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Agenda - Hommage à Hagop Akiskal

L’ami, l’érudit et le maître

Hagop Akiskal (1944-2021) n’est plus. Oui, il nous a quittés le 20 janvier. Il nous est difficile de croire que nous n’allons plus vivre les élans de créativité de ce géant international de la santé mentale. Nous avons perdu un ami, un maître et un érudit qui a brillé par sa capacité d’allier la recherche à l’intuition et au penchant littéraire, et la persévérance au travail minutieux. Comme il le disait : « Je crois que j’ai hérité le goût littéraire et médical du côté de ma mère, et les traits de précision de la physique et des mathématiques du linkage de mon père. »

Nombreux au monde sont ceux qui aujourd’hui parlent du spectre bipolaire et de cyclothymie grâce à Hagop Akiskal. Nombreux sont ceux qui parlent des tempéraments comme étant les composantes essentielles de notre comportement, de nos échecs, de nos peines, mais aussi de nos réussites et de nos élans grâce à Hagop Akiskal. Grâce à sa redécouverte de Kraepelin, Hagop a mobilisé les chercheurs non seulement des États-Unis, mais aussi du monde entier. Cet éternel libanais de souche arménienne se vantait durant les congrès d’avoir conservé ses racines, et de faire l’éloge de la créativité et de la persévérance des Libanais.

Il a quitté le Liban en 1969, après ses études en médecine à l’Université américaine de Beyrouth, et très vite, il a brillé en 1973 aux États-Unis avec deux publications, la première dans la revue prestigieuse Science sur les liens entre psychologie et biologie, et l’autre dans Archives of General Psychiatry intitulée « Psychiatrie et pseudo-psychiatrie ». Ces publications l’ont, en fait, convaincu de continuer dans sa spécialité, car il comptait sérieusement quitter la psychiatrie. Heureusement pour nous et pour la science des troubles de l’humeur.

Son génie était rare, et les salles étaient combles quand Hagop donnait une conférence. Il inspirait toutes ses audiences, et son éloquence oratoire enchantait. Il est l’étincelle à la source de nos nombreuses études au Liban et en France.

Quelle chance d’avoir connu Hagop ! Il était un inspirateur généreux et infatigable pour partager ses idées, et soutenir les cliniciens et chercheurs. En fait, le Liban est le seul pays au monde qui ait une carte nationale de tous les tempéraments. Nous avons eu la chance de le remercier officiellement au Liban. Le président de la République lui a décerné la médaille de Mérite national de la santé (premier degré) en 2011. Ce fut une reconnaissance qui s’ajouta à la longue liste des prix internationaux prestigieux qu’Hagop a reçus tout au long de sa carrière.

Nous porterons toujours en nous cette belle image de l’excellence scientifique et surtout de la bonté de l’homme. Il n’est plus là, mais son héritage est toujours là et le restera. Dans le monde de la bipolarité, il y a un « avant » et un « après »-Hagop Akiskal. Il continuera à inspirer beaucoup d’experts et de jeunes chercheurs et cliniciens en santé mentale dans les cinq continents. Nous n’oublierons jamais le phénomène Hagop Akiskal !

Élie KARAM (Liban)
et Élie HANTOUCHE (France)


Hagop Akiskal (1944-2021) n’est plus. Oui, il nous a quittés le 20 janvier. Il nous est difficile de croire que nous n’allons plus vivre les élans de créativité de ce géant international de la santé mentale. Nous avons perdu un ami, un maître et un érudit qui a brillé par sa capacité d’allier la recherche à l’intuition et au penchant littéraire, et la persévérance au travail...