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Moyen-Orient - Israël

Fronde du mouvement pour « légaliser » des colonies sauvages

Fronde du mouvement pour « légaliser » des colonies sauvages

L’ « avant-poste » de Givat Hachish, une colonie sauvage située près de Bethléem en Cisjordanie occupée, le 20 janvier 2021. Menahem Kahana/AFP

Avec une vive compétition entre partis de droite en vue des prochaines élections israéliennes, le mouvement procolonies mène son offensive pour pousser la classe politique à s’engager en faveur de la légalisation de colonies « sauvages », au grand dam des Palestiniens. En Cisjordanie occupée, il y a deux grands types de colonies : celles jugées légales par Israël, et celles non reconnues par l’État hébreu, soit des colonies « sauvages » ou « avant-postes » souvent faits de maisons mobiles plantées sur une colline. Si ces deux types de colonies sont contraires au droit international, des organisations procolonies, elles, mènent leur cabale pour pousser le gouvernement de Benjamin Netanyahu à « légaliser », du point de vue israélien, quelque 70 colonies « sauvages » en Cisjordanie où vivent environ 25 000 des 475 000 colons locaux.Début janvier, des militants ont érigé une tente devant les bureaux du Premier ministre Netanyahu à Jérusalem et entamé une grève de la faim, afin de braquer les projecteurs sur leur cause. « Il n’y a aucune raison logique pour que 25 000 citoyens israéliens n’aient pas les mêmes droits que les autres, ce n’est pas une question politique, il s’agit de droits sociaux », lance à l’AFP Yossi Dagan, le puissant président du conseil régional Shomron, un regroupement de colonies dans le nord de la Cisjordanie.

Grève de la faim

M. Dagan a fait ce mois-ci sept jours de grève de la faim devant le bureau du Premier ministre, avant d’être évacué dans un hôpital local à la suite d’un malaise, a constaté l’AFP. Coïncidence ou non, ces militants ont mis fin à leur grève de façon abrupte au lendemain du départ de la Maison-Blanche de Donald Trump, ex-président américain et un ardent défenseur des colonies israéliennes.

Mais la fin de leur grève ne signifie pas l’arrêt de la mobilisation. Ces colons soutiennent que le « combat continue » et souhaitent profiter de la campagne pour les législatives de mars – les quatrièmes en moins de deux ans – pour faire avancer leur cause. Si les trois derniers scrutins étaient des duels entre M. Netanyahu et l’ex-chef de l’armée, le centriste Benny Gantz, cette fois le Premier ministre fait face à une rude compétition à droite avec la montée du conservateur Gideon Saar, et du chef de la droite radicale, Naftali Bennett, tous jugés proches du mouvement des colonies. À l’automne, une loi sur la légalisation de ces avant-postes avait été adoptée en première lecture par les députés, mais Benny Gantz, ministre de la Défense dans le gouvernement d’union, a refusé d’aller au bout de cette procédure.

« Sans chauffage, sans eau »

« Les colons ont eu besoin de lancer une campagne (...). Ils ont besoin en période électorale d’obtenir des promesses des partis susceptibles d’être dans le prochain gouvernement », note Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University d’Israël. « Les colons savent qu’après les élections, la marge de manœuvre du gouvernement ne sera pas aussi grande que durant le mandat de Trump, donc il leur faut des promesses et pas seulement des déclarations de soutien », dit-il à l’AFP. Pour Hagit Ofran, chargée de la surveillance des colonies au sein de l’ONG La Paix maintenant, l’entrée en fonction à Washington du démocrate Joe Biden complique pour Israël la légalisation des colonies. « Avec les nouvelles élections, on peut aussi espérer un changement de pouvoir » en Israël, à l’issue des élections de 23 mars prochain, qui pourraient avoir un impact non seulement sur le projet de légaliser des « colonies sauvages », mais sur l’ensemble du processus « d’appropriation des terres palestiniennes ». À Givat Hachish, une colonie sauvage située près de Bethléem en Cisjordanie occupée, Matan Fingerhut, père de quatre enfants, ne dit pas pour qui il votera mais est sûr d’une chose : il veut la légalisation de sa colonie. « J’aime cet endroit et je veux y vivre en toute légalité », plaide-t-il. « On se retrouve souvent dans le noir, sans chauffage, sans eau chaude, c’est la principale difficulté », se plaint celui qui a construit sa maison sans autorisation. Ces « avant-postes » ne sont en théorie pas rattachés au réseau électrique et d’aqueduc israélien qui alimentent les colonies israéliennes en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Uriya Loberbaum, 38 ans, père de cinq enfants habitant de Sdé Boaz, une autre colonie sauvage, a lui fait 18 jours de grève de la faim. « Nous devons clairement dire que c’est à nous, cette région appartient au peuple juif », dit-il, une affirmation rejetée en chœur par les Palestiniens.

Michael Blum/AFP

Avec une vive compétition entre partis de droite en vue des prochaines élections israéliennes, le mouvement procolonies mène son offensive pour pousser la classe politique à s’engager en faveur de la légalisation de colonies « sauvages », au grand dam des Palestiniens. En Cisjordanie occupée, il y a deux grands types de colonies : celles jugées légales par Israël, et...

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