L’Association des banques du Liban (ABL) a nié hier toute responsabilité dans la dépréciation de la livre libanaise face au dollar, au lendemain d’un plus bas historique sur le marché noir atteignant 10 000 livres pour un dollar. Plusieurs voix s’étaient élevées depuis le décrochage de la livre à 9 000 livres le mois passé, accusant les banques de se fournir sur le marché noir pour sécuriser la liquidité externe demandée dans le cadre de la restructuration du secteur bancaire. De fait, à travers la circulaire n° 154, la BDL a demandé aux établissements bancaires de placer 3 % de la valeur des dépôts en devise détenus à fin juillet 2020 dans des comptes auprès de leurs banques correspondantes. Le secteur détenait 143,3 milliards de dollars, dont 114,9 milliards en devise. La liquidité requises équivalant alors à 3,45 milliards de dollars « frais », en opposition aux comptes en devises sur lesquels s’appliquent des restrictions sur les retraits et les transferts à l’étranger. C’est justement l’ampleur du montant requis et la faible taille du marché de change qui « n’excède pas les quelques millions de dollars » qui montrent que les banques ne sont pas responsables de la situation, a déclaré l’ABL. Selon l’association, cette dépréciation est notamment due au « flou politique (...) en l’absence de tout effort pour former un gouvernement », le pays étant sans cabinet depuis près de sept mois, « aux importations non subventionnées par la BDL (et) à la raréfaction du dollar sur le marché local à l’ombre d’une baisse du mouvement de liquidités ». Dans ce contexte, le député Nabil Nicolas, affilié au Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil, a fait une demande d’ouverture d’une note d’information contre des plateformes électroniques qui relaient les taux journaliers. Le gouvernement avait tenté de les fermer au printemps 2020, sans grand succès. L’Association des déposants libanais a, elle aussi, déposé une demande d’ouverture d’une note d’information auprès du parquet financier contre « des dizaines de personnes qui manipulent le taux de la livre et menacent la santé de la monnaie nationale ». C’est également pour cette raison que le président Michel Aoun a rencontré hier le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, pour lui demander d’enquêter sur la hausse du taux de change et de faire parvenir ses conclusions aux Libanais et à la justice.
Société - Monnaie
L’ABL nie toute implication dans la dépréciation récente de la livre
OLJ / le 04 mars 2021 à 00h00
commentaires (1)
"... C’est justement l’ampleur du montant requis et la faible taille du marché de change qui « n’excède pas les quelques millions de dollars » qui montrent que les banques ne sont pas responsables de la situation ..." - eh bien, c’est justement le contraire...
Gros Gnon
20 h 58, le 04 mars 2021