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Culture - Disparition

Vassilis Alexakis, va-et-vient franco-grec

Romancier et journaliste, mais aussi dessinateur et cinéaste, Vassilis Alexakis, décédé lundi à l’âge de 77 ans, a passé sa vie à aller et venir entre deux cultures et deux langues, la française et la grecque.

Vassilis Alexakis, va-et-vient franco-grec

Le romancier et journaliste mais aussi dessinateur et cinéaste Vassilis Alexakis. Bertrand Guay/AFP

Décédé à l’age de 77 ans, Vassilis Alexakis, le plus français des écrivains grecs (mais on peut inverser la formule, tant il était imprégné de ces deux pays), avait la caractéristique, rare parmi les auteurs bilingues, de se traduire lui-même, un peu à la manière de l’Irlandais Samuel Beckett.

Son œuvre portait sur l’altérité, l’exil, les religions, l’identité européenne ou le destin des langues, entre biographie et histoire, roman policier et fantastique.

Auteur d’une vingtaine de romans doux-amers, teintés d’ironie et d’humour noir, le romancier et journaliste, mais aussi dessinateur et cinéaste, a obtenu le prix Alexandre Vialatte 1992 et le prix Albert Camus 1993 pour Avant, le Médicis 1995 pour La Langue maternelle, le Prix de la nouvelle 1997 de l’Académie française pour Papa et autres nouvelles et le Grand Prix du roman 2007 de l’Académie française pour Ap. J.-C. En 2012, il a reçu le Prix de la langue française pour l’ensemble de son œuvre.

Cultivé, rieur et adepte de l’autodérision, cet humaniste fumeur de pipe, qui vivait entre Paris et Athènes, a d’abord écrit en français, avant de « reprendre contact » avec son pays et de se mettre à privilégier le grec.

Mais depuis les années 80, même si, comme il disait, sa « mémoire était davantage grecque que française », il écrivait en fait ses livres deux fois. « Je commence par la version qui correspond à mes personnages, à leur identité et à la géographie du roman, a-t-il expliqué à L’Orient Littéraire. Puis je traduis cette version dans la seconde langue. Mais cette traduction est en réalité un enrichissement, un retravail du texte original. »

Ainsi, il a d’abord écrit La Langue maternelle en grec avant de passer au français. Mais, quand il s’est agi de faire paraître le livre en Grèce, il a corrigé la version grecque en fonction du texte français.

Prix pour un film d’humour

De même, en 2015, à l’occasion de la sortie de La Clarinette, hommage à son éditeur décédé Jean-Marc Roberts (patron de Stock), sur fond d’une Grèce ravagée par la crise socio-économique, il disait à l’hebdomadaire Paris Match : « Pour parler de la Grèce, de la mémoire, des SDF à Athènes, je l’ai commencé en grec. Mais, à cause de la maladie de Jean-Marc, je suis repassé au français. » Après, il s’est arrangé pour tout unifier.

« Cette double appartenance est source de fatigue, mais elle est aussi une chance », résumait-il.

Né à Athènes le 25 décembre 1943, Vassilis Alexakis arrive en France à 17 ans grâce à une bourse. Il ne parle pas le français. Dans les années 60, il obtient le diplôme de l’École de journalisme de Lille (ESJ, 38e promotion). Il regagne son pays pour y accomplir son service militaire, mais revient en France peu après le coup d’état militaire de 1967.

Il va collaborer au Monde (notamment au Monde des livres), à La Croix ou à France Culture, écrire des pièces radiophoniques. Son premier roman, Le sandwich, paraît en 1974, suivi, entre autres, de Talgo (1983), Contrôle d’identité (1985) ou Paris-Athènes (1989).

En 2007, il signe Je t’oublierai tous les jours, un hommage à sa mère disparue des années auparavant : « Tu me pardonnais plus volontiers mes plaisanteries aux dépens des popes que mes fautes d’orthographe », écrit-il.

Vassilis Alexakis était proche du dirigeant politique de gauche Alexis Tsipras et avait figuré symboliquement sur la liste du parti de gauche radicale Syriza à des élections européennes et municipales dans les années 2000.

Outre quelques livres d’aphorismes et de dessins humoristiques, il a signé des films d’humour, tournés en Grèce, dont Les Athéniens, prix 91 du meilleur film du festival de Chamrousse.

Claude CASTERAN/AFP

Décédé à l’age de 77 ans, Vassilis Alexakis, le plus français des écrivains grecs (mais on peut inverser la formule, tant il était imprégné de ces deux pays), avait la caractéristique, rare parmi les auteurs bilingues, de se traduire lui-même, un peu à la manière de l’Irlandais Samuel Beckett.Son œuvre portait sur l’altérité, l’exil, les religions, l’identité...

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