya jusqu’à aujourd’hui.

Et on s’étonne ensuite qu’une grande partie des Libanais n’arrivent pas à sortir des stigmates d’un passé qu’ils ne connaissent pas vraiment parce que, finalement, nous n’avons pas comme on dit en anglais : The big picture. Une grande partie des Libanais ne savent pas grand-chose de leur histoire et c’est ce qui rend le présent si compliqué.

Sauf que si c’est le jeu de la classe politique, en place depuis des décennies, on peut aujourd’hui en savoir plus. Grâce aux médias alternatifs, aux réseaux sociaux ; grâce à des individus et des professionnels qui œuvrent à dépoussiérer ces vieux grimoires en partageant leur savoir, en revenant sur les a priori, les mythes, les mensonges… On en a tous besoin parce que le jour où l’on saura vraiment d’où on vient, on saura où on va. Et on y arrivera.

Chroniqueuse, Médéa Azouri anime depuis bientôt un an avec Mouin Jaber « Sarde After Dinner », un podcast où ils discutent librement et sans censure d’un large éventail de sujets, avec des invités de tous horizons. Tous les dimanches à 20h00, heure de Beyrouth. Épisode de la semaine à voir ici.

L’histoire se répète-t-elle ? La peste noire, le choléra, la grippe espagnole, le sida… le Covid-19. Nabih Berry, Samir Geagea, Michel Aoun, Hassan Nasrallah, Walid Joumblatt, les Hariri père et fils, les Frangié, les Gemayel et tous les autres. On prend les mêmes et on recommence. Ils ont troqué leurs uniformes, se sont glissés dans des costumes trois-pièces, ont fait hériter à...

commentaires (1)

relevons que c'est finalement l'Homme integre ET la loi qui ont bati les Nations dignes de ce nom( oui il a fallu des Hommes integres pas seulement des juges pour appliquer les lois ). 2 choses qui manquent encore cruellement au Liban: Integrite de l'Homme et des Lois !

Gaby SIOUFI

11 h 13, le 05 mars 2021

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Commentaires (1)

  • relevons que c'est finalement l'Homme integre ET la loi qui ont bati les Nations dignes de ce nom( oui il a fallu des Hommes integres pas seulement des juges pour appliquer les lois ). 2 choses qui manquent encore cruellement au Liban: Integrite de l'Homme et des Lois !

    Gaby SIOUFI

    11 h 13, le 05 mars 2021

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