Samedi après-midi, le long de la route qui mène vers Bkerké, des centaines de voitures pare-chocs contre pare-chocs et des embouteillages monstres : des milliers de Libanais venus de toutes les régions du pays ont répondu présents à l’appel du patriarche maronite Béchara Raï, pour la neutralité du Liban et la tenue d'une conférence internationale pour un règlement de la crise sociale, politique et économique dans laquelle le pays s’enlise depuis plus d’un an.
Face à l’ampleur des embouteillages, certains descendent de leurs voitures et font une partie du chemin à pied, pour arriver à temps pour le discours du patriarche. L’armée et les Forces de sécurité intérieure sont massivement déployées dans le secteur. Partout, des drapeaux libanais, mais aussi des drapeaux des Forces libanaises et quelques-uns des Kataëb brandis par les automobilistes. Sauf qu’à l’intérieur, aucun symbole partisan n’est autorisé, afin de garantir la neutralité prêchée par Mgr Raï.
« Encore 400 mètres », lance une femme à son amie, pour l’encourager à poursuivre le chemin. Arrivée à l’entrée, un militaire demande à examiner le fanion qu’elle tient en main pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un drapeau partisan. « C’est le drapeau libanais, vous ne le reconnaissez plus ? », lui lance-t-elle, en colère. A l’intérieur de la grande cour de Bkerké, un public de tous les âges, venus de différentes régions et villages. Certains portaient un masque barré de la mention "fédéralisme", d'autres brandissaient des portraits du patriarche serrés contre leur cœur. A côté des nombreux croix tenues par les manifestants, des femmes voilées, des druzes en cherval noir...« Nous ne vivons pas en Iran et nous ne voulons pas être affiliés au Hezbollah », affirme à L’Orient-Le Jour un jeune originaire du quartier de Aïn el-Remmaneh à Beyrouth, sous couvert d’anonymat. « Nous soutenons le patriarche dans ses demandes car nous vivons sous le joug de mafias et de partis qui ont mis la main sur le pays », ajoute-t-il. A ses côtés, un groupe de jeunes interrompt de temps à autre le discours du prélat par des slogans comme "Révolution ! Révolution !", "Iran dehors !" ou "Hezbollah terroriste !".
Une église et une mosquée
"Historiquement, Bkerké a de tout temps lutté pour la nation", affirme pour sa part Joseph Chaaya, 35 ans, venu de Damour, dans le Sud. "Aujourd'hui, nous sommes soumis à une occupation et le patriarcat veut nous en libérer", ajoute le jeune homme qui arbore une croix des FL. « Les chrétiens ont bâti ce pays et mis sur pied une civilisation avec leurs partenaires, mais malheureusement nous n'exportons que le terrorisme aujourd'hui. Beaucoup de gens le pensent, mais certains n’osent pas le dire car ils sont soumis à la terreur des armes », assure-t-il.
Originaire de Hemlaya (Metn-Nord), Marie s’est rendue à Bkerké avec sa sœur et une trentaine de personnes originaires du village. « Le patriarche est la référence pour les chrétiens. Il nous représente et appelle à la neutralité. Il est donc normal pour nous de le soutenir », explique-t-elle, une photo de Béchara Raï à la main. William Nohra, 20 ans, estime quant à lui que « le patriarche a dépassé les appartenances religieuses et communautaires ». « Il demande que les armes illégales soient retirées », ajoute le jeune homme issu de Aïn el-Delb, dans le Sud.
Parmi la foule, un groupe d’une centaine de Tripolitains, dont plusieurs femmes voilées et des proches de certains militants arrêtés en marge des manifestations qui ont eu lieu dans la ville, fin janvier. Amal Khaled, mère de Mohammad el-Bay, un des activistes de Tripoli accusés de « terrorisme » par le tribunal militaire, est venue à Bkerké pour écouter le patriarche maronite. « Je soutiens le patriarche dans tout ce qu’il a dit. C’est un homme bon et juste qui nous a offert un discours convaincant. Je me sens apaisée et j’espère qu’il pourra aider les détenus, dont mon fils fait partie », soupire-t-elle. « Mohammad est injustement emprisonné à Roumieh, dans une cellule située au sous-sol. Il est épileptique et on ne lui donne pas ses médicaments. J’ai peur qu’il ne succombe à une crise en prison », confie-t-elle, les larmes aux yeux.
Venu en compagnie du groupe tripolitain, Hussein Osman, artisan d’une cinquantaine d’années, arbore fièrement un drapeau libanais et un carton sur lequel il a découpé une église et une mosquée. « Je suis originaire de Baalbeck, mais j’habite à Tripoli. Je soutiens le vivre-ensemble pour lequel le patriarche plaide. La thaoura n’est pas morte, elle continuera tant que nous serons en mesure de protester », affirme-t-il.
Toutes les communautés, toutes les régions
De son côté, Mounir, la quarantaine, affirme être venu soutenir la position "nationale et non religieuse" du patriarche. L'homme, originaire de la Montagne et accompagné d’une délégation issue de plusieurs villages druzes et chrétiens du Chouf, estime que le patriarche a pris cette position "parce qu'aucun responsable politique n'était prêt à le faire". « Nous sommes venus en bus de Jbah, Gharifé, Jahliyé, Niha, Baakline, Aïn Wzaïn, Barouk et Békaata », ajoute Mounir. « Je suis druze, certes, et Mgr Raï est chrétien, personne ne veut convertir l'autre, affirme pour sa part un des compagnons de Mounir, un ancien militaire qui requiert l’anonymat. Le patriarche est tout simplement en train d’exprimer une prise de position patriotique en faveur de la distanciation du Liban face aux conflits régionaux. Nous soutenons pleinement son discours qui dépasse les appartenances religieuses”.Assis parmi la foule, Abdo Rached, 24 ans, étudiant originaire du Kesrouan, se félicite pour sa part de la diversité du public. « Je suis heureux de voir des gens de toutes les communautés et de toutes les régions. Le discours de Béchara Raï fait écho aux revendications d'une grande partie des Libanais. Il est temps d’en finir avec la tutelle iranienne qui nous a entraînés dans des guerres absurdes. Il faut tenir une conférence internationale sous l’égide des Nations Unies, pour sortir le Liban de la crise", ajoute-t-il.
commentaires (6)
MA LIBRE EXPRESSION, QUI RESPECTE LES REGLES ET N,INSULTE PAS, D,AILLEURS CE N,EST PAS MON CARACTERE, EST SOUMISE PAR LES DEMOCRATES ET PRETENDUS DEFENSEURS DE LA LIBRE EXPRESSION DE L,OLJ A UNE AIGRE ET REPETEE CENSURE DONT JE NE COMPRENDS PAS LA RAISON, A MOINS QU,ELLE SOIT POUR MENAGER DES SENSIBILITES POLITIQUES DE CERTAINS DONT LE JOURNAL VEUT GARDER LES BONS AUSPICES. JE REFUSE CE TRAITEMENT DONT JE SUIS CERTAIN EST INFLIGE A D,AUTRES INTERNAUTES AUSSI. JE CONSIDERE TRES SERIEUSEMENT DE SUSPENDRE MA PARTICIPATION AU JOURNAL QUI SE PRETEND DEFENSEUR DE PREMIER RANG DE LA LIBRE EXPRESSION. - JE PRIE ET J,ESPERE QUE CE LIBRE COMMENTAIRE SOIT PUBLIE.
JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA
21 h 38, le 28 février 2021