Le patriarche maronite, Béchara Raï, a réitéré hier son appel à une conférence internationale pour sortir le Liban de la crise, une initiative qui avait été critiquée implicitement mardi par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et qui a été de nouveau contestée hier par le mufti jaafarite, Ahmad Kabalan.
« Les fondements de l’État se désintègrent, les responsables politiques font preuve d’un manque d’humanisme, ils mènent le pays à sa perte et les autorités politiques aggravent la situation en entravant le fonctionnement de l’État, notamment par leur incapacité à former un gouvernement et leur blocage de la justice », a déploré le patriarche dans son homélie hier à Bkerké. « Face à cette triste réalité, à l’impossibilité de mettre en place la moindre réforme, au dialogue impossible pour former un gouvernement de mission, nous avons appelé à une conférence internationale pour le Liban sous les auspices des Nations unies. L’objectif est de mettre de nouveau le Liban en lice, en améliorant le document d’entente nationale de Taëf, et de corriger les lacunes évidentes de la Constitution », a-t-il réaffirmé.
« Notre principal et unique objectif est de permettre à l’État libanais de renaître, retrouver sa vitalité, son identité, sa neutralité positive, son impartialité et son rôle en tant que facteur de stabilisation dans la région. À travers cette conférence, nous aspirons à un État unifié autour de son peuple et de sa terre, avec sa légitimité et sa souveraineté, ses institutions et son armée, sa Constitution et sa charte, un pays fort qui bâtit la paix sur la base de son intérêt national et du droit de son peuple à vivre en sécurité, et non sur la base des intérêts d’autres pays », a-t-il poursuivi, avant de souligner que le dessaisissement du juge Fadi Sawan du dossier de l’enquête et les « arguments et prétextes douteux » entourant cette affaire confortent l’appel à une « coopération avec des enquêteurs internationaux, étant donné la portée de ce crime contre l’humanité ».
Le mufti jaafarite a critiqué cet appel du patriarche, estimant qu’il s’agit d’« une rupture sévère avec la formule libanaise ». Selon lui une conférence internationale sur la crise libanaise « portera le coup de grâce au Liban ». « La souveraineté n’est pas une mode. L’internationalisation a été la cause des crises au Liban depuis la guerre civile. Le vide gouvernemental est causé par l’appétit de certains dinosaures internationaux et de leurs agents locaux, ni plus ni moins. Le Liban s’est engagé dans les batailles les plus féroces dans la région pour préserver son pouvoir de décision politique, sa souveraineté, sa coexistence et sa paix civile. Nous ne renoncerons jamais à cette souveraineté », a-t-il souligné dans un communiqué.
commentaires (3)
Il me fait rire le mufti , la souveraineté du Liban et où on met les ayatollahs et l'Iran ?
Eleni Caridopoulou
18 h 39, le 22 février 2021