Bagdad "étonné" des sanctions américaines contre un de ses commandants

Bagdad s'est dit samedi "étonné" des sanctions prises par Washington contre Faleh al-Fayyadh, patron du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires pro-Iran désormais intégrés à l'Etat et premier haut dignitaire de l'Etat irakien visé par les Etats-Unis. Il y a un an, l'adjoint de M. Fayyadh, Abou Mehdi al-Mouhandis, avait tué dans une attaque américaine à Bagdad dans laquelle avait aussi péri le général iranien Kassem Soleimani. Les sanctions contre M. Fayyadh "sont une surprise inacceptable", affirme le ministère irakien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le ministère ajoute qu'il "suivra avec attention avec l'administration sortante (de Donald Trump) et la prochaine administration américaine (de Joe Biden) l'ensemble des décisions américaines contre des Irakiens" pour tenter de les modifier.

Les Etats-Unis menacent depuis des mois de multiplier les sanctions contre des personnalités ou des entités irakiennes pour leurs liens avec le grand voisin iranien ou leurs violations des droits humains.

Kassem al-Araji, conseiller national pour la sécurité, a lui aussi qualifié d'"erreur" le fait de viser "une personnalité gouvernementale irakienne", régulièrement envoyée par les autorités comme émissaire aux Etats-Unis, en Iran ou dans le Golfe. Les Etats-Unis ont placé vendredi sur liste noire M. Fayyadh pour "graves violations des droits humains", notamment dans la répression de la "révolte d'octobre" 2019 qui s'est soldée par près de 600 manifestants tués et 30.000 blessés.

Ces sanctions qui incluent le gel de ses actifs aux Etats-Unis et l'interdiction pour les entreprises américaines, banques incluses, d'interagir avec lui, pourraient porter un coup dur à M. Fayyadh, puissant homme d'affaires qui a bâti sa fortune notamment en passant des contrats avec des partenaires hors d'Irak, selon plusieurs sources.

Plusieurs groupes pro-Iran, à l'image du Hezbollah libanais, ont vu eux dans la décision américaine un "insigne honorifique", preuve selon eux des services rendus par l'Irakien à la "résistance", l'axe pro-Iran au Moyen-Orient. Si d'autres Irakiens ont été visés par des sanctions, aucun n'avait un poste aussi élevé au sein de l'Etat irakien.