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Campus - CORONAVIRUS

Comment la pandémie a bouleversé le quotidien des étudiants libanais

Depuis le début de la crise sanitaire, les étudiants libanais tentent de s’adapter à leur nouvelle vie et de se trouver de nouveaux centres d’intérêt.

Comment la pandémie a bouleversé le quotidien des étudiants libanais

Rita Achkouty. Photo DR

En ces temps difficiles où la pandémie du Covid-19 bouleverse la vie de tous, les étudiants libanais apprennent, entre quatre murs, à réorganiser leur quotidien. Ils se confient sur les efforts qu’ils déploient constamment pour ne pas se laisser décourager par la crise sanitaire qui affecte leur vie sociale et les tient loin des bancs de l’université.


Cynthia Hachem. Crédit photo Jihad Bejjani


Se concentrer sur ses études

De très nombreux étudiants éprouvent le besoin de se focaliser sur leurs études pour ne pas se laisser gagner par le découragement. Ceux que nous avons interrogés disent avoir choisi de tirer profit du confinement pour consacrer davantage de temps à leur formation académique. « Je comprends que les élèves aient du mal à rester motivés pour étudier pendant cette période extrêmement difficile pour l’ensemble de la population libanaise. Cependant, il ne faut pas oublier que l’éducation est la clé d’un avenir meilleur », insiste Rebecca Khoueiry. Cette jeune femme inscrite en 2e année de journalisme à la faculté d’information de l’Université Libanaise raconte : « Comme la plupart des étudiants, j’ai d’abord éprouvé des difficultés à suivre des cours en ligne. Mais petit à petit, les choses sont devenues plus faciles. Je passe la majorité de mon temps devant mon écran d’ordinateur à étudier et je redouble d’efforts pour relire mes notes et faire le travail qu’il m’est demandé de remettre. » Pour l’étudiante de 19 ans, le fait de se former à son futur métier et de développer sa culture générale lui permet d’oublier, au quotidien, les nouvelles anxiogènes. « Étudiant le journalisme, je passe beaucoup de temps à écrire, et cette activité me permet de m’exprimer tout en canalisant mes émotions négatives », ajoute-t-elle.


Marc Achkouti. Crédit photo Élie Achkouti


Rita Achkouty, fraîchement diplômée en master option droit privé de l’Université la Sagesse, s’est appliquée pour pouvoir soutenir son mémoire en janvier. « Depuis le début de la crise sanitaire en 2020, j’ai organisé mon quotidien en vue de pouvoir terminer la rédaction de mon mémoire. Compte tenu de cette situation exceptionnelle, j’ai dû surmonter de nombreuses difficultés, dont la conséquence a été un retard dans mon travail de rédaction, mais je n’ai pas perdu de vue mon objectif et j’ai pu être récompensée pour mes efforts avec la mention très bien », confie la jeune femme de 25 ans. « Il s’agit d’une période stressante pour tout le monde, et en particulier pour les étudiants qui sont loin des bancs de l’université. Personnellement, j’ai le souci de développer mes compétences en acquérant davantage de connaissances relatives à mon domaine de spécialisation. Je dispose à présent d’assez de temps pour étudier, pour faire des recherches et des lectures et pour regarder des vidéos éducatives », souligne Amer el-Haber, en 4e année de physiothérapie à l’Université Antonine. Le jeune homme de 21 ans dit garder contact avec ses amis avec qui il partage ses préoccupations.


Mary-Lynn el-Hayek. Photo DR


Réorganiser son quotidien et trouver de nouveaux centres d’intérêt

« Le plus difficile pour moi, durant cette pandémie, c’est d’être loin de l’université parce que cela implique une absence de contact direct avec les autres étudiants et les profs », remarque Marc Achkouti. Le jeune homme inscrit en 2e année d’architecture d’intérieur à l’Académie libanaise des beaux-arts tente d’adopter une certaine routine de vie pour tirer profit des journées qu’il passe à son domicile. Il précise : « En dehors des cours que je suis en ligne, je pratique le sport quotidiennement tout comme je joue du piano. Le week-end, je passe du temps devant les écrans, que ce soit pour regarder des films et des séries ou pour jouer à des jeux vidéo. »


Danielle Nehmé. Crédit photo  Elsy Nehmé


Pour Danielle Nehmé, les vacances intersemestrielles ne sont plus aussi attendues que par le passé. L’étudiante inscrite en 3e année d’architecture extérieure à l’USEK, campus de Zahlé, confie : « Le fait de me lever tôt pour suivre mes cours en ligne m’aide à être productive, je passe ensuite pas mal de temps à développer mes projets académiques et à faire de la recherche. En revanche, pendant les vacances, comme je n’ai pas grand-chose à faire, je me lève tard et je ne lâche presque pas mon téléphone. » La jeune femme a décidé, pendant le confinement, d’avoir de nouvelles habitudes au quotidien : « À présent, note-t-elle, j’essaie de me rendre utile à la maison en participant aux tâches ménagères. De même, j’ai commencé à dédier un temps à la lecture, ce que je ne faisais pas par le passé. »


Amer el-Haber. Photo DR


Lorsqu’elle n’est pas occupée à étudier, Cynthia Hachem, en 3e année de laboratoire médical à l’Université Sainte Famille (USF), ne compte pas les heures qu’elle passe devant sa console et son ordinateur. « Je suis une grande fan de jeux vidéo et je partage cette passion avec d’autres joueurs avec qui j’échange en ligne. Il s’agit d’une échappatoire, aussi important pour moi que la musique, qui me permet d’oublier les difficultés du quotidien », explique l’étudiante de 20 ans. « Je suis persuadée que le temps que l’on est contraint de passer chez soi en solitaire permet à chacun de nous de mieux se connaître. C’est aussi l’occasion de tenter de nouvelles expériences comme faire de la cuisine, éditer des vidéos et de partager enfin des moments précieux avec nos parents », ajoute-t-elle.


Rebecca Khoueiry. Crédit photo César Beaino


Persuadée qu’il est possible de faire preuve de productivité en restant confiné chez soi, Mary-Lynn el-Hayek, en 3e année d’études de télécommunications à l’Université Saint-Joseph, a trouvé de quoi occuper ses journées de manière ludique. « En octobre 2020, j’ai rejoint, en tant que graphiste, l’équipe du journal étudiant de mon université, Campus-J. De même, j’ai créé une page Instagram nommée M_atbak_H où je partage régulièrement avec les internautes des astuces de cuisine et des recettes », raconte-t-elle. L’étudiante de 19 ans souligne que le fait de trouver de nouvelles occupations est important pour se changer les idées et s’épanouir durant cette période particulièrement difficile à vivre.

Repenser ses priorités

Les jeunes interrogés s’accordent à dire que tous ces changements induits par la crise sanitaire les ont transformés. « J’ai appris à faire preuve de patience, je sais à présent reconnaître la valeur des choses simples de la vie et j’ai appris à m’adapter aux changements qu’impose, au quotidien, cette situation de crise, notamment au fait d’être confinée, sans que cela n’affecte négativement mon mental », remarque Rita Achkouty.

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Accepter l’anxiété pour mieux la surmonter

« Pour ma part, je mesure la chance que j’ai d’être en bonne santé, entourée d’une famille qui me soutient, et de pouvoir continuer à faire ce que j’aime. Nous pouvons tirer des leçons de vie de ce que nous traversons et apprendre à connaître qui nous sommes vraiment », confie Mary-Lynn el-Hayek. Rebecca Khoueiry, elle, avoue avoir pris conscience de l’importance d’avoir une famille et des amis sur lesquels elle peut compter durant ces moments difficiles et avec lesquels elle peut partager ses peurs, ses craintes et sa colère. « Le fait d’être croyante et de prier me permet de voir que même dans les nuits les plus sombres, de petites étoiles brillent toujours », reconnaît-elle.

Danielle Nehmé conseille enfin aux étudiants qui se sentent démotivés de repenser à leurs objectifs de carrière et de vie car, indique-t-elle, « rétablir vos priorités vous aidera à vous remettre au travail, à gérer le temps dont vous disposez et à dépasser les moments de découragement. »



En ces temps difficiles où la pandémie du Covid-19 bouleverse la vie de tous, les étudiants libanais apprennent, entre quatre murs, à réorganiser leur quotidien. Ils se confient sur les efforts qu’ils déploient constamment pour ne pas se laisser décourager par la crise sanitaire qui affecte leur vie sociale et les tient loin des bancs de l’université. Cynthia Hachem. Crédit photo...

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