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Culture - Commémoration

Ounsi el-Hajj, sept ans déjà

Le fils de Jezzine, inoubliable auteur de « Kalimat » (mots), est terrassé par un cancer le 18 février 2014. Sa poésie solaire est toujours là...

Ounsi el-Hajj, sept ans déjà

Ounsi el-Hajj, 1937-2014. Photo Hassan Assal

Il aurait eu aujourd’hui 84 ans, le poète à la figure si proche d’Anton Tchékov. Il aurait continué à déverser ses paroles aux parfums enivrants, ses rimes libres aux cadences soyeuses et ses images jaillies d’un imaginaire insondable empreintes de droiture et de beauté immatérielle. Dans cette langue arabe qu’il a tant aimée et qu’il s’est appliqué à (re)discipliner, (re)sculpter, moderniser.

Ounsi el-Hajj, mort d’un cancer en 2014, n’était pas seulement ce flamboyant journaliste au an-Nahar, depuis 1956, qui signait des éditoriaux polémiques, vengeurs et brillants. Surtout, il taquinait les muses et faisait jongler, en toute virtuosité, rimes et prose sur le bout de sa plume à la fois incisive, tendre et humaine.

Ce fils de Jezzine était non seulement un irréductible chef de file du mouvement poétique arabe (lancé dans les années 1970-80) mais aussi la « rock star », sans vantardise, coquetterie ou caprice, du parnasse arabe qu’il a patiemment dépoussiéré, avec détermination et fermeté. En donnant à la poésie son souverain statut de citoyenneté républicaine. Pour un mot qui a son poids, pourfend le pouvoir et jauge la société, dans un monde alors en fiévreuse quête d’identité.

L’œuvre d’Ounsi el-Hajj fut plébiscitée dans le monde entier, si l’on recense les innombrables traductions (français, anglais, allemand, italien, espagnol) dont ses recueils ont bénéficié pour un lectorat largement cosmopolite. En révélant les incroyables ressources stylistiques de la langue de Khalil Gebran et Mikhaël Neaïmé.

Avec la revue Shiir, il a introduit le surréalisme (à travers des traductions des œuvres d’André Breton et d’Antonin Artaud entre autres) dans le monde arabe qui dormait alors sur ses lauriers et s’enfermait dans de stériles querelles intestines…

Loin de tout repli sur soi, le verbe d’Ounsi el-Hajj est celui de l’altérité, du triomphe de l’amour, de la force d’un humanisme sans frontière.

Si ses chroniques étaient insolentes, c’est que le poète avait bien pressenti la courbe de malheurs et de déconvenues qui guettait le pays du Cèdre. Le relire en ces moments d’infortune, c’est justement croire au message d’amour et d’espoir qu’il tentait de faire passer et d’insuffler.

Un grand rêveur Ounsi el-Hajj, lui qui se présentait comme un « tranquille comme un sage et doux comme un maudit » ? Quel grand bonheur d’entendre sa voix, même d’outre-tombe. Car les vivants ici, aujourd’hui, n’ont que la voix des ténèbres et des morts…

Il aurait eu aujourd’hui 84 ans, le poète à la figure si proche d’Anton Tchékov. Il aurait continué à déverser ses paroles aux parfums enivrants, ses rimes libres aux cadences soyeuses et ses images jaillies d’un imaginaire insondable empreintes de droiture et de beauté immatérielle. Dans cette langue arabe qu’il a tant aimée et qu’il s’est appliqué à (re)discipliner,...

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