Kubis : La nouvelle administration US va-t-elle pousser pour la formation du gouvernement Hariri ?

Le coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban, Jan Kubis, tout juste nommé envoyé spécial pour la Libye et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), s'est demandé mardi si la nouvelle administration américaine du président élu Joe Biden allait pousser les partis libanais à former le gouvernement qu'est censé diriger Saad Hariri, alors que le pays est sans cabinet depuis août 2020.
"La nouvelle administration à Washington va-t-elle enfin pousser les partis à créer un nouveau gouvernement dirigé par Saad Hariri ? Un nouveau gouvernement ne veut pas automatiquement dire la fin de la crise, mais son absence ne fait qu'aggraver l'effondrement et la souffrance du peuple", a écrit le diplomate sur Twitter.

Les tractations gouvernementales sont au point mort. Saad Hariri, désigné le 22 octobre pour former un cabinet, et le président de la République, Michel Aoun, qui prend part à la formation du gouvernement, ne se sont plus rencontrés depuis près d'un mois. Certains observateurs estiment que les responsables libanais attendent l'arrivée de l'administration Biden, ou encore un éventuel deal avec l'Iran, pour débloquer le dossier du gouvernement. Lors d'une récente entrevue entre le chef de l'Etat et le Premier ministre démissionnaire Hassane Diab, une vidéo avait fuité dans laquelle Michel Aoun accusait Saad Hariri de mentir concernant les tractations, ce qui avait achevé de figer le processus gouvernemental déjà compromis. Mais M. Diab a entrepris mardi une initiative pour tenter de débloquer le processus, en s'entretenant avec Saad Hariri, Michel Aoun et le président du Parlement, Nabih Berry.

"La visite du Premier ministre (démissionnaire) Hassane Diab chez le Premier ministre désigné Saad Hariri est un pas fort, courageux et positif qui peut aider à surmonter l'impasse actuelle du processus de formation du gouvernement", a réagi sur son compte Twitter Jan Kubis. "J'espère que d'autres pas et gestes de sagesse suivront rapidement pour le salut du Liban et de son peuple", a-t-il ajouté.

Le Liban est sans gouvernement depuis la démission de Hassane Diab en août, dans la foulée de la double explosion meurtrière du port de Beyrouth. Jan Kubis est également revenu sur ce drame qui a coûté la vie à plus de 200 personnes, blessé plus de 6.500 autres, et détruit des quartiers entiers de Beyrouth le 4 août. "Il est inhumain et irresponsable de ne pas aller de l'avant avec l'enquête technique sur l'explosion au port de Beyrouth. Comment les gens vont-ils obtenir des compensations des compagnies d'assurance s'il n'y a pas de verdict sur les causes de la déflagration ?", s'est interrogé le responsable onusien.

Le juge Fady Sawan, en charge de l'enquête sur l'explosion causée par la présence de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium dans le port sans mesure de sécurité depuis 2014, a déjà inculpé le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, et trois anciens ministres. Mais l'enquête fait du surplace depuis des semaines, face aux ingérences de divers responsables politiques, au grand dam d'une large frange de la population qui réclame une enquête indépendante. Les appels à une enquête internationale ont été rejetés par les autorités libanaises qui ont toutefois été épaulées par des experts internationaux lors des premières investigations sur le terrain.

M. Kubis, qui a occupé le poste de coordinateur spécial pour le Liban depuis 2019, s’est distingué par une empathie claire à l’égard du mouvement de contestation du 17 octobre 2019 et une attitude très sévère à l’égard de la classe dirigeante libanaise